Coup de tonnerre pour toute la filière canne à La Réunion

Le sucre de betterave aussi compétitif que le sucre de canne du Brésil

27 mai 2014, par Manuel Marchal

C’est du concurrent historique, le planteur de betteraves, que pourrait bien venir le coup fatal à la filière canne quand les quotas seront abolis. En effet, selon « Ouest France », les producteurs de sucre de betterave sont quasiment au même niveau de productivité que les sucriers du Brésil, et ils misent sur l’exportation pour garantir leurs revenus.

Les planteurs réunionnais livrent leur canne à des usines achetées par une coopérative de planteurs de betteraves. (Photo Toniox)

Dans la dernière semaine de la campagne des élections européennes, un sursaut a été observé au sujet de la défense de la filière canne. La délégation aux Outre-mer de l’Assemblée nationale a en effet déposé un rapport proposant des mesures pour faire face à la fin des quotas décidée par l’Union européenne et votée par la France. La ministre des Outre-mer a dit que le gouvernement allait demander à l’Europe d’exclure le sucre roux produit notamment à La Réunion des négociations commerciales entre l’Union européenne et le reste du monde.

Pendant ce temps, à 10000 kilomètres de La Réunion, les producteurs de sucre de betterave ne demandent pas à ce que leur production ne soit pas soumise à la concurrence mondiale. Ils espèrent au contraire profiter de la situation en misant sur la productivité. C’est donc un discours tout sauf alarmiste qui est la norme à Saint-Louis Sucre, un important acteur européen du marché du sucre.

Pour cela, ils demandent aux planteurs de betterave de récolter davantage pour alimenter les sucreries. De plus, ils anticipent le développement d’un nouveau produit, le sirop de maïs.

Saint-Louis est optimiste. A en croire « Ouest-France », « le sucre de betterave a quasiment rattrapé son retard de productivité sur le sucre de canne brésilien ». Les planteurs de betteraves pensent exporter 30% du sucre produit vers le Moyen-Orient, la Chine et l’Inde. Les planteurs réunionnais sont prévenus, la concurrence ne vient pas seulement du Brésil, les concurrents historiques sont prêts à en découdre. Comment alors empêcher que le sucre de betterave ne puisse déferler à La Réunion ?

M.M.

Dans Ouest-France

« Saint-Louis Sucre recherche plus de betteraves »


Le numéro un européen du sucre se prépare à la fin du quota de production. Mardi, à Caen, son patron, Carsten Stahn, a incité les betteraviers de l’usine de Cagny (Calvados) à augmenter les volumes.

La fin du quota en 2017


Les producteurs de sucre, des betteraviers comme Saint-Louis Sucre, respectent actuellement un quota de production de sucre fixé par Bruxelles. Leurs producteurs de betterave bénéficient, eux, d’un prix minimum garanti. Les industriels européens sont également limités sur les marchés à l’exportation. Mais à partir du 30 septembre 2017, le marché du sucre européen se libéralise avec la disparition du quota, la fin du prix minimum et la fin des restrictions à l’exportation.

Les usines devront produire plus


« On se battait pour la crème sur le gâteau, il faudra se battre pour le gâteau », a déclaré Francis Barba, le directeur commercial de Saint-Louis Sucre. La concurrence viendra des sucriers eux-mêmes. Leurs usines cherchent à augmenter les cadences : 120 jours de production contre 110 aujourd’hui. Saint-Louis Sucre veut plus de betteraves. À Cagny (Calvados), dans l’une de ses quatre sucreries françaises, la production (sur 120 jours) devra passer de 1 à 1,2 million de tonnes de betteraves. Soit 3 000 hectares de plus.

De nouveaux contrats avec les betteraviers


Selon Thierry Desesquelles, directeur betteravier de Saint-Louis Sucre, il ne faut pas s’attendre à de grands bouleversements pour les betteraviers : « Avec un cours du sucre à 440-450 € la tonne, on restera sur des prix connus pour la betterave. »

Mais à partir de 2017, industriels et planteurs devront établir de nouvelles relations contractuelles. Quelle référence ? Le prix de vente moyen des sucres, mais sans prix minimum. Le droit à produire individuel sera basé sur une référence historique du betteravier. Il est question d’une prime de fidélité. Les contrats de Saint-Louis Sucre seront rédigés fin 2015.

La concurrence de l’isoglucose


L’isoglucose a pris 42% de part de marché aux États-Unis. Ce sirop de maïs y est utilisé dans les pâtisseries, les boissons rafraîchissantes et énergisantes. Mais le sucre a une meilleure image. Deux importants industriels des boissons ont déjà dit qu’ils renonçaient à l’isoglucose. Mais Saint-Louis Sucre ne s’interdit pas d’en produire : « Des projets sont prêts au cas où le marché absorberait 5 à 6 millions de tonnes. »

Plus de sucre consommé


Des études montrent que le marché mondial du sucre passerait de 160 millions à 269 millions de tonnes en 2030. Saint-Louis Sucre vise de nouveaux marchés à l’exportation d’autant que le sucre de betterave a quasiment rattrapé son retard de productivité sur le sucre de canne brésilien. Pour Carsten Stahn, président du directoire, « l’exportation pourrait représenter jusqu’à 30 % de notre chiffre d’affaires. On pense à des marchés comme Israël, l’Arabie Saoudite, la Chine, l’Inde... ».

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