Cinq années pour se remettre d’une campagne désastreuse - 3 -

Pour un plan de relance de la filière

6 décembre 2007, par Manuel Marchal

Un plan de relance de la filière pour atteindre le quota de 300.000 tonnes de cannes, c’est la proposition de Jean-Yves Minatchy à la suite du résultat catastrophique de la campagne sucrière 2007, notamment dans le Sud.

La campagne sucrière 2007 s’est terminée hier au Gol. Dans le Sud, c’est encore plus la catastrophe, souligne Jean-Yves Minatchy, président de la Chambre d’Agriculure : 920.000 tonnes récoltées en 2006, 750.000 cette année. Cela fait 170.000 tonnes de moins et un manque à gagner compris entre 8 et 9 millions d’euros pour les planteurs.
Jean-Yves Minatchy trouve « révoltant » le comportement des usiniers en cette fin de campagne. Ils n’ont pas voulu prolonger les livraisons, alors que les tonnages récoltés étaient importants ces derniers jours : 7.500 tonnes lundi, 6.200 mardi et probablement autant hier. « Ces tonnages, c’est quelque chose qui n’est jamais arrivé en fin de campagne, et il reste encore 10.000 tonnes à récolter dans le Sud », constate Jean-Yves Minatchy, « ce sont les petites et moyennes exploitations qui sont pénalisées ».

Comportement « révoltant » de l’usinier

« À quoi servent les Commissions mixtes d’usines si l’usinier peut imposer sa loi de cette façon ? », poursuit-il.
Parmi les causes avancées par Jean-Yves Minatchy pour avancer une première explication au résultat de cette année, des facteurs conjoncturels : Gamède, la sécheresse, le volcan, l’éboulis du Bras de la Plaine qui a entraîné des coupures d’eau sur le réseau d’irrigation.
Pour remonter la pente, « nous avons sollicité l’indemnisation au plus vite des planteurs », indique le Président de la Chambre d’Agriculture. Autre proposition : une simplification des procédures relatives à la replantation et une augmentation de la participation de l’Etat. Le montant revendiqué est de 2.500 euros par hectare.
« Il faut que le coût de production baisse, il faut faire la transparence sur le prix des entrants », souligne-t-il. Jean-Yves Minatchy compte sur l’Observatoire des prix et des revenus pour que chacun joue carte sur table, notamment pour le prix des engrais.
Le président de la Chambre d’Agriculture veut également que les promesses soient tenues. Cela concerne par exemple l’interconnexion du Bras de Cilaos et du Bras de la Plaine pour irriguer une vaste zone de Saint-Pierre aux Avirons. Il demande que les 700 hectares équipés à la Ravine des Cabris soient mis en service car les vannes sont là.

« 2,491 millions de tonnes en 1982 »

Jean-Yves Minatchy souhaite également que soit activée la mise en route de la coupeuse de canne développée par la Coopérative des Avirons. Cette machine pourra travailler sur des surfaces pentues. Et elle contribuera à faire face à la diminution structurelle du nombre des coupeurs. La moyenne d’âge de ces derniers est comprise entre 45 et 50 ans. « C’est un métier difficile, et ces coupeurs vont un jour disparaître ». Il note également que la mécanisation permettra de maintenir un rythme de production élevé en été, à une période où la chaleur influe négativement sur le rendement des coupeurs.
Pour Jean-Yves Minatchy, la priorité est un plan de relance de la filière, comparable à ce qui s’est fait entre 1974 et 1982. « En 1978, nous produisions 2,3 millions de tonnes, et 2,491 millions en 1982 ». L’objectif de ce plan est de permettre à La Réunion d’atteindre le quota prévu par l’Union européenne, soit 300.000 tonnes de sucre.
Un objectif possible avec la mise en service de plusieurs secteurs irrigués, précise Jean-Yves Minatchy.
« Il faut que tous les responsables comprennent que les trois poumons de l’économie de La Réunion sont la CCIR, la Chambre des métiers et la Chambre d’agriculture », poursuit-il, soulignant que des moyens doivent être dégagés pour faire reculer le chômage qui atteint 30% des travailleurs.
Pour conclure, le président de la Chambre d’Agriculture affirme que « nous n’allons pas rester les bras croisés » face à l’évolution de l’OCM-Sucre.

À suivre

Manuel Marchal


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