Le refus de négocier de l’industriel renforce la révolte des planteurs

Les planteurs dénoncent le mépris de Tereos

7 juin 2017, par Manuel Marchal

Ce mardi a été une nouvelle journée de lutte des planteurs pour leur survie. Tereos a refusé de répondre à l’invitation de venir négocier du prix de la canne à sucre qu’il paie au planteur. Cette décision n’a fait que renforcer la détermination unanime de la FDSEA, des Jeunes Agriculteurs et de la CGPER pour poursuivre le combat pour obtenir une augmentation de 6 euros par tonne de canne. La journée s’est conclue à la préfecture par une rencontre entre l’État et les planteurs. Une réunion sera organisée demain à la préfecture. Elie Hoarau, président du PCR, tiendra ce matin une conférence de presse sur la crise de la canne.

La mobilisation des planteurs a commencé dès le matin. La FDSEA et Jeunes Agriculteurs avaient donné rendez-vous à Bois-Rouge, devant l’usine sucrière. Ils se sont alors rendu en tracteur jusqu’à Saint-Denis. Pendant ce temps, des planteurs de la CGPER se rassemblaient devant la préfecture et ont érigé un barrage filtrant à l’entrée Ouest de Saint-Denis. Suite à cette action, les autorités ont pris la décision de dévier temporairement la circulation de la route nationale qui passe devant la préfecture. Les syndicats se sont ensuite retrouvés devant le siège de la Direction de l’Agriculture et de la Forêt (DAF). C’est en effet dans la DAF que devaient reprendre les discussions

La date avait été fixé jeudi dernier, lors de la dernière réunion de la Commission professionnelle de la canne et du sucre (CPCS), instance paritaire regroupant les syndicats de planteurs et Tereos, seul industriel.

Déploiement de policiers

Les planteurs étaient accueillis par un barrage des camions de police. Les abords de la DAF étaient en effet bouclés par des policiers et des gendarmes casqués. Cet imposant déploiement de force empêchait le passage de tout véhicule. La route était donc coupée sur plusieurs centaines de mètres. Arrivés par la Source, les planteurs de la CGPER ont franchi le barrage à pied. Venus des Camélias, ceux de la FDSEA ont dû stopper leur tracteur devant le barrage et se sont également rendus à pied devant la DAF. Julie Pontalba, candidate de l’union PCR-France Insoumise, est venue apporter son soutien à la cause des planteurs en allant les rencontrer devant le barrage des policiers.

L’ambiance était tendue, car la dernière proposition de Tereos de concéder une augmentation de 49 centimes par tonne a suscité la colère des planteurs. Ces derniers demandent une hausse de 6 euros par tonne d’un prix qui reste bloqué à 39 euros depuis plus de 20 ans. À l’appui de leur demande, une aide de l’État supplémentaire de 28 millions d’euros par an jusqu’en 2020 donne une visibilité suffisante pour que les planteurs puissent obtenir un meilleur prix de la canne.

Industriels absents

À 14 heures 30, la délégation de la CGPER accompagnée de Jean-Bernard Gonthier, président de la Chambre d’Agriculture, est entrée dans la DAF, rejointe par les représentants de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs. Une heure plus tard, les syndicalistes sont ressortis. La réunion n’a pas pu se tenir faute de Tereos. Les représentants de l’industriel ont en effet refusé de venir. Dans un communiqué adressé à certains médias, les clients des planteurs ont pris prétexte des débordements survenus en marge de la mobilisation ces derniers jours et hier pour ne pas répondre au rendez-vous.

Cette décision a suscité l’indignation unanime des planteurs. Pour tous les syndicats et la Chambre d’Agriculture, l’attitude de Tereos est jugée comme un geste de « mépris à l’encontre des planteurs ».

Jean-Bernard Gonthier, président de la Chambre d’Agriculture, et Jules Houpirpanin, porte-parole de la CGPER.

Où est l’argent ?

Comment expliquer que l’État puisse accorder plus de 100 millions d’euros de subvention à Tereos tous les ans, et être incapable d’exiger que Tereos vienne discuter de l’avenir de la canne, demandait en substance Isidore Laravine, co-président planteur du CPCS. La CGPER a alors revendiqué que la part de subvention accordée à l’industriel pour atteindre le prix de 39 euros par tonne soit attribué aux planteurs qui sauront mieux géré. Cette part de l’aide de l’État s’élève à 44 millions d’euros, soit 22 euros par tonne au minimum.

Au moment des comptes-rendus, tous les syndicalistes ont unanimement décidé de continuer le combat.

Loin de faire retomber la pression, la politique de la chaise vide de Tereos ne fait qu’accentuer la volonté des planteurs à se mobiliser pour arracher la victoire de leurs revendications.

L’État s’implique dans les discussions

La FDSEA et Jeunes Agriculteurs se sont alors rendus en convoi devant la préfecture. Sur place, ils ont à leur tour mis en place un barrage sur la route nationale tandis que Frédéric Vienne, président de la FDSEA, appelait à aller bloquer le siège social de Tereos Océan Indien pour une durée illimitée. Pour leur part, les planteurs de la CGPER avaient le projet de se diriger vers les usines sucrières du Gol et de Bois-Rouge afin de les soumettre au blocus.

Des planteurs ont fini par être reçus à la préfecture. Peu après 19 heures, le compte-rendu de la délégation a annoncé l’implication de l’État dans les négociations. Une nouvelle réunion est d’ores et déjà fixée à jeudi. Elle se tiendra à la préfecture.

Ce matin à 10 heures, Elie Hoarau, président du Parti communiste réunionnais, tiendra une conférence de presse. Les événements d’hier soulignent l’importance de ce rendez-vous organisé par le parti politique qui soutient la lutte des planteurs depuis le début. D’importantes annonces seront faites.

M.M.

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Messages

  • le bras de fer engagé entre l’entreprise Téréos et les planteurs de cannes de la Réunion risque de plonger des milliers de personnes dans une misère noire . Il faut absolument éviter cette situation et trouver une solution qui préserve les intérêts des chaque partie en présence .

    Cette solution pourrait consister à mon avis comme cela s’est déjà produit dans d’autre secteur de l’économie, à gérer la filière canne dans le cadre d’une entreprise d’économie mixte qui regrouperait toues les parties prenantes ,planteurs, usiniers , l’EDF, les représentants des sous produits de la canne et bien entendu les pouvoirs publics représentés par l’Etat mais aussi les collectivités territoriales telles que le Département et la Région réunion . La filière canne serait alors dirigée par un conseil d’administration dans lequel toutes les parties prenantes pourront s’exprimer et où des décisions pourront être prise même lorsque l’une des parties est absente ou refuse de venir siéger . Chaque membre du conseil d’administration ayant une voix
    égale à celle des autres .

    La création d’une société d’économie mixte pour l’exploitation de la canne à sucre et de ses sous produits portera certainement atteinte aux droits de propriété des uns et des autres , mais elle permettra certainement de faire passer l’intérêt général de toute une région et de sa population avant les intérêts particuliers .Et si la disparition de la filière canne devait être envisagée à terme , les décisions seraient t toujours collectives et prises par l’ensemble des partenaires et non imposées par un bras de fer de la partie la plus puissante .

    Notre droit fondamental nous oblige a à respecter la propriété privée mais il nous dit aussi que celle ci doit céder le pas devant
    la défense de l’intérêt général .

    Lorsque l’entreprise TEREOS s’entête à refuser une juste revalorisation du prix de la canne qui semble t’il n’a pas bougé depuis au moins 20 ans ,elle démontre de manière flagrante qu’elle n’a que faire de l’intérêt général des Réunionnais . Il faudrait tout simplement lui rappeler qu’elle n’est pas au dessus de nos lois fondamentales quelques soit sa puissance économique ..


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