Un mois après l’ouverture de la campagne sucrière

’L’avenir de la filière canne passe par l’irrigation’

22 août 2006

La CGPER interpelle l’État après avoir observé une baisse de la productivité sucrière, dans le Sud de l’île notamment. La sécheresse serait en cause, et cela pose inévitablement la question de l’irrigation des terres arides.

La coupe de la canne à sucre dure déjà depuis un mois, et les prévisions laissent craindre une baisse de la productivité. Le blocage du site de Bois-Rouge ne serait pas la cause de cette baisse présagée, mais la sécheresse. À la même date, en 2005, le site usinier du Gol enregistrait déjà 240.000 tonnes de cannes à sucre livrées, alors qu’il peine en août 2006 avec seulement 170.000 tonnes livrées. Les prévisions optent pour environ 900.000 tonnes qui seront livrées en 2006.
L’eau manque. La sécheresse gagne. Les planteurs agonisent. "C’est la première fois en 21 ans que des planteurs de la Petite-Île vivent une telle sécheresse", précise Jean-Yves Minatchy, président de la CGPER. Et celui-ci de poursuivre : "l’avenir de la filière canne passe par l’irrigation". Qui pourrait en douter ? Le développement des territoires ruraux requiert l’arrivée de l’eau.
Ainsi, comme le faisait remarquer Gislain Soubadou, chercheur à l’Université de La Réunion, lors d’une conférence organisée par les amis de l’université, "si les ressources en eau, comprises entre 3 et 5 milliards de mètres cubes, paraissent suffisantes pour satisfaire les besoins de l’île, leur répartition dans l’espace et dans le temps reste problématique".
La côte Sud-Ouest est lésée par rapport aux autres microrégions. "La mise en valeur des terres agricoles ne peut se réaliser que par la mise en place d’un important réseau d’irrigation", poursuit-il. À bon entendeur...

L’État sollicité

L’État, et les autorités en charge de l’agriculture, sont appelés à plus d’intervention envers les agriculteurs victimes de la sécheresse. "L’État a son rôle à jouer. Il faut qu’il mette des moyens à la disposition des planteurs, pour qu’ils soient indemnisés, selon les pertes enregistrées", indique Jean-Yves Minatchy. Déjà, cela passe inéluctablement par l’ouverture des travaux d’irrigation pour 16.000 hectares d’exploitation cannière, sur les 15 ans à venir. Espérons que cela sera effectué, et incessamment sous peu. Puisque les nouvelles recommandations européennes exigent l’augmentation du quota sucrier de 15%, pour le ramener à 338.000 tonnes de sucre. Est-ce que l’État mettra la main à la poche ? C’est à se demander s’il entend seulement.
Et puis, juste en passant, le président de la CGPER précise que les pertes enregistrées dans le Sud n’ont aucune corrélation avec les troubles du début de la campagne. "Même si c’est 3 ou 4 jours de retard, l’écart reste conséquent. En plus, les blocages n’ont concerné que le site de Bois-Rouge. C’est bien la sécheresse qui est en cause". Cela ouvrirait sûrement le dossier de l’irrigation, d’autant que les exploitations des Hauts du Nord ont également subi des baisses. La campagne, dans le Sud, devrait s’achever dans la première quinzaine de septembre. Peut-être que ces dernières semaines de coupe seront plus prospères. Le problème n’en reste qu’entier : à quand l’irrigation ?

Bbj


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