CGPER - OCM-Sucre

Malgré une bonne campagne, la menace persiste

24 décembre 2004

La Confédération générale des planteurs et éleveurs de La Réunion (CGPER) faisait le point sur la campagne sucrière 2004. Selon Jean-Yves Minatchy, le bilan est positif, même s’il reste des inquiétudes de grande ampleur avec la réforme de l’OCM-Sucre.

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"C’est une bonne campagne", déclarait hier le président de la CGPER. L’année 2004 "est un bon cru, mais l’avenir est inquiétant". Avec 1.970.000 tonnes de cannes livrées aux usiniers, les agriculteurs réunionnais ont démontré avec force leur détermination à maintenir une activité prometteuse pour notre pays.
Cette année, la richesse en sucre a dépassé les espérances initiales. 13,56% pour Bois-Rouge, 14,71% pour le Gol. Les chiffres confortent la profession cannière dans son effort, même si elle relève encore des lacunes, le problème de l’irrigation par exemple.
"Le Conseil général n’a pas tenu ses promesses", indique Jean-Yves Minatchy, las de devoir répéter le problème de l’eau pour les agriculteurs de l’Ouest et du Sud, touchés par la sécheresse.

"Si les promesses avaient été tenues..."

Le 16 décembre dernier, avec les membres de son syndicat, il manifestait son mécontentement devant la SAPHIR, pour que ce problème trouve une solution favorable.
"Si les promesses du Conseil général avait été tenues, nous aurions sûrement dépassé les 2 millions de tonnes cette année", affirme-t-il. En 1988, alors qu’on ne rêvait pas encore du basculement de l’eau d’Est en Ouest, c’étaient quelque 2.200.000 tonnes de cannes qui avaient été produits.
"Maintenant, nous constatons un manque de volonté politique", poursuivait hier le porte-parole de la CGPER. Si Xavier Thiéblin assure qu’il faut 30.000 hectares pour atteindre le quota, la CGPER indique quant à elle que le problème est celui de l’irrigation, et qu’il faudra d’abord le résoudre.

Au mois de mai ou juin, la baisse du prix de la canne devrait être effective, selon les prévisions actuelles de la réforme de l’OCM-Sucre. "C’est une véritable catastrophe pour la filière canne à La Réunion", déclarait hier Jean-Yves Minatchy. Si le gouvernement français n’aide pas ses agriculteurs, c’est la mort dramatique de toute la filière qui s’annonce.
À moins que les autorités françaises ne prennent leurs responsabilités dans le dossier, en veillant à la compensation intégrale pour les petits et moyens planteurs réunionnais. La canne représente, selon les chiffres de la CGPER, quelque 15.000 emplois directs ou indirects, avec 130 millions d’euros au compteur économique.

"Nous ne voulons pas être assistés"

"La canne n’est pas artificielle", poursuivait le président de la CGPER. 85% de la production cannière à La Réunion est pourvue par les petits et moyens planteurs. "Nous montrons aux responsables européens que nous sommes travailleurs, que nous ne voulons pas être assistés, que nous voulons vivre dignement", expliquait Jean-Yves Minatchy.
Mais il est flagrant à ses yeux qu’il n’existe aucune prise en compte de la spécificité réunionnaise. "Sé pa nou ki doi adapt anou à Lërop, sé le kontrèr pluto. Nou la pa demandé à èt Eropéin", poursuivra-t-il. Il note que malgré l’intervention des trois députés européens, la cause n’est pas gagnée.
Il faudra s’attendre à la baisse du prix de la canne, alors que le coût de production reste élevé dans notre pays. L’Union européenne s’agrandit, accueille à bras ouverts les pays ACP (Afrique Caraïbes Pacifique), sans jauger les risques qui pèsent sur les agriculteurs français, et particulièrement les Ultramarins.
Le gouvernement français propose de verser 80 millions d’euros au gouvernement mauricien. "Mais quelle enveloppe propose-t-il à La Réunion ?" questionnait hier Jean-Yves Minatchy.
La Réunion accueillera prochainement Joseph Doll, président de la commission agriculture à Bruxelles. "Nous l’attendons de pied ferme", a annoncé le représentant de la CGPER. Pour l’heure, la CGPER demande aux agriculteurs réunionnais à rester vigilants.

Bbj


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