Convention canne

Le blocage sur les sous-produits

16 juin 2006

La 6ème réunion de concertation sur la rédaction de la convention canne a tourné court hier à la préfecture. La CGPER, qui a mobilisé une centaine des planteurs devant le bâtiment, a quitté la première la table des négociations. Elle a été suivie peu de temps après par les autres syndicats et la Chambre d’Agriculture. Les négociations entre planteurs et industriels bloquent surtout sur la rémunération de la bagasse et de la mélasse, des sous-produits de la canne.

"Bagasse, mélasse, dans la canne tout est bon. Les usiniers et les planteurs doivent profiter de ces richesses". En ce début d’après-midi, la phrase s’étale en gras sur une pancarte plantée dans la pelouse devant la préfecture.
La 6ème réunion de concertation sur la convention canne doit commencer dans quelques instants. Une fois signé, ce protocole régira toute la profession pour la période allant de 2006 à 2015, ce qui correspond à la durée de l’OCM-Sucre adopté par l’union européenne.
À l’intérieur de la préfecture, les industriels, le président de la Chambre d’Agriculture, Guy Derand, les représentants des autres syndicats agricoles et les services de l’État se sont déjà installés autour de la table des négociations. Avant de les rejoindre, à la tête d’une délégation de son syndicat, majoritaire au sein de la Commission paritaire de la canne et du sucre (CPCS), Jean-Yves Minatchy souligne que sa centrale syndicale a quitté la table des négociations lundi dernier pour "protester contre l’attitude des usiniers refusant que la richesse des sous-produits de la canne profite aux petits et moyens planteurs". Notant que cette catégorie d’agriculteurs produit 90% "de la production totale de canne", il rappelle que la CGPER réclame, notamment, le versement d’une prime de 3,5 euros par tonne de canne livrée. 2 euros rémunèreraient la bagasse et 1,5 euro la mélasse, "qui constitue une véritable mine d’or pour les usiniers", souligne le responsable syndical. Les industriels ont un autre mode de calcul concernant cette prime. D’une part, ils refusent de payer pour la mélasse. D’autre part, dans le cas d’une production globale équivalente à 1,85 million de tonnes de cannes en fin de campagne, ils versent 1,02 euro par tonne au titre de la rémunération de la bagasse. En cas de production globale supérieure à 2,2 - ce qui n’a pas été le cas depuis de nombreuses années -, ils s’engagent à verser 1,80 euros. Ils proposent de faire passer ces montants respectifs à 1,08 et 1,80.

Pas de coupe

Sans surprise, la délégation de la CGPER ressortira peu de temps après. "On veut nous imposer de discuter des termes de la convention avant d’examiner nos revendications. Ce n’est pas possible ", explique-t-il aux agriculteurs restés devant la préfecture. Quelques minutes plus tard, c’est au tour du président de la Chambre d’Agriculture et des représentants des autres syndicats de sortir. "Face à l’attitude de l’Administration et des usiniers refusant de discuter des propositions des planteurs, nous sommes obligés de partir", déclare Guy Dérand. La chambre consulaire et les autres syndicales réclament elles aussi le paiement des sous-produits de la canne. Pour la bagasse, ils demandent le versement de 1,80 euro par tonne de cannes en cas de production globale équivalente à 1,85 million de tonnes et de 2,20 pour une production supérieure à 2,2 millions de tonnes. Concernant la mélasse, Guy Derand rappelle que sa demande d’audit sur la marge des industriels formulée en mai 2005 est restée lettre morte à ce jour.
Les revendications de la CGPER d’une part, de la chambre consulaire et des autres syndicats d’autre part, ne sont finalement pas éloignées.
Xavier Thiéblin, président du syndicat des fabricants de sucre, n’a pas manqué de remarquer. "C’est surtout une mésentente entre les différents syndicats de planteurs qui bloque le débat", souligne-t-il à sa sortie de la préfecture.
Une prochaine réunion de concertation est prévue pour le 1er juillet prochain. "17 des 23 articles de la convention ayant déjà été adoptés, je pense que nous arriverons à un accord", dit en substance Xavier Thiéblin sans doute en pensant que la campagne sucrière doit commencer fin juin dans les bassins Nord et Est et mi-juillet dans le Sud et l’Ouest.
Les planteurs aussi sont conscients de cette échéance. Et Jean-Yves Minatchy, comme Guy Derand, affirme qu’il n’y aura pas de coupe si la convention n’est pas signée.


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