Soutien d’une filière dominante ou développement territorial ? Le cas du sucre à La Réunion - 4 -

« Poids de l’histoire et décentralisation »

19 août 2008

Par suite d’une erreur technique, le chapitre 5 de ce dossier a été publié dans notre édition d’hier, en lieu et place de l’article d’aujourd’hui. Nous prions nos lecteurs de bien vouloir nous excuser de cette inversion.
NDLR

Après avoir évoqué le jeu des acteurs de la filière, et rappelé la diversification opérée par les usiniers, Cécile Martignac rappelle tout le poids de référence passée dans la politique de l’aménagement. « La réflexion prospective a été contrainte par le cadre sucrier qui s’est imposé comme le seul futur possible », souligne-t-elle. Or, avec la canne, il est possible de faire bien d’autres choses que le sucre.

La présence séculaire de la canne à sucre à La Réunion rend difficile l’émergence de réflexions alternatives et prospectives. Malgré les crises successives traversées et les inquiétudes relatives à l’avenir de la filière, le modèle continue d’être opérationnel. En 2000, la canne à sucre couvre 26.000 hectares (60% de la SAU), concerne 4.800 planteurs souvent peu formés, vivant pour tout ou partie de la canne, et deux usines sucrières en situation de duopole. Schématiquement, la gouvernance de la filière est caractérisée par une opposition sucriers-planteurs empreinte du passé colonial, modérée par la très forte implication des pouvoirs publics qui permet une augmentation des revenus des planteurs sans incidence négative sur celui des industriels.

Le schéma directeur départemental des structures agricoles qui détermine les priorités de la politique d’aménagement des structures et fixe le modèle d’exploitation de référence supposé viable et au sein duquel la canne conserve son rôle pivot. En conformité avec les orientations prises au niveau national, priorité est donnée à la viabilisation des structures, notamment par augmentation de la taille moyenne de l’exploitation. De fait, l’installation prioritaire des agriculteurs dotés d’un projet "canne" favorise la reproduction du modèle actuel.

« Cadre sucrier imposé comme le seul futur »

Aux niveaux supérieurs d’organisation, la volonté institutionnelle de mise en place d’un contrat territorial d’exploitation (CTE) "filière canne" atteste d’une relation difficile entre recherche de productivité et développement territorial. En effet, les diagnostics préalables à la contractualisation, réalisés au niveau de cinq territoires canniers, préconisent une réorientation des exploitations centrée davantage sur l’évolution des pratiques permettant d’optimiser les résultats techniques et le respect de l’environnement que sur l’évolution des systèmes d’exploitation. Dans les diagnostics de territoire réalisés en 2001, dans le cadre de la mise en place du CTE canne, la diversification des productions est seulement préconisée dans les zones des Hauts peu propices à la culture de la canne à sucre.

La pérennisation de ce modèle de développement fondé sur la canne à sucre dépend en partie d’organismes de prêts à l’installation - Crédit agricole notamment - qui, pour minimiser les risques, cautionnent logiquement les projets à base "canne", bénéficiant d’une garantie de prix et d’écoulement.

Le poids de la canne, historique, culturel et économique, peut justifier que les politiques agricoles soient encore marquées par les références passées... Mais la réflexion prospective a, elle aussi, été contrainte par le cadre sucrier qui s’est imposé comme le seul futur possible. L’idée d’une transition, totale ou partielle, pourtant suggérée par la reconversion sectorielle et géographique des industriels sucriers et la faible compétitivité de la filière n’a jamais été explorée.

Cécile Martignac

(à suivre)

Extrait d’un article paru en 2004 dans "Cahiers d’études et de recherches francophones / Agricultures. Volume 13, Numéro 6, 516-21"

Dossier suivi par Manuel Marchal


18.000 hectares de cannes plantés au Mozambique

280 millions de dollars pour produire de l’éthanol

Le gouvernement du Mozambique a approuvé un projet de production d’éthanol. L’investissement annoncé est de 280 millions de dollars.
18.000 hectares de canne à sucre seront plantés pour la mise en œuvre de ce projet. Cela représente 70% de la surface de la canne à La Réunion. Le projet de production d’éthanol au Mozambique sera exécuté par Mozambique Principle Energy, dont la société-mère, Principal Capital, est enregistrée à Londres, et dispose de bureaux à Genève et au Cap.
L’objectif de Principle Energy est de produire 213 millions de litres d’éthanol par an, à compter de 2013, ce qui nécessite une production de 2,5 millions de tonnes de canne à sucre par an.
Le projet comprend aussi la production de 82,2 MW d’électricité, à compter de 2012, dont 20 pour cent seront utilisés par la compagnie, et le reste sera mis à la disposition du réseau national.

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