Les usiniers et le développement durable

Production de bio-carburant dans deux ans ?

26 juin 2008, par Manuel Marchal

La dernière ’Lettre des industriels du sucre de La Réunion’ fait état de la manière dont les usiniers voient la filière s’inscrire dans le cadre des différents projets structurants concernant La Réunion : SAR, PR2D, Réunion Île verte et Réunion 2030. Elle annonce le projet de production d’agro-carburant de deuxième génération, à partir de la mélasse.

Intitulé "La canne à sucre, pilier de l’agriculture durable", le dernier numéro de la "Lettre des industriels du sucre de La Réunion" décrit la vision qu’ont les industriels de l’intégration de la filière canne au sein de différents projets structurants : le SAR, le Plan réunionnais de développement durable, La Réunion Île verte et Réunion 2030.
La publication comporte également une interview de Nassimah Dindar, présidente du Conseil général, et de Philippe Berne, vice-président de la Région délégué à l’aménagement. Les questions portent essentiellement sur le foncier agricole.
Secrétaire général du Syndicat des fabricants de sucre, Florent Thibault met l’accent sur la volonté du Conseil général de reconquérir les terres en friche, et de protéger les zones irriguées. Il souligne la convergence de vues des deux collectivités quant à la préservation de 50.000 hectares de terres agricoles à l’horizon 2030, notamment par le biais de compensation.
Pour en revenir au thème mis en avant par les industriels, c’est-à-dire celui de la cohérence entre le développement de la filière et les plans structurants, « la filière canne-sucre est à la croisée de ces documents », indique Xavier Thiéblin, président du Syndicat des fabricants de sucre de La Réunion. Ces projets identifient des secteurs stratégiques pour le développement du pays. Et la filière est impliquée dans plusieurs d’entre eux.
La chimie verte s’inscrit dans l’agro-nutrition éligible dans les zones franches globales d’activité prévues dans la future loi-programme, avec les recherches dans la chimie verte. Concernant les énergies renouvelables, outre la bagasse, Xavier Thiéblin évoque le projet de production d’agro-carburant de nouvelle génération à partir de la mélasse. Xavier Thiéblin précise que ce projet a été présenté à la Région et qu’il permettra d’incorporer 2 à 3% d’agro-carburant dans l’essence et le gasoil.
Ceci contribuera à l’autonomie énergétique d’une part, et d’autre part permettra "à la marge" d’augmenter la prime bagasse.
Enfin, concernant le tourisme, autre secteur stratégique éligible aux zones franches d’activités, Xavier Thiéblin insiste sur les paysages, la vente de sucre et de rhum au sein des structures d’hébergement, ainsi que sur le tourisme industriel via les visites d’usines de valorisation de la canne (Bois-Rouge et le Gol).
La lettre sera diffusée auprès des décideurs, à La Réunion, mais également en France et auprès des instances de l’Union européenne.

M.M.


Augmentation "à la marge de la prime bagasse"

Xavier Thiéblin indique que la production industrielle d’agro-carburant permettra "à la marge" d’augmenter la prime bagasse des planteurs.
Cette prime bagasse « tient compte d’une estimation forfaitaire de la valorisation des co-produits au-delà de la valeur déjà prise en compte dans le prix industriel de base de la tonne de canne ». En clair, cette prime est la rémunération du planteur pour sa production de bagasse, qui, comme le rappellent les usiniers dans leur dernière lettre « représente un sixième de l’électricité consommée annuellement dans notre île. »
L’an dernier, la prime bagasse avait été fixée à 1,80 euro par tonne de canne produite, soit un montant total d’environ 2,79 millions d’euros.
Il est intéressant de comparer ce montant à celui qu’a de la production d’électricité à partir de la bagasse. Si l’on se réfère au Rapport annuel de Séchilienne-Sidec 2007, les centrales du Gol et de Bois-Rouge ont consommé 468.545 tonnes de bagasse qui ont servi à produire 237.963 mégawattheures. Sur cette base, pour chaque mégawattheure produit, un planteur reçoit donc 11 euros, soit 1 centime du kilowattheure.
Concernant l’agro-carburant, que représentent 3% de la consommation en essence ou gazole ? Selon l’Observatoire de l’Energie Réunion, en 2006, notre île a importé 454.786 tonnes d’essence, de gazole et de fioul léger. L’intégration d’agro-carburant dans ce total représenterait donc plus de 13.000 tonnes. Quelle sera la part des planteurs sur cette nouvelle richesse ? La question reste posée.


« La vache de Savoie comme la canne à sucre... »

Concernant les incertitudes de l’après 2014, la canne à sucre est comparée à la vache de Savoie, défendue au plus haut niveau par Michel Barnier, ministre de l’Agriculture. Voici pourquoi :
Ce qu’il (Michel Barnier - NDLR) caractérise en Métropole par la vache de Savoie, filière qui correspond, dans le contexte des DOM, exactement à la canne à sucre : elle est multifonctionnelle, contribue au développement d’une zone de montagne qui subit la pression de l’urbanisation et trouve sa place dans les zones difficiles pour l’agriculture. Un positionnement français encourageant pour la culture traditionnelle de La Réunion.

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