Les agriculteurs font revenir par leur action le prix de l’engrais à la normale

8 septembre 2007

La hausse des prix de l’engrais a été vécue comme une véritable attaque à la production des agriculteurs. Avec une augmentation enregistrée à 23%, les agriculteurs, soutenus par des organisations syndicales et la Chambre d’Agriculture, craignaient une diminution des apports d’engrais pour cette année. Heureusement, un compromis vient de rassurer les planteurs, et notamment les producteurs canniers.

Le Président de la SIER s’engage à geler le prix de l’engrais pour toute la campagne Société Industrielle des Engrais de La Réunion.
(photo Toniox)

Le marché de l’engrais représente 27.000 tonnes à La Réunion, dont 24.000 tonnes pour la canne à sucre, produit à partir de cette année par un seul fournisseur, la Société Industrielle des Engrais de La Réunion (SIER), depuis l’arrêt de CANAVI. Vous comprendrez donc que les producteurs canniers se voyaient particulièrement attaqués après la hausse record du coût de l’engrais, faisant craindre pour beaucoup l’obligation d’apporter moins d’engrais. Les conséquences, on les connaît. Moins d’engrais, c’est moins de rendements en cannes, c’est-à-dire une diminution du revenu pour l’année 2008. Voilà une spirale que nous connaissons bien maintenant.
Aux dires d’Eric Soundrom, élu à la Chambre verte chargé des Affaires agricoles, « certains planteurs étaient sur le point d’abandonner la canne à sucre suite à cette brusque augmentation de l’engrais, conjuguée aux effets de Gamède qui conduit à une baisse des revenus de l’ordre de 34% ». L’interprofession Canne, après propositions de la Chambre d’Agriculture, a choisi de soutenir planteurs et éleveurs par des mesures concrètes, commençant par une aide de 60 euros par tonne d’engrais, plafonné à une tonne par hectare, soit une enveloppe de 1 million 600.000 euros consentis par la profession pour tout achat avant le 31 décembre 2007. C’est une aide considérable. Les usiniers complètent cette aide en attribuant 20 euros par tonne d’engrais pour les 26.500 hectares en cannes à sucre. L’avance replantation des usiniers augmenterait de 50% (zone normale : 1.000 à 1.500 euros ; zone difficile : 2.000 à 3.000 euros), avec une subvention de 300 à 600 euros par hectare, selon les zones. Ces mesures permettront de ramener le prix des engrais à son niveau de 2006.

Vers d’autres sources de fertilisation

Du côté de la SIER, son Président, Jean-François Rivière, s’est engagé, au nom des coopératives, à diminuer de 80 euros par tonne d’engrais pour les formulations d’engrais prairies et maraîchères, ce qui représente une participation de 240.000 euros. par ailleurs, le Président de la SIER s’engage à geler le prix de l’engrais pour toute la campagne. Enfin, parce que les coopératives n’ont pas attendu les mesures de l’interprofession Canne et l’accord entre les parties pour augmenter à nouveau les prix.
La Chambre d’Agriculture tient quant à elle à apporter son appui technique aux planteurs « pour un apport raisonné et pragmatique des engrais, afin de préparer au mieux la prochaine campagne sucrière », lance Eric Soundrom. Par ailleurs, la Chambre consulaire appelle les producteurs à utiliser d’autres sources de fertilisation. La vinasse, les effluents d’élevage, les cendres peuvent se substituer partiellement aux engrais minéraux, mais surtout, cela peut amener un peu plus d’indépendance aux planteurs face à des fournisseurs et au marché extérieur. « Les distilleries sont prêtes à accompagner les agriculteurs dans cette démarche pour compenser les surcoûts liés à l’épandage, ainsi que les contraintes réglementaires », informe la Chambre verte. Pour autant, on ne pas parvient à comprendre, sentiment partagé par la Chambre d’Agriculture, pourquoi n’attend-on pas un prix fixé à La Réunion, comme pour les agriculteurs des pays de la zone ?

Les agriculteurs ont gagné

Beaucoup d’encre a coulé, alors que planteurs et corporations syndicales agricoles bloquaient les coopératives et les usiniers. Non, c’était loin d’être des opérations tape à l’œil. Bien au contraire, les agriculteurs peuvent être satisfaits d’avoir contribué à la baisse du prix de l’engrais. 264.000 euros apportés par les coopératives, 700.000 euros par les usiniers, soit 480.000 euros sur l’engrais et 320.000 pour la replantation, et 1 million 400.000 euros par l’interprofession Canne, bref, la mobilisation paie. N’en déplaisent aux syndicalistes de la FDSEA, qui tenaient, il est vrai, des propos loin de cette réalité. Heureusement, les agriculteurs ont su rappeler avec force le poids du terrain de la revendication. Et encore, la bataille du prix - nous parlons de celui du sucre - n’est pas finie...

Willy Técher


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Messages

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Témoignages - 80e année


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