Assemblée générale de la CGPER

La totalité de la bagasse doit revenir au planteur : 14 euros par tonne de cannes

15 décembre 2008, par Manuel Marchal

Hier, le président de la CGPER a revendiqué pour la prochaine campagne sucrière une prime bagasse de 14 euros par tonne de cannes. « La totalité de la bagasse doit revenir au planteur », indique Jean-Yves Minatichy. Si ce n’est pas le cas, « alors il faudra partager les alcools, un partage équitable de toutes les richesses de la canne. Alors il faudra mettre toutes les cartes sur la table, dans la transparence ».

« Ce défi est à notre portée » : Marcel Bolon, secrétaire général de la CGPER, résume un des axes de bataille des planteurs l’an prochain. L’intégralité du prix payé par EDF pour acheter l’électricité produite à partir de la bagasse doit revenir au planteur.
Hier à Saint-Leu, environ 600 agriculteurs ont participé hier à la 33ème assemblée générale de la CGPER. Outre Jean-Yves Minatchy, président de la CGPER, sont également intervenus Yvon Virapin pour le Conseil régional et Michel Sinoir, Directeur de l’Agriculture et de la Forêt pour l’Etat.
Après avoir fait un bilan des actions de cette année (voir encadré), Jean-Yves Minatchy a fait part des perspectives pour 2009. Le premier dossier est celui de la bagasse. Sa requalification en biomasse sur laquelle se sont engagés Jean-Louis Borloo et Yves Jégo ouvre la voie à un prix de rachat de l’électricité par EDF nettement supérieur. La CGPER revendique donc une prime bagasse de 14 euros par tonne de cannes, et indique que l’article 10 de la convention canne signée par l’Etat rend cela possible. Actuellement, cette prime est comprise entre 1,30 et 2 euros en fonction du tonnage de cannes récolté tout au long de la campagne.
Jean-Yves Minatchy souligne que la totalité de la richesse produite à partir de la bagasse doit revenir aux planteurs. En effet, ce sont uniquement les planteurs qui produisent la matière première à partir de laquelle est tirée la bagasse qui sert ensuite à produire une grande part de l’électricité consommée à La Réunion.
Rappelons que récemment, le CERF avait présenté une nouvelle variété de canne plus riche en fibre, et donc produisant davantage de bagasse.
Pour la CGPER, il ne peut y avoir de partage avec l’usinier pour la bagasse. Si ce dernier refuse au planteur le bénéfice exclusif de la richesse produite avec la bagasse, alors, indique Jean-Yves Minatchy, il faudra partager les alcools, il faudra un partage équitable de toutes les richesses de la canne.
Yvon Virapin a affirmé le soutien de la Région à la revendication de revalorisation de la prime bagasse. « Tout doit être mis sur la table pour que le planteur soit mieux payé », a-t-il dit en substance, « la revalorisation de tous les produits de la canne au profit des planteurs est juste ».
Pour sa part, Michel Sinoir a précisé qu’au début du mois, le préfet a adressé à Paris un dossier sur la question de la revalorisation du prix du kilowattheure produit à partir de la bagasse.
En conclusion, Jean-Yves Minatchy souligne que la revendication de la totalité de la bagasse pour le planteur est une étape historique importante. « On a perdu les sous-produits à cause des accords de 1969, on s’est battu pour avoir droit à la prime bagasse », dit-il en substance, en rendant hommage à tous les aînés qui ont lutté pour que cette nouvelle avancée soit possible.

Manuel Marchal


Bilan et perspectives

Des planteurs ont livré moins qu’en 2007

Indemnisations pour Gamède, aide compensatoire pour faire face à l’augmentation du prix de l’engrais, manifestation devant l’URCOOPA pour faire baisser le prix des aliments pour bétail de 80 euros par tonne, accord signé avec le Département pour faciliter l’accès des producteurs locaux au marché des cantines scolaires... Jean-Yves Minatchy tire un bilan globalement positif de l’année 2008.
Mais la campagne sucrière a été moyenne, et « médiocre » entre Saint-Denis et Bras-Panon, où certains planteurs ont récolté moins que l’an dernier. Rappelons que 2007 était la pire campagne des 50 dernières années.
La CGPER demande donc à la DAF que les planteurs qui ont livré moins qu’en 2007, et que ceux qui ont récolté en dessous de la moyenne décennale, soient indemnisés.
Pour 2009, outre la revalorisation de la prime bagasse, la CGPER milite pour une diminution du prix de l’engrais qui tarde à venir, alors que celui des matières premières nécessaires à sa fabrication ont diminué de plus de 30% en moyenne. « Faudra-t-il débarquer avec 500 planteurs pour mettre de l’ordre ? », demande Jean-Yves Minatchy. La revalorisation des retraites des agriculteurs est également à l’ordre du jour. La CGPER demande 813 euros par mois tout de suite, en attendant les 1.000 euros.


« L’union de tous »

Lors de son intervention, Yvon Virapin a évoqué des rendez-vous importants pour l’agriculture. Ce sont tout d’abord les accords de partenariat économiques entre l’Union européenne et les pays ACP qui permettent aux pays voisins d’importer à La Réunion leurs produits agricoles sans droit de douane.
L’autre question est l’avenir du règlement sucrier. En effet, pour le moment, les RUP ne sont pas touchées par la révision à mi-parcours de la PAC, précise pour sa part Michel Sinoir. Mais quelles que soient les assurances, tout dépendra du prochain budget européen qui devra être validé par 27 pays. Pour cette raison, « l’union de tous est nécessaire pour que les intérêts des plus fragiles soient préservés », indique Yvon Virapin, d’autant plus que tous ces événements se déroulent sur fond de crise mondiale généralisée.
Sur la question du prix de l’engrais, le représentant de la Région appelle à toute la transparence. Et pour les énergies renouvelables, Yvon Virapin indique que la Région sera vigilante pour que les intérêts des petits planteurs ne soient pas lésés par le développement des fermes photovoltaïques.


Sylvestre Lamoly co-président de l’Interprofession

Sylvestre Lamoly de la CGPER sera le nouveau co-président planteur de l’Interprofession. Il succède à André Minatchy, également de la CGPER. Cette nouvelle a été annoncée à l’assemblée générale d’hier.

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