Aujourd’hui, élection du président ou de la présidente du Département

Quel positionnement sur la décentralisation ?
Sur le R.M.A. ? Et sur le basculement ?

1er avril 2004

Ce matin, les conseillers généraux éliront leur président ou leur présidente. Quel que soit l’homme ou quelle que soit la femme qui va remporter ce “troisième tour”, les questions les plus importantes sont celles-ci : quel va être le positionnement du Conseil général sur le dossier de la décentralisation ? sur celui du revenu minimum d’activité (RMA) ? sur celui du basculement ?

Ce matin, les conseillers généraux de La Réunion se réuniront au palais de la Source à Saint-Denis pour élire le président ou la présidente du Département. La question de savoir si ce sera un homme ou une femme, ou alors un conseiller général sans aucun autre mandat ou un conseiller général occupant également la fonction de maire, n’est, somme toute, pas le plus important.
En effet, la question principale qui se pose est de savoir quel sera le positionnement de la collectivité sur les dossiers extrêmement importants qu’elle devra gérer.
Une fois élu(e), le président (ou la présidente) devra - nécessairement et obligatoirement - faire “une déclaration de politique générale”, un peu dans le style de ce que devrait faire le Premier ministre, devant le Parlement, une fois le gouvernement composé.
Cette “déclaration de politique générale” du Département est attendue. Elle permettra de savoir si la nouvelle équipe dirigeante du Département a réellement entendu les protestations des Réunionnaises et des Réunionnais, les 21 et 28 mars. Et comment elle veut prendre en compte l’avertissement qui lui a été envoyé.
Les trois prochaines années, avant le prochain renouvellement par moitié du Conseil général, connaîtront l’application de dossiers d’une extrême importance pour le développement de La Réunion, pour l’avenir des Réunionnais. La prise de position de la nouvelle équipe, aujourd’hui, au moment de l’élection, est donc essentielle.

Sur la décentralisation

Premier de ces dossiers, tant par sa gravité que par le fait qu’il se joue mercredi prochain à l’Assemblée nationale : celui de la décentralisation. En fait, du transfert de compétences aux collectivités locales.
Jusqu’à présent, la position du Conseil général avait été assez “molle” ; en substance : “on n’est pas demandeur, mais on fera avec”. Qu’il s’agisse des routes, qu’il s’agisse du RMA et du RMI, qu’il s’agisse des TOS, qu’il s’agisse du transfert des ressources financières, on n’a pas assisté, jusqu’à maintenant, à une prise de position franche. Plutôt un “consensus mou” avec la politique gouvernementale, des “avis” peu constructifs, se réfugiant parfois derrière les positions de l’Association des Départements de France. Et sans aucune analyse de la situation réunionnaise, ô combien loin de celle des départements de France métropolitaine.
Quelle va donc être la position de la nouvelle équipe départementale, par exemple, sur la question du transfert des Techniciens, Ouvriers et de Service (TOS) ? Va-t-elle saisir le gouvernement et le président de la République sur la question ? Va-t-elle demander aux parlementaires UMP, notamment les députés René-Paul Victoria, Bertho Audifax et André Thien-Ah-Koon, de “monter au créneau” mercredi prochain, à l’assemblée nationale ? Va-t-elle leur demander explicitement de ne pas voter ce texte ?
Cette question devra nécessairement être abordée aujourd’hui, à l’issue du vote. Si elle ne l’était pas, ce serait d’une part une première indication sur la façon dont la nouvelle équipe dirigeante a pris en compte - ou non - l’avertissement lancé par les Réunionnais et, d’autre part, sur la motivation profonde de son engagement.
Le “mea culpa” effectué par une partie de la classe politique de droite va-t-il rester à l’état de simple déclaration ou se concrétiser ?
Autres points essentiels sur lesquels la nouvelle direction du Conseil général devra se prononcer : la gestion décentralisée du RMI et de la création du RMA ainsi que les suites du chantier du basculement des eaux d’Est en Ouest (voir nos encadrés) .

D. B.


Quelle position sur le R.M.I. et sur le R.M.A. ?

Deuxième autre dossier, indépendant de celui des transferts de compétences, puisque voté à part : celui de la gestion décentralisée du RMI et de la création du RMA. Là dessus, bon nombre de Réunionnais attendent le positionnement de la nouvelle équipe dirigeante du Département.

Jusqu’à présent, la position du Conseil général sur la décentralisation du RMI-RMA était celle d’un élève attentif à la parole gouvernementale. Quelle a été la prise en compte, par le Département, des refus répétés des associations de chômeurs, précaires et exclus ? Des syndicats ? Des partis politiques de gauche ? Une prise en compte que l’on ne peut que qualifier de “moindre” - pour ne pas dire inexistante.
Aujourd’hui, la question reste toujours posée : la décentralisation du RMI va-t-elle ou non “plomber” les finances du Département ? Comment la collectivité locale va-t-elle pouvoir faire face aux dépenses supplémentaires entraînées par l’augmentation prévisible du nombre d’allocataires ?
Le Département va-t-il augmenter la fiscalité pour y faire face ? Va-t-il rester sur la position du président sortant, qui expliquait que la TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers) allait être là pour financer l’opération ?
Rappelons que ce même Jean-Luc Poudroux précisait que si pour 2004, il n’y aura pas de problème, c’est pour 2005 (et les années suivantes) que la question allait être à l’ordre du jour. Quelle sera l’orientation du nouveau président (ou de la nouvelle présidente) qui devra gérer le dossier sur les trois ans à venir ?
On attend la prise de position de la nouvelle équipe dirigeante sur cette question.

Et pour le R.M.A. ?

Cette nouvelle équipe dirigeante va-t-elle emprunter la voie tracée par le président sortant, à savoir celle de “la sélection” des allocataires du RMI pour “passer” au RMA, sélection effectuée sur le niveau de qualification ? Va-t-elle opter pour le même raisonnement que le président sortant : va-t-on sélection les 20% d’allocataires du RMI ayant “le niveau bac” pour les “basculer” au RMA ?
Va-t-elle vouloir “sélectionner” les entreprises qui accueilleront ces jeunes ? Va-t-elle compter sur "l’attractivité" du RMA pour résoudre le dossier du financement du dispositif décentralisé du RMI ?
Va-t-elle se réfugier derrière le fait que les décrets d’application ne sont toujours pas parus (au 31 mars ?). Ou va-t-elle prendre une toute autre direction ?
Là encore, la réponse est attendue.

D. B.


Quelle position sur le basculement des eaux ?

La nouvelle équipe dirigeante du Département sera-t-elle "de nature optimiste" comme l’était le président sortant du Conseil général, qui estimait que l’on était proche "du bout du tunnel" dans le dossier du basculement des eaux d’Est en Ouest ?
Cette équipe va-t-elle dire, elle aussi, qu’en 2005, on procédera à la "mise en eau des antennes 3, 6 et 8"...?.
Quelle position prendra-t-elle sur le financement ? Va-t-elle nous expliquer, à sont tour, qu’il n’y a pas de problème puisque "l’État va participer comme avant". Voire plus, via une “aide” du ministère de l’Agriculture. Va-t-elle nous dire que l’Europe continuera à financer l’opération, sans broncher ?
Va-t-elle aussi justifier le "surcoût énorme" de plus de "20%" du montant initial par le fait que, quand on fait des travaux souterrains, on ne voit pas, par définition, ce qu’il y a au dessous de la surface ?
Quelle position adoptera-t-elle sur la demande d’une commission d’enquête, demandée par le PCR, sur ce dossier ? Va-t-elle publier un réel bilan financier de cette opération ?
Là encore, on attend une réponse de la nouvelle équipe dirigeante.

D. B.


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