Séminaire sur l’avenir de la filière canne-sucre

La recherche booste la canne à sucre

24 septembre 2004

La recherche rend la canne plus forte. Elle permet aussi d’améliorer la productivité en maîtrisant l’irrigation, en essayant d’adapter la plante aux conditions des terrains en hauteur, en luttant contre les agressions. Tous ces thèmes ont été abordés en ateliers, dont la restitution a eu lieu hier.

Qu’a fait la recherche pour améliorer la production ? Que peut-elle faire pour l’améliorer encore plus ?
Mercredi, dans le cadre du séminaire organisé par le CIRAD (Centre international de recherche agronomique pour le développement) “Quelles recherches prioritaires pour l’avenir de la filière canne-sucre à l’horizon 2007-2013”, un premier groupe d’ateliers a étudié “les voies d’amélioration de la productivité de la filière : acquis des recherches et perspectives”.
Ce premier thème a été décliné en quatre ateliers, dont la restitution a eu lieu hier au Conseil régional. Le premier atelier concernait la gestion des ressources en eau et l’irrigation, les chercheurs s’orientant vers la création d’un référentiel pour savoir quel est le coût de cette mise en eau tant pour les collectivités que pour les exploitants agricoles.

Les surfaces des Hauts sont indispensables

Le deuxième atelier s’intéressait à la canne à sucre dans les Hauts de La Réunion, un milieu naturel peu adapté à la plante, à cause d’un manque d’ensoleillement et de températures basses.
La surface cannière des Hauts représente 26% de la surface totale et 18% de la production réunionnaise. Dans ce milieu difficile, on assiste à une diminution des surfaces cultivées qui sont gagnées par l’élevage ou laissées en friche. Les chercheurs ont souligné que ces surfaces des Hauts sont indispensables pour le maintien de la filière canne à La Réunion. La recherche pour la canne des Hauts s’axe sur le resserrement des interlignes de plantation, l’allongement du cycle inter-récolte et la sélection de variétés ciblées. Les premières expériences montrent une possibilité intéressante d’accroissement de la production.
D’autres axes de recherche ont été identifiés comme l’impact de l’eau sur le système de production ou la poursuite des études variétales, afin de trouver les caractères qui offrent un meilleur potentiel.

L’état phytosanitaire est satisfaisant


Le troisième atelier était consacré à la “défense des cultures” face aux insectes ravageurs ou aux maladies, par le biais de la génétique et de la sélection variétale. La protection intégrée permet de combiner des méthodes préventives et curatives pour limiter les introductions de bio-agresseurs. Le ver blanc est en passe de ne plus être un problème grâce à la lutte biologique. La même action doit être menée contre les borers et les piqueurs suceurs.
Les chercheurs notent que toutes les maladies graves sont présentes à La Réunion mais que l’état phytosanitaire est satisfaisant, car nous disposons de variétés extrêmement résistantes. Il existe un potentiel d’augmentation du gain en tonnage et en richesse, en améliorant la lutte contre les champignons, bactéries et virus.
La question reste de savoir comment optimiser une sélection variétale souvent longue et hasardeuse en raison d’une carte génétique très riche de la canne à sucre. Les perspectives pour 2007-2013 sont de poursuivre une activité de veille face au risque d’invasions biologiques, de veiller aussi au risque de changement de mode de propagation des bio-agresseurs et de choisir les meilleurs génotypes précocement, plutôt que d’éliminer les plus sensibles tardivement, afin de proposer une gamme de variétés plus large et plus efficiente. La question de la durabilité dans la lutte écologique est au cœur des observations.

Vinasse, cendres et bagasse devraient être mieux valorisés

Le dernier atelier “Agronomie et itinéraires techniques” a travaillé sur trois thèmes principaux. Le premier est celui de la fertilisation et de la fertilité du sol, avec le test de nouveaux produits comme le Physiolit. Les chercheurs tentent de déterminer quel type d’application utiliser pour corriger l’acidité du sol. Les conseils en fertilisation devraient de plus en plus être adaptés à chaque parcelle.
La gestion des matières organiques exogènes est soumise au respect de la réglementation européenne, un guide sur les matières organiques les plus courantes devrait paraître, présentant leurs avantages et défauts, accompagné d’une fiche technique.
Cet atelier s’est intéressé également au rôle anti-érosif de la canne, à son rôle dans la limitation des gaz à effet de serre et à la diversification de la sole. Par ailleurs, les sous-produits que sont la vinasse, les cendres et la bagasse gagneraient à être mieux valorisés.
La gestion de l’enherbement a aussi été abordée. Il y a peu de produits homologués et les chercheurs tentent d’en trouver d’autres, actuellement expérimentés avant une procédure d’homologation. La biologie des mauvaises herbes reste méconnue, et de nouvelles lianes gagnent les exploitations, peut-être en lien avec la mécanisation. La recherche explore des techniques alternatives aux herbicides.

80% de la sole cannière potentiellement mécanisable

Le dernier thème de cet atelier abordait la mécanisation des récoltes. La pénibilité du travail de coupeur de canne, le coût de cette main-d’œuvre, la difficulté même de trouver des coupeurs poussent à la mécanisation. Aujourd’hui, 15% de la récolte se fait avec des machines. Selon des études récentes venant de chercheurs très optimistes, c’est 80% de la sole cannière qui est potentiellement mécanisable, en jouant sur les divers types de machines. Ce chiffre est un maximum qui demande au préalable, de poursuivre les aménagements parcellaires.
Les débats, lors de la restitution de ces ateliers, ont été rattrapés par l’urgence dans laquelle se trouve la filière canne. Il a été proposé de rassembler les chercheurs afin que chacun dans son domaine puisse donner un avis d’expert sur la question de l’érosion des sols sans cannes. Il faudra asseoir ces arguments sur une étude à moyen terme. Chiffrer l’érosion sans cannes est un problème que la recherche tente de résoudre depuis une vingtaine d’années.
En ce qui concerne la lutte contre les gaz à effet de serre, il faudrait mener cette étude sur un territoire beaucoup plus vaste que La Réunion, et sur une très longue période.
Le temps de la recherche se compte en années voire en décennies, alors que les acteurs de la filière comptent les semaines pour préparer la défense de la canne à Bruxelles.

Eiffel


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