Rencontre entre l’ancien président de la République et la filière canne-sucre

Nicolas Sarkozy à La Réunion : des promesses

27 mai 2016, par Manuel Marchal

La première étape du séjour du président du parti les Républicains se déroulait ce matin à Saint-André. En présence des deux sénateurs LR de La Réunion et du maire de la commune, Nicolas Sarkozy a fait des promesses en réponse aux inquiétudes des planteurs face à la fin du quota sucrier l’année prochaine.

Nicolas Sarkozy entouré par Jean-Paul Virapoullé, Didier Robert et Michel Fontaine.

L’année prochaine marquera la fin des quotas sucriers accordés aux producteurs européens. Cette décision historique prise en 2013 par le Conseil de l’Union européenne fait peser une menace mortelle sur les plus de 18.000 emplois directs et indirects de la filière canne. C’est potentiellement la plus grave crise sociale, économique, environnementale et politique qui attend La Réunion. En effet, le sucre réunionnais sera confronté à la concurrence mondiale sans avoir la possibilité de compter sur l’Union européenne pour acheter les stocks invendus à un prix supérieur au cours mondial.

Plus loin que François Hollande

En 2014, François Hollande avait confirmé la suppression des quotas. Il avait également soutenu la demande de la filière : une aide annuelle supplémentaire de 38 millions d’euros pour compenser un coût de production plus important pour le sucre destiné à être vendu en sucre blanc, et l’exclusion des sucres spéciaux des accords économiques signés entre l’Union européenne et les pays tiers. Ces deux promesses sont soumises à l’accord de la Commission européenne, avait alors souligné le président de la République. En mai 2016, toujours pas de nouvelle des 38 millions, et les sucres spéciaux n’ont pas été totalement exclus des discussions, comme l’a rappelé l’accord signé entre l’UE et le Vietnam. Ce dernier pays peut exporter vers l’Europe du sucre roux de canne taxé à 42 centimes le kilo, avec une franchise de taxe sur les 20000 premières tonnes.

Nicolas Sarkozy a affirmé que la pérennité de la canne à sucre à La Réunion ne se discute pas. Il a contesté le fait que la demande de subvention complémentaire soit soumise à l’Europe car d’après lui, cela ne constitue pas une rupture de concurrence. Pour les sucres spéciaux, qui doivent d’après lui être systématiquement exclus des discussions commerciales, l’outre-mer ne doit pas être sacrifié car il n’est en concurrence avec personne en Europe sur ce secteur.

Reste à savoir ce que les concurrents européens de Tereos sur le marché du sucre blanc penseront de ce positionnement sur la subvention annuelle supplémentaire de 38 millions d’euros. Quant à l’exclusion des sucres spéciaux, pas sûr qu’elle soit soutenue par les autres secteurs industriels européens. Car dans les domaines de l’aviation, du ferroviaire ou de l’énergie, les partenaires commerciaux de l’Union européenne peuvent en effet se tourner vers d’autres fournisseurs comme les États-Unis, la Chine ou la Corée s’ils sont dans l’impossibilité d’écouler leur production sucrière sur le marché européen, jugé le plus solvable du monde.

Première étape de la visite de Nicolas Sarkozy, une exploitation cannière à Saint-André.

Prise de conscience tardive d’acteurs locaux

Lors de la présentation de la filière, les représentants des planteurs ont fait part de leur inquiétude. On peut s’étonner d’une prise de conscience aussi tardive. En effet, le PCR avait alerté dès 2007 sur l’échéance 2014 et la menace sur la fin des quotas sucriers à cet horizon. Le PCR avait également placé la survice de la canne à sucre parmi les questions clés de la campagne des élections régionales. Mais à cette époque, c’était la conspiration du silence. Souhaitons que les dernières propositions du PCR visant notamment à la création d’un Comité de survie de la filière canne soit prise en considération, car elle sera un outil capable de mobiliser pour sauver plus de 18000 emplois à La Réunion.

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