Le Commissaire européen confirme la fin du quota sucrier

« Les producteurs de sucre de canne pourront utiliser leur compétitivité pour vendre ailleurs »

31 juillet 2013

Arrivé la veille au soir de Mayotte, Dacian Ciolos a entamé hier une visite de trois jours à La Réunion. Le Commissaire européen a ainsi pu connaître la réalité des planteurs de canne à sucre dans notre île. A l’occasion de la visite de deux exploitations, il a fait une série d’annonces qui d’une part rassurent, et d’autre part soulèvent des interrogations.

Hier à Sainte-Suzanne, Dacian Ciolos a fixé le cap de la politique agricole européenne concernant la canne à sucre.
(photos Toniox)

Interrogé sur la fin du quota et le futur prix du sucre, voici en substance ce qu’a déclaré hier matin à Sainte-Suzanne le Commissaire européen à l’Agriculture. Il est clair désormais que le quota et le prix garantis seront supprimés en 2017. Est-ce la catastrophe ?

« Les cours sont très bons. Avec le système des quotas, il y a des problèmes.

Même si des producteurs de sucre de betteraves sont compétitifs, ils ne peuvent pas vendre leur sucre où ils veulent à cause des quotas.

L’élimination des quotas était une décision prise lors de la réforme de la PAC de 2006.

Les producteurs de sucre de canne pourront utiliser leur compétitivité pour vendre ailleurs. Que l’on assure donc la compétitivité du sucre à La Réunion.

Cela dépendra de la stratégie des entreprises. Comment utiliser les instruments financiers ? Quelle sera la stratégie des acteurs sucriers ? »

Dacian Ciolos a aussi évoqué les règles de l’OMC (Organisation mondiale du commerce) et la nécessité de structurer pour être compétitif.

Rappelons que dans le règlement sucrier actuel, une enveloppe est prévue pour soutenir la restructuration. Ces fonds ont permis à des acteurs d’anticiper ce qui paraissait donc inéluctable dès 2006 : la fin du quota et du prix garantis, et donc la "concurrence libre et non faussée".

M.M.

Maintien du POSEI



Après un survol de l’île en hélicoptère, Dacian Ciolos s’est rendu dans l’exploitation de Jean-Philippe Alouette, un jeune planteur qui travaille sur 19 hectares dans les hauts de Sainte-Suzanne. Il a investi pour utiliser la coupe mécanique et arrive à obtenir un rendement de 100 tonnes de cannes à l’hectare, sans irrigation.

Dacian Ciolos était accueilli par plusieurs élus : Younous Omarjee, député au Parlement européen, Pierre Vergès, vice-président du Département délégué à l’Agriculture, Maurice Gironcel, maire de Sainte-Suzanne. Le monde agricole était également largement représenté, avec en particulier Jean-Bernard Gonthier, président de la Chambre d’Agriculture, et Jean-Yves Minatchy, président de la CGPER. Ce dernier a pu signaler au Commissaire les conditions climatiques difficiles cette année, avec un hiver plus froid.

Les craintes des représentants des agriculteurs portaient notamment sur le POSEI, un fonds européen spécifique de soutien aux filières des Outre-mer.

Sur ce point, le Commissaire a répondu positivement aux revendications. Dans un contexte de baisse générale du budget européen, le POSEI sera maintenu au même niveau. Quant à la répartition entre cultures traditionnelles d’exportation et diversification, cela dépendra « des choix et des équilibrages » avec une volonté de « décentraliser les choix ». Autrement dit, rien ne sera imposé et c’est aux Réunionnais de dire comment ils souhaitent que le fonds de soutien agisse.
Zot la di

Younous Omarjee, député au Parlement européen


Sur le POSEI, ce sont des aides essentielles et ambitieuses. Il y a là une volonté de concertation pour l’élaboration de la réforme.
Au final, le Parlement européen se prononcera.
Sur la fin du quota sucrier, il faut préparer la canne à demeurer compétitive, avancer dans le domaine de la recherche. Cela fait beaucoup de points d’interrogation sur une perspective de 20 à 30 ans.
C’est une révolution culturelle, car nous étions sur un système de quota et de prix garantis. Le Parlement européen avait demandé de maintenir les quotas jusqu’en 2020, un sursis de trois ans.

Maurice Gironcel, secrétaire général du PCR


C’est bien que la visite du Commissaire avec le député européen lui ait permis de venir voir toucher les réalités.
Il a compris que la canne est le pivot de l’agriculture, et que la canne n’empêche pas la diversification. L’Europe a décidé d’arrêter les quotas en 2017, que se passera-t-il ?

Pierre Vergès, vice-président du Conseil général

(photo MM)


Rien ne vaut les visites sur le terrain. L’Union européenne compte environ 150 régions, que le Commissaire Ciolos vienne ici montre son intérêt pour La Réunion. Il a survolé l’île, il a fait une déclaration claire pour le maintien du POSEI, et que l’on oppose pas la canne à sucre aux autres cultures.
Reste l’incertitude liée à la fin du quota sucrier.



Le maintien du POSEI est une revendication du monde agricole, ici on reconnaît notamment le président de la Chambre d’Agriculture et celui de la CGPER.

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