
Salim Lamrani s’entretient avec le Professeur Bruno Guigue sur la Chine-3
2 juillet, parLa troisième et dernière partie de la causerie sur la Chine réalisée avec Bruno Guigue à l’UNR : https://www.youtube.com/watch?v=GkqvlqFEuOM&t=
Cinq années pour se remettre d’une campagne 2007 désastreuse - 1 -
4 décembre 2007, par
Dans son édition de samedi, “le Quotidien” mettait en évidence une phrase de Florent Thibault, secrétaire général du syndicat des industriels du sucre : « il faudra cinq bonnes campagnes pour oublier les conséquences de celle de 2007 ». Telle était la position des usiniers vendredi à l’heure où les moulins de Bois-Rouge broyaient leurs dernières cannes. Or, dans cinq ans, la situation sera très différente pour la canne à sucre. Pendant que La Réunion sera dans la stagnation, les pays voisins vont continuer d’avancer. L’actuel OCM-Sucre sera en phase de re-négociation car il ne s’applique que jusqu’en 2014. En 2012, la Tanzanie, le Mozambique, Madagascar pourront massivement exporter sans droit de douane ni quota leur sucre vers l’Union européenne. Pour Maurice, il ne restera que trois ans pour se préparer à affronter les prix du marché du fait de la suppression du Protocole Sucre. Les usiniers présents à La Réunion ont d’ores et déjà anticipé cette échéance. Depuis quelques années, ils investissent notamment en Tanzanie. D’ici 2010, ce pays prévoit de produire 550.000 tonnes de sucre, avec un coût de fabrication très nettement inférieur à celui de La Réunion, et un accès au même marché : l’Europe.
Vendredi lors de la fermeture de Bois-Rouge, représentants des usiniers et des planteurs sont unanimes. La campagne 2007 est désastreuse, et il faut remonter à 50 ans pour retrouver une aussi faible récolte, à peine supérieure à 1,5 million de tonnes. Les causes invoquées : le climat, le volcan, la sécheresse. C’est donc, selon les usiniers, un accident. Un accident qu’ils avaient intégré dans leurs prévisions, un épisode déjà “programmé” selon Florent Thibault, secrétaire général du syndicat des industriels du sucre.
Néanmoins, bien que cela soit un accident, il faudra cinq ans à la filière pour s’en remettre, indique le représentant des usiniers. Cinq ans, cela amène à 2012. Ce qui veut dire qu’en 2012, la filière retrouverait sa situation d’avant Gamède, soit environ 1,9 million de tonnes de cannes, pour produire un peu moins de 205.000 tonnes de sucre. C’est donc sur cette base que se situera la filière canne-sucre réunionnaise dans cinq ans, au moment où il sera question de renégocier le quota et le prix d’achat du sucre que voudra bien payer l’Union européenne.
Les bouleversements de 2012
L’actuel OCM-Sucre avait été marqué par une baisse du prix du sucre de 36%. Il avait débouché sur une nouvelle convention pour fixer le prix de la canne. Mais dans cinq ans, beaucoup de choses auront changé par rapport à la précédente négociation.
En effet, en 2012, La Réunion se présentera aux discussions dans la même situation qu’en 2005-2006 : même production, même outil industriel, la structure n’a pas évolué, tout comme le prix payé par les usiniers pour acheter la canne.
Par contre, chez les pays voisins producteurs de sucre, la situation sera extrêmement différente, c’est en effet une dynamique bien amorcée. Ainsi, il ne restera plus que deux ans à Maurice pour se préparer à affronter les prix du marché. La faute au démantèlement du Protocole Sucre, c’est une décision unilatérale de l’Union européenne (1). C’est pourtant un accord vieux de plus de trente ans, mais il n’a pas pesé lourd face aux injonctions de l’Organisation mondiale du commerce qui veut imposer le libre-échange, et qui se traduisent par les négociations des APE.
Pour faire face à cette échéance, Maurice veut restructurer toute la filière de manière assez révolutionnaire.
Autre changement spectaculaire, c’est la croissance exponentielle de la production sucrière en Tanzanie, au Mozambique, au Malawi ou en Zambie.
Dans cinq ans, ces quatre pays fourniront 600.000 tonnes de plus, qui pourront entrer sans quota ni droit de douane sur le marché de l’Union européenne. C’est la conséquence de l’initiative “Tout sauf les armes” lancée par l’Union européenne en réponse à l’AGOA des Etats-Unis, et qui permet aux pays dits “les moins avancés” de bénéficier d’un accès sans entrave au marché européen. Pour le sucre, “Tout sauf les armes” s’applique à partir de 2009. Cela ne pourra qu’avoir un impact sur les négociations du prochain OCM-Sucre, car le sucre vendu par ces pays a un coût de revient inférieur (voir encadrés). Le précédent du Protocole Sucre est là pour rappeler qu’un accord préférentiel n’est pas éternel. L’objectif des tenants de la mondialisation ultra-libérale est d’arriver à faire du prix du marché le prix de référence pour le sucre.
Dans un tel contexte, se pose alors la question de savoir si les importations massives en Europe venant des pays dits « les moins avancés » ne vont pas entrer en concurrence avec le sucre de La Réunion, où le coût de production est plus élevé. Or, si l’orientation ultra-libérale de l’Union européenne persiste, qui, parmi ses 27 Etats membres, aura intérêt à acheter le même produit plus cher ? Qui acceptera de financer à nouveau un fonds de compensation ? Voici les conditions probables dans lesquelles s’engageront les négociations. C’est dire tout l’enjeu de la bataille qui s’annonce.
L’usinier gagnant quoi qu’il arrive
Il est à noter que le groupe Quartier-Français, qui contrôle les deux usines de La Réunion, a déjà anticipé sur cette situation. Avec un groupe mauricien, il a par exemple investi en Tanzanie, dans la société Tanganyka Production. C’est un domaine agricole comprenant 5.800 hectares de cannes. C’est aussi une usine qui produit actuellement 60.000 tonnes de sucre. Mais dans trois ans, l’objectif affiché est de 100.000 tonnes, soit la moitié de celle de La Réunion, avec un accès sans quota ni droit de douane au marché européen.
Et globalement, la Tanzanie ambitionne de produire 550.000 tonnes de sucre dans trois campagnes, soit bien plus que sa consommation domestique évaluée à 380.000 tonnes.
Autrement dit, quoi qu’il en soit, l’usinier présent à La Réunion est gagnant sur tous les tableaux. Il pourra toujours écouler son sucre vers l’Union européenne, il n’a donc rien à craindre de ce qui se passera au cours et au-delà des cinq prochaines années. Car pendant que la filière canne-sucre va mettre cinq ans à se remettre d’une campagne sucrière désastreuse, la production et les profits de l’usinier continueront d’augmenter ailleurs, avec d’importantes marges de progression pour les années suivantes.
Pour le planteur, la situation est totalement différente.
(à suivre)
Manuel Marchal
(1) Voir “Témoignages” du 26 septembre 2007 : “L’Union européenne démantèle le Protocole Sucre”
Un marché sucrier européen perturbé dans cinq ans
600.000 tonnes de plus pour le Malawi, le Mozambique, la Tanzanie et la Zambie
Voici l’analyse que fait le Centre Technique de Coopération Agricole et Rurale ACP-UE au sujet de l’entrée sans quota ni droit de douane du sucre en provenance des pays dits « les moins avancés ».
« Les plans visant à l’extension de la production sucrière au Soudan, en Éthiopie, au Mozambique, au Malawi, en Zambie et en Tanzanie pourraient aboutir à un gonflement de l’approvisionnement en sucre et perturber en 2012 la gestion du régime transitoire du marché du sucre de l’UE. Bien entendu, cette évolution dépendra entièrement de la quantité de sucre destinée au marché de l’UE et de la mise en œuvre effective des plans concernés. À l’évidence, les plans visant à augmenter la production de plus de 600.000 tonnes au Malawi, au Mozambique, en Tanzanie et en Zambie pourraient se concrétiser car des canaux de commercialisation ont été prévus vers l’Union européenne. »
Selon “le Betteravier français”
La Tanzanie : 550.000 tonnes de sucre dans trois ans
Dans son numéro d’avril 2006, le “Betteravier français” donnait un coup de projecteur sur la restructuration de la filière canne-sucre en Tanzanie. C’est dans ce pays qu’a investi le groupe Quartier-français.
« La Tanzanie apparaît comme le pays disposant du potentiel le plus important. En effet, la présence des expertises sud-africaine et mauricienne, la réorganisation de la filière, la disponibilité en terre, et la possibilité de passer en système irrigué laissent entrevoir une augmentation de la production locale dans les années à venir.
Les coûts de production aujourd’hui encore un plus élevés que les pays voisins (Malawi, Zambie) pourraient se réduire substantiellement avec une meilleure organisation des petits planteurs et la mise en place de la co-génération au niveau des usines.
Ainsi, outre un projet nouveau de production de l’ordre de 110.000 tonnes, le Sugar Board of Tanzania, organe rassemblant l’ensemble des acteurs de la filière, prévoit une production de l’ordre de 550.000 tonnes à l’horizon de 2010 en misant sur une augmentation de la production dans les usines existantes. Ces chiffres sont probablement optimistes mais l’industrie dispose d’un réel potentiel pour augmenter sa production et, au moins dans un premier temps, satisfaire la demande locale. »
La troisième et dernière partie de la causerie sur la Chine réalisée avec Bruno Guigue à l’UNR : https://www.youtube.com/watch?v=GkqvlqFEuOM&t=
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