Campagne sucrière dans l’Ouest et le Sud : conséquences de Gamède et de la sécheresse

La CGPER relaie les inquiétudes des planteurs

21 juillet 2007, par Manuel Marchal

À cinq jours du début de la campagne sucrière dans l’Ouest et le Sud, la CGPER exprime les revendications et les difficultés des planteurs. Gamède et la sécheresse sont deux facteurs qui annoncent des pertes supérieures à 25%. La CGPER revendique une juste indemnisation et milite pour que l’eau de l’irrigation arrive dès que possible dans les secteurs concernés par le basculement d’Est en Ouest.

Dans l’Ouest et le Sud particulièrement, les planteurs ont massivement investi pour la modernisation de la filière. Cet élan ne doit pas être ralenti.
(Photo Toniox)

Hier, la CGPER a choisi le lieu symbolique du Guillaume dans les Hauts de l’Ouest pour organiser une conférence de presse à laquelle ont participé une quarantaine de planteurs, dont une majorité de jeunes. « L’eau est indispensable à la filière canne à La Réunion », a rappelé en préambule Jean-Yves Minatchy, Président de la CGPER, avant de décliner les revendications de son syndicat. Elles concernent particulièrement la situation dans l’Ouest et le Sud, avec une date prévue de lancement de la campagne au 25 juillet prochain.

Meilleur calcul des indemnisations

« Les planteurs sont inquiets, ils s’attendent à 25 à 30% de pertes par rapport à la campagne précédente », souligne Jean-Yves Minatchy. Des pertes dues à deux phénomènes : tout d’abord le cyclone Gamède, ensuite une sécheresse qui sévit dans l’Ouest et dans le Sud. Ce manque d’eau se fait cruellement sentir dans les zones non irriguées.
Tout ceci s’ajoute pour pénaliser des entrepreneurs qui ont déjà été durement touchés par les aléas climatiques.
Sur cette question, Jean-Yves Minatchy demande que le calcul de l’indemnisation due aux planteurs soit revu. « L’an dernier, la DAF a fait le calcul en faisant la moyenne des 5 dernières années. A-t-on vu une profession où on revient 5 ans en arrière pour estimer les pertes donnant droit à indemnisation ? », souligne le responsable syndical, « il faut que l’on arrête de nous traiter de cette façon ».

Ne pas baisser la garde

La CGPER propose que le calcul de l’indemnité tienne compte uniquement de la perte par rapport à l’année précédente. En effet, en 5 ans, la situation évolue rapidement. Et force est de constater que pour la CGPER, faire la moyenne des 5 dernières années, c’est défavoriser le planteur.
L’autre revendication concerne le délai de versement de l’indemnisation. Pour la CGPER, tout doit être versé dans le trimestre suivant la coupe, soit dans les 3 premiers mois de 2008.
Ce sont autant de revendications qui doivent être prises en compte. Car, comme le rappelle Jean-Yves Minatchy, les planteurs, et les jeunes en particulier, ont beaucoup investi ces dernières années : épierrage, préparation de l’irrigation, formation afin de pouvoir tirer le maximum du nouveau contexte lié au transfert de l’eau d’Est en Ouest. Cet élan ne doit pas être ralenti, et il est essentiel que la filière poursuive son développement.
Force est de constater que « ce n’est pas le moment de baisser la garde ».

Manuel Marchal




L’eau : une nécessité pour la survie de la filière

Comme tous les autres secteurs de l’Ouest, le Guillaume souffre de la sécheresse. Un phénomène contre lequel existe une parade : l’irrigation. C’est dans ce but qu’a été lancé le projet de transfert des eaux de l’Est vers l’Ouest.
Le Guillaume est dans au cœur d’une région qui verra l’eau du basculement arriver l’an prochain : l’Antenne 3. L’Antenne 3, ce sont 517 hectares de cannes pour 85 planteurs.
Autre secteur de l’Ouest qui doit être irrigué l’an prochain : l’Antenne 8 qui représente 160 hectares et permet de donner du travail à 34 planteurs.
Jean-Yves Minatchy souligne la motivation des jeunes qui ont repris ces terres. Les planteurs ont investi considérablement pour transformer des terres en friche en champ de cannes. Le président de la CGPER rappelle que grâce à l’irrigation, le rendement est passé de 15 tonnes à l’hectare à 160 tonnes. « Ce n’est pas le moment de baisser la garde. Les jeunes font un travail formidable dans ce secteur », affirme le dirigeant syndical.
Un travail dont ils pourront pleinement récolter les fruits lorsqu’ils auront accès à l’eau du basculement. Tout retard dans les délais ne pourrait que leur porter préjudice.




Bois-Rouge : rattraper le retard dans les deux mois

Hier, Jean-Yves Minatchy avait bon espoir que l’usine traitant les cannes du Nord et de l’Est du pays soit réparée avant la semaine prochaine. Quoi qu’il en soit, il estime à 100.000 tonnes le retard pris par cette interruption due à une panne de l’usine.
Pour mémoire, les prévisions de campagne du CTICS, du CIRAD et des industriels sont comprises entre 850.000 et 926.000 tonnes. C’est donc plus de 10% de la capacité prévue cette année que l’usinier devra traiter rapidement. Car, comme l’explique Jean-Yves Minatchy, le retard devra être comblé au cours des 2 premiers mois de la coupe. Et de rappeler que les essais de nouvelles machines de production dans l’usine doivent s’effectuer 2 mois avant le début de la coupe, afin que le planteur ne soit pas pénalisé.



Route du Littoral coupée : traiter les cannes du Grand Pourprier au Gol

Entre le 10 et le 14 août prochain, la route du Littoral sera complètement fermée pour purger à l’explosif des milliers de mètres cubes de roches.
Cette interruption ne sera pas sans conséquence pour les planteurs. En effet, ceux qui livrent à la balance du Grand Pourprier voient leurs cannes traitées à Bois-Rouge.
La CGPER demande que pendant cette période de fermeture de la route, les cannes livrées au Grand Pourprier soit expédiées vers l’usine du Gol pour être transformées. Il est clair qu’il n’est pas question de bloquer des planteurs pendant 4 jours, souligne Jean-Yves Minatchy.


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