La sucrière de La Réunion innove par un procédé unique au monde

7 avril 2007

Ce nouveau procédé est une véritable innovation dans le monde de la canne et montre que les entreprises réunionnaises s’inscrivent dans la démarche plus respectueuse d’environnement.
(Photo SP)

La sucrière de La Réunion s’est engagée depuis 1995 dans une démarche de maîtrise de la demande d’énergie et de respect de l’environnement. En partenariat avec EDF, la centrale thermique du Gol, l’Ademe, la DRIRE et la Région Réunion, elle a réalisé un process lui permettant de réduire sa consommation de vapeur, et par ce biais, d’économiser de l’énergie. Cette économie d’énergie génèrera donc une énergie supplémentaire destinée au réseau électrique réunionnais.
La technique mise en œuvre est une première mondiale et devrait atteindre des performances remarquables.

Aujourd’hui à la Réunion, la filière canne joue un rôle central dans le développement des énergies renouvelables. En effet, avec deux centrales thermiques, bagasse et charbon, c’est 25% de la consommation annuelle en électricité de l’île qui est produite à partir de la bagasse.
La sucrerie du Gol fournit de la bagasse à la centrale du Gol tout au long de la campagne sucrière, et en échange, la centrale alimente la sucrerie en vapeur et électricité.
« Pour répondre aux exigences d’un développement durable pour notre île, il ne suffit pas de favoriser la production d’énergie renouvelable, il faut également réduire notre consommation d’énergie » souligne Bernard Pétin, président de la sucrière de la Réunion.
Et c’est l’objectif de ce nouveau procédé.

Un travail de longue haleine

« Il s’agit d’un procédé d’évaporation utilisé pour la betterave et nous avons réussi à le transposer et à l’adapter à la canne à sucre » ajoute Olivier Macé, directeur de la sucrerie du Gol.
Il a fallu 6 années de recherche et 4,5 millions d’euros d’investissement pour voir aboutir ce projet. De nombreux essais et un pilote industriel ont été réalisés pour la mise au point de ce nouveau système d’évaporation, en sachant que les essais ne pouvaient se faire que 6 mois dans l’année au moment de la campagne sucrière. On peut donc dire qu’en réalité, ces travaux ont nécessité 3 années de recherche et de développement.
Sur le plan technique, ce grand chantier a été réalisé en partenariat avec un des fournisseurs de la sucrière, « Fives Lille » et a nécessité l’adhésion de l’ensemble du personnel qui ont suivi une formation spécifique afin de réaliser au mieux ce travail.
La sucrière a du également acquérir de nouvelles machines, notamment deux cuves, un nouveau décanteur pour fournir un jus plus clair et un système de désincrustation.
Seule une grue de très forte capacité permet la mise en place des nouvelles cuves et le gabarit exceptionnel des pièces a nécessité des affrètements particuliers et une logistique sans faille.

Une double innovation

La sucrerie concentre le jus de canne, par évaporation, pour en faire un sirop. La chaîne d’évaporation est constituée de 5 caisses “à grimpage”, faisant subir 5 effets au jus de canne pour le rendre plus concentré. Pour ce faire, elle utilise 135 à 140 tonnes de vapeur à l’heure.
L’introduction dans cette chaîne d’une sixième caisse, créant ainsi un effet supplémentaire, permet de diminuer la consommation de vapeur de 26 tonnes à l’heure.
En d’autres termes, à 5 effets une tonne de vapeur peut évaporer 5 tonnes d’eau, et à 6 effets, elle évaporera 6 tonnes d’eau ; par conséquent, pour une même quantité d’eau à évaporer, la consommation de vapeur sera moindre à 6 effets.
La mise en place de ce nouvel sixième effet est possible grâce à la technologie des caisses “à descendage” ; dans laquelle, le jus de sucre descend le long des tuyaux, comme son nom l’indique, par opposition à la caisse “à grimpage”.
Les 15% d’économies de vapeur engendrées par ce nouveau procédé permettront de générer 2 à 2,5 méga watts en plus pour la centrale thermique du Gol.

Ce nouveau procédé est une véritable innovation dans le monde de la canne et montre que les entreprises réunionnaises s’inscrivent dans la démarche plus respectueuse d’environnement en favorisant non seulement l’utilisation d’énergie renouvelable, mais aussi en réduisant à la source la consommation l’électricité. Chacun doit faire un geste citoyen pour ne pas gaspiller nos ressources et ainsi protéger notre environnement.

Sophie Périabe


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?

Messages

  • C’est sûr qu’il convient de remplacer autant que possible des énergies fossiles par des énergies renouvelables. Il convient également de diminuer les quantités d’énergie consommées.Maintenant, il ne semble pas s’agir d’un procédé tout à fait nouveau, mais d’une innovation appréciable quant à l’application d’un procédé mis au point pour le travail de la betterave.


Témoignages - 80e année


+ Lus