Filière canne : une crise structurelle - 6 -

Mélasse, bagasse : quels profits ?

2 janvier 2008, par Manuel Marchal

Dans son édition du 19 décembre 2007, “Témoignages” a expliqué combien l’accès à l’information est important pour la prise de décision, et qu’à partir de ce constat, celui qui détient l’information a l’avantage sur celui qui ne l’a pas. D’où le déséquilibre entre l’usinier et les planteurs au détriment de ces derniers, ce qui est une des explications de la crise structurelle que connaît la filière canne à La Réunion. A Hawaï, la situation est différente. L’accès à l’information est facile. Pourquoi pas à La Réunion ?

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Les richesses de la canne à Hawaï.

La dernière rencontre avec les journalistes de l’Interprofession et le dossier de presse publié à cette occasion donnent peu de données concernant la valorisation des différents produits de la canne. Les informations portent essentiellement sur le sucre.
Quid des profits réalisés avec la bagasse et la mélasse ? Le co-président usinier de l’Interprofession n’a pas donné de réponse.
Il s’avère que dans d’autres pays, ces données sont facilement accessibles au grand public, donc aux planteurs. C’est par exemple le cas à Hawaïï, où le Hawaïï Agricultural research center (HARC) permet de télécharger depuis depuis tout ordinateur connecté à Internet toute une série d’informations rassemblées sur un même tableau :

- Tonnage de cannes récolté, superficie de la sole cannière, rendement à l’acre, production sucrière, masse de sucre produite à partir d’une tonne de canne : depuis la campagne sucrière 1908.

- Production de mélasse en tonnes : depuis 1946.

- Mégawatt/heures produits à partir de la canne à sucre et vendus au réseau électrique local : depuis 1980.

Les planteurs hawaïens peuvent ainsi apprendre qu’en 1997, ils ont livré 2,923 millions de tonnes de cannes. Cette récolte a permis de produire 356.917 tonnes de sucre brut, 130.297 tonnes de mélasse, et a débouché sur la vente de presque 139 gigawattheures d’électricité.
A partir de ces données, les planteurs hawaïens peuvent avoir une idée de la valorisation de leur production. Ainsi, pour connaître ce que rapporte la bagasse, il leur suffit de multiplier la quantité d’énergie vendue par le prix de rachat payé par le distributeur d’électricité local.
Cela souligne qu’une telle transparence dans la valorisation des produits de la canne est possible, ce qui permet par conséquent un rapport plus équilibré entre le producteur de matière première et l’industriel.

Manuel Marchal


Canne à sucre : l’événement international de l’année

« Les planteurs de betteraves et de cannes misent sur les énergies renouvelables »

La conférence mondiale de l’AMPBCS s’est tenue en juillet dernier en Australie. Pour les représentants de 23 pays, un des moyens de valoriser la canne à sucre est la production d’énergies renouvelables. Cela souligne toute la richesse de la plante cultivée à La Réunion.

Près de 200 délégués, en provenance de 23 pays, ont été chaleureusement accueillis par les planteurs de cannes australiens lors de la Conférence de l’Association mondiale des planteurs de betteraves et de cannes à sucre (AMPBCS). Une opportunité pour mieux comprendre les conditions techniques, économiques et politiques des autres pays sucriers et mieux appréhender les difficultés et opportunités à venir sur un marché plus que jamais mondialisé.
Planteurs de betteraves et de cannes des cinq continents ont constaté avec regret le nouveau surplus sur le marché mondial et la chute des prix qui s’en est suivie. Les faibles cours du sucre affectent en effet l’ensemble des planteurs de la planète.
Mais les principaux messages qui ont été délivrés par les planteurs lors de cette rencontre ont certainement été la volonté des planteurs de jouer un rôle de premier plan sur le prometteur marché des énergies renouvelables, offrant, d’une part, une possibilité d’absorber le surplus structurel sucrier et, d’autre part, une nouvelle opportunité de revenu pour les planteurs.
Cet immense marché reste cependant à conquérir tandis qu’il faut convaincre les responsables politiques, économiques, et les investisseurs restent à convaincre que les planteurs peuvent fournir une part non négligeable du bouquet énergétique de demain. Les planteurs ont ainsi réalisé que, pour atteindre cet objectif, ils seraient plus efficaces en ne parlant que d’une seule voix, chargeant ainsi l’AMPBCS de diffuser ce message, notamment auprès des acteurs internationaux comme les Nations Unies. (...)
L’Association mondiale des planteurs de betteraves et de cannes à sucre (AMPBCS), créée en 1981, est une association spécialisée de la FIPA (Fédération Internationale des Producteurs Agricoles) présidée par Alf Cristaudo, planteur australien.
Son rôle est de défendre les intérêts des quelque 6 millions de planteurs de betteraves et de cannes de 35 pays. L’AMPBCS offre également aux planteurs un forum pour exprimer leurs positions vis-à-vis du reste du monde sucrier.

(Source : « Le Betteravier français »)


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