CGPER - Prochaine convention canne

Pour un partage équitable de la richesse de la canne

23 janvier 2006

Hier, la CGPER donnait ses propositions pour la prochaine convention canne, qui fixe les conditions d’achat de la canne par les usiniers, et la répartition du soutien de l’État aux planteurs de canne.

Le contexte est de plus en plus difficile pour les producteurs canniers. Nous rappelons que ces derniers entrent dans un nouveau régime sucrier, cela jusqu’à 2014. "Ce régime prévoit une diminution de 36% du prix du sucre, avec une compensation à 62% de l’Europe et l’autorisation de l’Union européenne à la France de venir en aide aux planteurs de cannes des 3 DOM producteurs de canne (Réunion, Guadeloupe, Martinique), en débloquant une enveloppe supplémentaire de 30 millions d’euros, comme l’a précisé un courrier de la commission européenne Marian Fischer Böele, en date du 30 octobre 2005 adressé à la CGPER", déclare Jean-Yves Minatchy. Par ailleurs, il précise qu’à cela s’ajoute "la réforme de la PAC, la mondialisation et la suppression progressive des subventions au secteur sucrier".

Revaloriser le revenu des planteurs

Jean-Yves Minatchy le répète encore. La filière canne-sucre-rhum est la première source d’exportation "dans une balance commerciale largement déficitaire", et concentre 15.000 emplois directs et indirects. En effet, il note que "n’importe quel secteur d’activité est lié à la canne ; concessionnaires, banques, assurances, coopératives, le tourisme, etc.". Qui pourrait le nier ? C’est la raison pour laquelle il souhaite que l’on prenne davantage en compte les principaux concernés, les producteurs canniers, les petits et moyens planteurs notamment, qui livrent plus de 80% de la production cannière réunionnaise. "Cela concerne donc près de 99% des livreurs", précise le président de la CGPER. D’où les propositions de la CGPER, dont l’objectif principal "est de revaloriser le revenu des petits et moyens planteurs jusqu’à 2.000 tonnes de cannes qui livrent, aujourd’hui, plus de 80% de la production cannière". Cela passe par un renforcement du soutien financier de l’État, et surtout "une plus juste répartition de toutes les recettes tirées de la canne". Et de poursuivre "cette convention canne doit être l’occasion d’une mise à plat de la filière canne avec un partage équitable des sous-produits provenant de la transformation de la canne, par exemple : l’électricité, le rhum, la bagasse et la mélasse. Un partenariat constructif doit être engagé avec les usiniers pour que chacun puisse vivre et faire vivre sa famille avec les richesses tirées de la canne".

Les propositions de la CGPER

Notant que tout profite aux usiniers, la CGPER demande une augmentation de 14% du prix de base de la tonne de canne livrée, cela sur 5 ans, soit 2,8% par an. Pour justifier cette augmentation, il précise que les nouvelles méthodes d’extraction ont permis aux usines de réduire leurs pertes industrielles. Le taux de perte est passé de 2,3% en 1989 à 1,8% en 2003. La production de sucres spéciaux (sucre roux) offre également de la valeur ajoutée à l’économie cannière. Pourtant, force est de constater que le prix de la tonne de canne n’a plus évolué depuis 20 ans. Par ailleurs, la CGPER demande une augmentation de la prime Bagasse, portée ainsi à 2,50 euros par tonne de canne livrée, et une prime Mélasse de 1,50 euros par tonne livrée, sachant que ces deux sous-produits correspondent à 16 millions de recettes par an pour les usiniers.
Cela part d’un constat : le pouvoir d’achat des petits et moyens planteurs réunionnais est à la déprime. "L’État doit indexer et réajuster les aides nationales (l’indemnité compensatoire des handicaps, aide économique, à la production, au transport)" à hauteur de 20%, recommande Jean-Yves Minatchy. Outre cela, la Confédération générale des planteurs et éleveurs de La Réunion (CGPER) propose "un guichet unique avec une déclaration annuelle par planteur, et le versement de toutes les aides nationales au plus tard le 31 décembre pour faire face aux difficultés de trésorerie en fin d’année".
Enfin, la CGPER déplore que la rémunération du Contrat d’agriculture durable (CAD) soit "loin de l’énergie et du travail déployés par les planteurs de cannes notamment dans les régions hautes". Elle regrette également que l’aide à l’entretien (engrais, désherbant, dépaillage, etc.), fixé à 310 euros par hectares, financée par le Fonds européen agricole de développement rural (FEADER) tarde à être versée. Une lettre sera adressée aux ministres de l’agriculture et de l’Outre-mer, au préfet de La Réunion, aux deux collectivités, aux parlementaires de La Réunion, pour que ces derniers agissent pour le devenir de la canne, et de ceux qui travaillent pour sauver cette filière.

Bbj


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