Après avoir soumis au Ministre Jean-Louis Borloo cette demande - la revalorisation de l’énergie électrique produite à partir de la bagasse - lors de la Semaine du Développement Durable à La Réunion ainsi qu’au Ministre de l’Outre-mer Yves Jégo en visite à La Réunion, la Chambre d’Agriculture, qui participe au groupe de travail présidé par le Préfet de La Réunion, a fait un certain nombre de propositions pour, d’une part, justifier cette demande, et d’autre part, préserver l’intérêt des planteurs de cannes.

Ce groupe de travail composé des représentants d’EDF, des centrales thermiques, des usiniers et de la Chambre d’Agriculture s’est réuni à trois reprises depuis le 21 août 2008 pour présenter un mémorandum aux ministres concernés. En pleine Semaine du Développement des énergies renouvelables à Paris, la Chambre d’Agriculture considère que La Réunion doit être pionnière en la matière et possède avec la canne à sucre, « la reine de la biomasse », un formidable gisement à développer, d’autant plus que cette biomasse ne vient pas en concurrence d’une production alimentaire, mais en complément. (...)

La canne à sucre, « la reine de la biomasse »

Afin de corriger cette erreur manifeste qui, à La Réunion, ne reconnaît pas la bagasse comme une biomasse, la Chambre d’Agriculture demande à la puissance publique de saisir la Commission de régulation de l’énergie (CRE) et EDF pour revoir les clauses contractuelles avec les centrales thermiques et payer l’énergie électrique produite à partir de la bagasse à sa vraie valeur, qui serait à 128 euros/Mwh. Le développement des énergies renouvelables à La Réunion passe par les fermes photovoltaïques mais également par une revalorisation de la Bagasse qui est une énergie renouvelable et utilisée depuis 1992 par les 2 centrales thermiques, du Gol et de Bois-Rouge.

La nécessité de faire aboutir rapidement ce dossier

Compte tenu des enjeux et de la nécessité de faire aboutir rapidement ce dossier, la Chambre d’Agriculture propose une revalorisation en deux phases :

- La campagne sucrière 2009. La qualification de l’énergie électrique bagasse au tarif biomasse, soit 128 euros/Mwh, ce qui reviendrait à une prime énergie de 14 euros/tonne de cannes aux planteurs dès la prochaine campagne. Cette tarification se base sur les derniers avis d’appels d’offre de la CRE de 2008 fixant à 128 euros/Mwh le prix de vente moyen pondéré de l’électricité produite à partir de la biomasse en Métropole (22 offres).

- Le coût vérité. Dans un rapport du 4 avril 2002, la CRE constate que « le tarif fixant les conditions d’achat de l’électricité produite par la biomasse est inférieur en Corse et dans les DOM aux coûts des externalités évités localement ». Il faut savoir qu’il était de 135 euros/Mwh en 2002.

Face à ce constat et compte tenu de l’évolution du prix du charbon depuis cette date, la Chambre d’Agriculture propose que la CRE lance un appel d’offre pour les DOM afin de déterminer le prix exact de l’énergie électrique produite à partir de la bagasse en intégrant l’ensemble des coûts évités (l’investissement, le fonctionnement, la pollution, le CO2, etc...). Il faut établir un prix vérité.

Le coût de la dépendance au charbon

Le Grenelle de l’Environnement fixe comme priorité le soutien public aux énergies renouvelables. Or, nous constatons que l’énergie produite à partir de la bagasse est payée deux fois moins que le charbon (une énergie fossile) et jusqu’à quatre fois moins que l’énergie biomasse. Compte tenu de l’explosion du coût du charbon (35 euros/T en 2003 et 122 euros/T en 2008) et l’augmentation de l’offre sur le plan mondial (construction de 600 centrales à charbon), les ménages réunionnais risquent de devoir revoir leur facture d’électricité si nous restons dans le tout énergie fossile, et pire, pourra-t-on encore importer cette énergie dans 30 ans ?

Aujourd’hui, les 1.800.000 tonnes de cannes produites par les planteurs génèrent 500.000 tonnes de bagasse qui produisent 275.000 Mwh d’électricité. A La Réunion, 10% de l’énergie électrique est produite à partir de la bagasse et permet d’économiser 180.000 tonnes de charbon et 346.000 tonnes de CO2.

Renforcer l’autonomie énergétique de La Réunion

Le monde des planteurs a aujourd’hui la possibilité de renforcer cette contribution en doublant sa production de bagasse d’ici 2030 (1.100.000 tonnes) grâce à de nouvelles techniques culturales et variétales pour renforcer l’autonomie énergétique de La Réunion, mais encore faut-il que cette source d’énergie soit payée à sa juste valeur.

Après avoir sensibilisé les membres du gouvernement, la Chambre d’Agriculture compte aujourd’hui mobiliser les parlementaires réunionnais qui doivent prendre conscience de l’importance de ce dossier stratégique pour La Réunion en termes de préservation de l’environnement, du développement durable, d’aménagement du territoire et économique. Nous leur transmettons ce jour un dossier complet pour qu’ils puissent chacun à leur niveau porter la cause du monde agricole réunionnais sur le plan national.

La bagasse en chiffres

- Surface cannière cultivée = 26.000 ha (objectif : 30.000 ha)

- Production annuelle moyenne de cannes à sucre = 1,8 million de T (objectif de 2,5 millions de T)

- Production annuelle moyenne de bagasse = 576.000 T (objectif 800.000 T avec 2,5 millions de T de cannes et 32% bagasse par T de cannes)

- Rendement moyen de la bagasse = 320 kg/T de cannes

- Production énergétique bagasse annuelle moyenne = 275 GWh (objectif de 350 Gwh)

- Rendement énergétique moyen = 146 kWh/T de cannes

- Part de l’électricité bagasse dans la production totale d’électricité de l’île = 10%

- Pouvoir calorifique de la bagasse (PCI) = 8,3 MJ/kg à 48% humidité - Pouvoir calorifique du charbon (PCI) = 26 MJ/kg


- Quantité annuelle de gaz carbonique (CO2) non rejeté = 412.000 tonnes CO2


- Quantité de pétrole économisée par tonne de bagasse = 0,2 Tonne ou Quantité charbon économisée par tonne de bagasse = 0,3 T


- Quantité annuelle de pétrole économisée = 115.000 T de pétrole ou Quantité annuelle de charbon économisé = 172.000 T

- Tarif d’achat de l’énergie bagasse (2006)= 30 euros/MWh

CSPE : contribution