Nouveau régime sucrier : ’une infime avancée’ pour la CGPER

L’État doit agir comme l’Europe l’y autorise

28 novembre 2005

Pour la Confédération générale des planteurs et des éleveurs de La Réunion le nouveau régime sucrier marque ’une infime avancée’, mais laisse de grandes inquiétudes, surtout pour l’après 2014.

Sur la base de la décision du Conseil des ministres de l’Union européenne, la CGPER ne peur faire qu’un constat : "Depuis ce 24 novembre nous rentrons dans dans un nouveau régime sucrier qui va nous amener jusqu’en 2014 avec une baisse du prix de 36% au lieu de 39% étalé sur 4 ans, soit une baisse de 9% par an. Ce nouveau régime nous offre une compensation à hauteur de 64,2% et non plus 60%. A partir delà si nous avons une garantie jusqu’à 2014 nous ne savons pas comment sera l’après 2014. ça risque d’être beaucoup plus difficile."
Les inquiétudes ne sont pas levées et Jean-Yves Minatchy cite l’exemple d’un jeune qui s’installe aujourd’hui et qui devrait pour atteindre la retraite travailler jusqu’en 2040. Comment fera-t-il ?

Quelle répartition des compensations d’État ?

Dans l’immédiat les planteurs vont se tourner vers l’État : "L’Europe autorise les États membres à venir en aide au secteur sucrier de leur région, confirmant les déclarations de la secrétaire européenne faites il y a un mois. La balle est dans le camp du gouvernement français à lui de prendre ses responsabilités." Si le ministre de l’agriculture a annoncé une enveloppe de 90 millions d’euros pour venir en aide au secteur, le président de la CGPER s’interroge : "Est-ce pour tout l’Outre-mer ou que pour La Réunion ? Quelle répartition ? Aurons-nous une compensation intégrale ?"
Pour la CGPER "Si nous sommes arrivés là ce n’est qu’une infime avancée. Que nous le voulions ou pas, la filière canne prend un coup terrible. C’est la première fois dans l’histoire que nous connaissons une baisse aussi importante qui touche le premier produit d’exportation. Nana inn fay ouvért i gingnera pa revenir dési. Tout va dépendre de la volonté politique du gouvernement. La filière canne devient une affaire franco-française".

La canne, irremplaçable

Très inquiet pour le présent et encore plus pour l’après 2014, Jean-Yves Minatchy rappelle l’évidence : "Na point d’autres alternatives à la canne. Elle est à la base de la diversification agricole. Il faut consolider la filière, reconsidérer le partage équitable des richesses qu’elle produit. Ne possédons-nous pas le rhum le mieux côté ? IL faut agir à tous les niveaux de charges, repenser le fret."

Un ministre attendu

Le président de la CGPER se souvient des déclarations de certains qui depuis le départ clamaient que "La Réunion sera épargnée." Il retourne ainsi la question au parlementaire Fruteau, au président de la Chambre d’Agriculture Guy Derand et à Xavier Thiéblain : "Avons-nous jouer à faire peur ? Est-ce que avec cette baisse, La Réunion est épargnée ?" Réponse implicite. Il garde aussi en tête les déclarations de soutien recueillies au fil des visites, celle de l’ancien ministre de l’Agriculture Hervé Gaymard, celle du nouveau Ministre de l’Outre-mer François Baroin, du ministre de l’intérieur Nicolas Sarkozy, et attend la visite prochaine du ministre de l’agriculture actuel, Dominique Bussereau, le 4 décembre prochain. Il l’interpelle d’ors et déjà pour savoir quelles mesures peuvent rendre moins difficile ce contexte de baisse des prix.

Eiffel


Ce que dit le gouvernement

Selon un communiqué du ministre de l’Agriculture, "l’accord politique sur la réforme de l’organisation commune du marché du sucre obtenu au Conseil des Ministres à Bruxelles, le 24 novembre 2005, prend en compte la situation particulière des Départements d’Outre-Mer (DOM) et y assure la pérennité de la filière canne".
"Les discussions menées à Bruxelles ont permis au Gouvernement français de faire valoir le caractère spécifique des DOM en tant que régions ultrapériphériques, dont les handicaps sont reconnus par le Traité instituant l’Union européenne", écrit le gouvernement, "ainsi, la France sera autorisée à octroyer des aides nationales dans la limite maximale de 90 millions d’euros par an".
Et de conclure : "l’ensemble de ces dispositions permettront d’assurer la pérennité de cette filière dans les DOM".


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