Les dirigeants planteurs alertent la Commissaire européenne à l’Agriculture

’Maintenir le prix garanti pour les petits et moyens planteurs réunionnais’

19 juillet 2005

Les 5 présidents des Commissions mixtes d’usines de La Réunion, le co- président planteur de la Commission paritaire de la Canne et du Sucre, le co-président planteur du C.T.I.C.S. (Centre technique interprofessionnel de la canne et du sucre) et le président de la C.G.P.E.R. (Confédération générale des planteurs et éleveurs de La Réunion) ont écrit hier à la Commissaire européenne à l’Agriculture, Marianne Fischer-Boel, pour l’alerter sur la gravité des conséquences du projet de réforme de l’OCM-Sucre à La Réunion. On lira ci-après le texte de cette lettre très importante.

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Madame la Commissaire,
Considérant que la baisse du prix du sucre de près de 40% sera catastrophique pour les petits et moyens planteurs de notre département, et que la compensation n’est qu’une prime qui va disparaître d’ici 3 ans ;
Considérant que cette catégorie fournit plus de 80% de la production cannière (exemple de la campagne 2004 : sur 1 million 960.000 tonnes récoltées, 1 million 600.000 tonnes ont été livrées par des petits et moyens planteurs produisant jusqu’à 2.000 tonnes) ;
Qu’au cours de ces 15 dernières années, ce sont eux qui ont le plus investi dans la filière (achat de terres, épierrage, irrigation, matériel agricole). Pour votre information, Madame, l’Europe a versé plus d’un milliard d’euros dans le transfert du basculement des eaux d’Est en Ouest pour irriguer 7.300 hectares de terres, dont 5.300 hectares en canne à sucre et que nous ne sommes qu’à 30% des travaux réalisés ;
Considérant que si les petits et moyens planteurs sont amenés à disparaître, ce sera la fermeture des usines sucrières et la suppression de plusieurs milliers d’emplois ;
Considérant que les petits et moyens planteurs ne pourront pas supporter une baisse du prix garanti de près de 40%, que nos investissements se sont faits pour la plupart sur 20 ans et qu’il suffit de nous comparer aux pays producteurs de sucre de canne où le coût de production est très nettement inférieur au nôtre (par exemple, à l’Ile Maurice le SMIC est à 200 euros et à La Réunion à 1.200 euros) ;
Considérant que dans un département où le taux de chômage est de 35%, et que le remembrement que proposent certains responsables de la profession est impossible dans la filière canne réunionnaise car La Réunion n’est ni Madagascar ni l’Afrique du Sud et ne peut facilement s’agrandir (à La Réunion, l’agrandissement ne peut se faire que sur la mer ou le volcan) ;
Considérant que ce n’est pas notre quota sucrier qui va déranger le marché européen ou mondial, que nous ne sommes qu’un grain de sucre dans l’océan par rapport aux régions productrices de sucre de canne.
Partant de ce constat, nous vous demandons, Madame la Commissaire, le maintien du prix garanti pour les petits et moyens planteurs réunionnais car la canne c’est aussi le paysage, le tourisme, elle évite aussi l’érosion. C’est le premier produit exporté de l’île, soit près de 130 millions d’euros par an, environ 75% des exportations.
La canne est à la base même de la diversification et il n’y a pas d’autre alternative que la canne à La Réunion car les autres filières agricoles sont en surproduction et durement concurrencées par les importations.
Recevez Madame la Commissaire nos salutations distinguées.

Les 5 Présidents des Commissions Mixte d’usines de La Réunion :

- Jean-Bernard Gonthier (Grands-Bois),

- Dominique Rivière (Le Gol),

- Sylvestre Lamoly (Savannah),

- Fred Naze (Bois-Rouge),

- Notaise Orange (Beaufonds).

Le co-président planteur de la Commission Paritaire de la Canne et du Sucre, André Minatchy.

Le co-président planteur du C.T.I.C.S. (Centre Technique Interprofessionnel de la Canne et du Sucre), Jean-Bernard Gonthier.

Le président de la C.G.P.E.R. (Confédération Générale des Planteurs et Eleveurs de La Réunion), Jean-Yves Minatchy.


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