Les planteurs manifestent pour le versement de l’aide sociale

Le début de la crise finale pour la filière canne-sucre ?

21 septembre 2016, par Manuel Marchal

Ces deux derniers jours, des planteurs ont manifesté pour protester contre le retard dans le versement des aides sociales. Pendant ce temps, toujours aucune nouvelle des mesures destinées à atténuer les conséquences de la suppression des quotas l’année prochaine.

Photo Toniox

La filière canne-sucre continue de s’enfoncer dans la crise. Les perspectives de la récolte ne sont pas bonnes. Une fois de plus, on sera loin des 2 millions de tonnes qui étaient la norme voici 25 ans. Depuis les accords de 1969 qui ont dépossédé les planteurs de la propriété de la canne à sucre, ces derniers voient leurs revenus dépendre de l’aide sociale. Sans les fonds publics, la survie de nombreuses exploitations agricoles est menacée. Un retard dans le versement des aides est donc un véritable drame. Face à cette situation, la CGPER a décidé de se mobiliser pour obtenir l’accélération de la procédure. C’est pourquoi lundi et mardi, des planteurs ont décidé de bloquer les usines sucrières.

Ce mouvement témoigne de la dépendance d’un secteur économique stratégique aux aides publiques. Il est la conséquence de la restructuration de la filière opérée à la suite des accords de 1969 signé par les usiniers et Jean-Paul Virapoullé. C’est dans cet état de fragilité extrême que la filière canne-sucre réunionnaise et ses 18.000 emplois s’apprête à affronter la concurrence mondiale dès l’année prochaine.

En effet en 2013, la France a choisi de voter pour la suppression des quotas sucriers en 2017. En conséquence, les industriels européens pourront produire autant de sucre qu’ils veulent, et le marché européen s’ouvrira davantage aux importations venues des grands pays exportateurs de sucre. C’est la suite logique de la condamnation par l’Organisation mondiale du commerce de la gestion du marché européen du sucre. L’objectif est d’aller vers l’abattement des protections pour appliquer le dogme de la « concurrence libre et non faussée ».

Pour avoir une chance de survivre dans cet environnement bouleversé, la filière canne-sucre de La Réunion a demandé à l’État d’augmenter les aides publiques. Faute de quoi, les industriels disent ne pas être sûrs de vendre le sucre produit, et donc de ne pas acheter les cannes coupées par les planteurs.

Alors que la campagne sucrière 2016 arrive à la moitié, il n’y a toujours aucune nouvelle de la demande faite à la France pour application l’année prochaine. Le président de la République s’était engagé à plaider cette cause pour que l’Union européenne autorise la France à verser 38 millions supplémentaires. Cette promesse a été faite en 2014, elle ne s’est toujours pas concrétisée.

Le blocage des usines du Gol et de Bois-Rouge n’est-il qu’une préfiguration de ce qui attend La Réunion l’année prochaine, quand les quotas et le prix garanti du sucre seront supprimés ?

M.M.

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