Pour une plus juste répartition des richesses de la canne

Le président de la FNSEA légitime 40 ans de luttes des planteurs

27 juillet 2010, par Manuel Marchal

Jean-Michel Lemetayer dénonce la répartition injuste des richesses de la canne à sucre produite par les planteurs. C’est une reconnaissance de la légitimité de la lutte menée depuis 40 ans par les planteurs pour casser les Accords de 1969 signés par Jean-Paul Virapoullé et les usiniers. Des Accords qui ont entrainé la ruine de 20.000 planteurs et la fermeture de toutes les usines sauf deux.

« Il suffit simplement de regarder qui gagne quoi ? En effet, les usiniers ne peuvent pas, à eux seuls, récupérer l’ensemble de la valeur ajoutée de la production de la canne. Encore une fois, ce n’est pas juste. Ce n’est pas moral ! » : voici ce qu’a déclaré hier dans les colonnes du "Journal de l’île" Jean-Michel Lemetayer, président de la FNSEA. Et le dirigeant national de poursuivre : « Les uns ont besoin des autres. Il s’agit de jouer gagnant-gagnant sinon à court terme, certes, les planteurs vont perdre mais les industriels perdront aussi de manière durable ».
À travers cette déclaration, le responsable du plus puissant syndicat agricole de France légitime toute la bataille menée depuis plus de 40 ans par les planteurs pour en finir avec les "accords scélérats" signés en 1969 par Jean-Paul Virapoullé et les usiniers.
La lutte menée depuis la semaine dernière par les planteurs pour se faire respecter a permis de faire mieux connaître en dehors de La Réunion le problème de fond qui plonge la filière canne dans la crise depuis plus de 40 ans, celui de la répartition des richesses tirées de la canne entre son producteur, le planteur, et son transformateur, l’usinier.
Rappelons que cet accord a dépouillé les planteurs de tous les produits de la canne sauf le sucre. Il a permis au transformateur de tirer tous les bénéfices de tous les produits de la canne en échange du paiement au planteur d’une matière première en fonction d’un prix convenu en avance.
Ce prix dépend de l’estimation de la teneur en sucre du chargement. Cela impose aujourd’hui l’utilisation d’appareils de haute précision et d’un processus complexe, source de conflits. Toute cette complication n’avait aucune raison d’être avant les accords de 1969, car il suffisait de prendre en considération la totalité des recettes issues d’une campagne de commercialisation des produits de la canne, puis de diviser par trois pour connaître la part revenant à l’usinier pour payer les ouvriers et les machines, les deux-tiers restants étant le salaire des planteurs.
Mais avec le paiement uniquement sur la base du sucre, la part du planteur n’est plus de 66%.
Il a fallu plusieurs décennies de batailles pour qu’enfin les planteurs arrachent une augmentation de près de 25% du prix de la canne, grâce justement au versement d’une prime liée à la bagasse, source d’électricité. Mais cela ne compense qu’en partie la perte provoquée par les Accords de 1969.
La déclaration du président de la FDSEA rappelle que la revendication des planteurs s’inscrit dans une stratégie de sauvegarde de la filière. Tout près de nous à Maurice, le plan de modernisation de l’industrie sucrière a justement créé une industrie de la canne afin de permettre notamment aux planteurs d’augmenter leurs revenus par un meilleur partage des richesses. Sans cette hausse des revenus, c’est l’existence des planteurs qui est menacée, et sans planteurs, il n’y a plus d’industrie.

Manuel Marchal


La canne à sucre pleine de richesses

La lutte est encore nécessaire pour mettre fin à la spoliation subie depuis 40 ans par les planteurs, et qui a entrainé la faillite de 20.000 d’entre eux.
Avant le début de la campagne, la CGPER mettait l’accent sur le droit des planteurs au partage des richesses d’un autre produit : les alcools. Ainsi, ce sont plus de 7 euros par tonne de canne supplémentaires qui sont revendiqués. Quelques semaines avant la coupe, une distillerie de Beaufonds mettait aussi en évidence tout le bénéfice qu’il est possible de tirer d’un résidu de la distillation de la mélasse issue de la canne à sucre. Appelé vinasse de distillerie, ce déchet est jeté impunément dans la mer.
La moitié de cette vinasse pourrait remplacer le fuel utilisé par la distillerie, ce qui permettrait à l’entreprise d’économiser des centaines de milliers d’euros. L’autre moitié pourrait produire suffisamment d’électricité pour alimenter Saint-Benoît.
Les Accords de 1969 ont totalement exclu les planteurs de cette richesse potentielle qui pourrait être exploitée.

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