La CGPER appelle les usiniers à prendre leurs responsabilités

« Le Gol et Bois-Rouge doivent être capables de brasser 60.000 tonnes par semaine »

22 septembre 2008, par Manuel Marchal

Quatre semaines après avoir alerté sur les conséquences des pannes à l’usine du Gol, la CGPER a rappelé à nouveau ses responsabilités à l’usinier. Car si les planteurs augmentent leur productivité et livrent davantage de cannes, les usiniers doivent être capables de les traiter en augmentant les capacités des usines. Il est « inacceptable » pour les planteurs que des milliers de tonnes de cannes restent sur pied, ou attendent dix jours entre la coupe et la réception. Car ce sont des pertes de revenu pour les planteurs, sans aucune compensation, alors qu’ils jouent le jeu de la productivité.

Aujourd’hui, la balance est fermée. Ce chargement de canne attendra une journée supplémentaire avant d’être accepté par l’usinier. Il diminuera en tonnage et en richesse, le planteur verra son revenu diminuer pour ce chargement.
(photo MM)

« Pas de réception cannes sur Tamarins, panne moulin du Gol » : c’est par SMS que les planteurs ont appris que les balances seront fermées demain à cause d’un arrêt de l’usine. Chacun se fera une opinion de ce procédé.
Une fois de plus, sans qu’ils y soient pour quelque chose, les planteurs sont pénalisés par une panne de l’outil industriel. Au Gol, ils constatent une moyenne de cinq heures d’arrêt par semaine. Une vingtaine de planteurs de la CGPER se sont rassemblés hier pour poser ce problème dans l’exploitation de Sylvain Glamport, et ont rencontré la presse.
« La façon dont nous traitent les responsables des usines sucrières est inacceptable », souligne Jean-Yves Minatchy. Car voici quatre semaines, la CGPER avait tiré la sonnette d’alarme sur les conséquences de ces retards, et toujours pas de réponse des usiniers. Pourtant, de leur côté, les planteurs ne ménagent pas leurs peines pour produire un maximum de cannes.

Rouvrir l’usine le dimanche

Le président de la CGPER cite quelques exemples. Pour la plate-forme des Tamarins, la moyenne décennale à pareille époque est de 27.000 tonnes pour 13,3 de richesse ; cette année, elle a déjà reçu 36.000 tonnes avec une richesse de 13,65. A Stella, on passe de 33.000 tonnes en moyenne décennale à 38.000 tonnes cette année, pour une richesse de 14,30. « Malgré tous les problèmes, le tonnage est au rendez-vous cette année », constate Jean-Yves Minatchy, « les planteurs n’ont pas baissé les bras ». Mais le partenaire des planteurs, l’usinier, n’est pas au rendez-vous cette année dans le Sud. Les pannes sont trop nombreuses, et Le Gol doit être capable de traiter davantage de cannes.
Chaque panne est une perte de revenu pour le planteur. Des cannes coupées restent au champ et perdent en tonnage et en richesse. Pour le planteur, la sanction est immédiate : c’est une perte de revenu.
Jean-Yves Minatchy note que l’été arrive. La chaleur augmente et le rendement des coupeurs diminue. Dans le même temps, la pluie rend bien plus difficile le transport des cannes dans les petites exploitations. Cela va diminuer le rythme des apports.
Face à cette situation, la CGPER fait plusieurs propositions.

« Veut-on augmenter la production ou la freiner ? »

« Au lieu d’arrêter le broyage le samedi minuit, pourquoi ne pas le prolonger le dimanche ? À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles », demande la CGPER.
« Les responsables de centre de réception doivent aller sur le terrain rencontrer le groupement des planteurs », poursuit Jean-Yves Minatchy, afin que toutes les cannes récoltées soit traitées. « Nous ne voulons pas nous retrouver dans la même situation qu’en 2007, où plus de 5.000 tonnes de cannes sont restées sur pied », rappelle le syndicaliste, « certains planteurs perdent depuis des années 300 tonnes chacun de cannes sur pied, maintenant ils plantent de l’ananas ».
« Veut-on augmenter la production ou la freiner ? », interroge Jean-Yves Minatchy. Ce dernier rappelle l’arrivée prévue de l’eau à la Ravine des Cabris, l’interconnexion des réseaux du Bras de Cilaos et du Bras de la Plaine annoncée par le vice-président aux Affaires agricoles du Conseil général. Tout cela fera augmenter la production, mais les usines pourront-elles augmenter leur capacités ?
La CGPER appelle les industriels à prendre leurs responsabilités. Le Gol a pu passer à 8.000 tonnes par jour, il est possible que les deux usines puissent brasser chacune 60.000 tonnes par semaine, estime le syndicat.
« Ce n’est pas le moment de décourager le planteur. On ne peut pas accepter que les cannes restent sur pied alors que ce secteur économique connaît des reprises d’exploitation et des installations de jeunes. Nous avons un quota important, de nouvelles variétés, que Bois-Rouge et Le Gol aient une capacité de broyage de 60.000 tonnes hebdomadaires », conclut Jean-Yves Minatchy.

Manuel Marchal

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