Un syndicaliste condamné à 12 mois de prison avec sursis

Répression des planteurs : le retour aux méthodes du passé ?

28 juin 2008, par Manuel Marchal

La condamnation de Jean-François Sababady n’est pas sans rappeler une époque que l’on croyait révolue. Celle où lorsque les planteurs luttaient pour avoir droit à un revenu digne, ils étaient la cible de la répression systématique.

La bataille des planteurs a pris hier une tournure judiciaire avec la condamnation de Jean-François Sababady, porte-parole de l’Intersyndicale, à 12 mois de prison avec sursis.

La forme est également pour le moins surprenante. L’épouse du syndicaliste évoque un déploiement de forces impressionnant, avec des hommes armés de fusils venus l’interpeller à son domicile avant de le conduire au Palais de Justice.

Hier matin, Jean-François Sababady a été jugé en comparution immédiate, et condamné à 12 mois de prison avec sursis. Selon les éléments diffusés hier, il s’avère que cette condamnation est liée à des actes de dégradation de plusieurs plates-formes de livraison dans l’Est mercredi dernier.

Hier devant le tribunal, de nombreux planteurs sont venus manifester leur soutien à leur camarade. Guy Derand a pour sa part dénoncé le fait que l’on cherche à tout prix un bouc-émissaire. En tout cas, force est de constater qu’entre les faits et la condamnation, à peine 48 heures se sont écoulées.

Quoi qu’il en soit, cette répression n’est pas sans rappeler les méthodes du passé, à l’époque où toute forme d’expression démocratique était interdite et combattue par les gouvernements et ses relais locaux à La Réunion. Lorsque les planteurs manifestaient pour demander à l’usinier une plus juste répartition des richesses de la canne, ils étaient la cible d’une féroce répression. Des planteurs ont ainsi même été tués par la répression.

Plusieurs planteurs ont aussi été condamnés à des peines de prison, pour avoir participé à un mouvement revendicatif. D’autres ont été enfermés des mois sans jugement. Souvenons-nous par exemple de Jérôme Lusinier, récemment décédé. Dans un ouvrage publié par le GRAHTER, il raconte que parce qu’il avait participé à des manifestations aux côtés des planteurs, il a passé 3 mois en prison en 1965. Les planteurs demandaient juste le droit de vivre dignement de leur travail.

Aujourd’hui, les planteurs ne peuvent que constater que le blocage du prix de la canne va faire diminuer leurs revenus du fait de l’augmentation de leurs charges : hausse du prix du gazole, doublement du prix de l’engrais. Même les aides sociales ne permettent pas de compenser ces hausses. Par conséquent, les planteurs demandent donc de revoir le mode de répartition des richesses de la canne avec l’usinier. Ils revendiquent le droit de vivre dignement, de toucher le même revenu qu’en 2006, date de la dernière campagne sucrière épargnée par les aléas climatiques.

Parce qu’ils veulent une répartition plus juste des richesses de la canne, les planteurs sont alors accusés par les usiniers de mener des « combats d’arrière-garde ». Et le mouvement revendicatif prend de l’ampleur, après l’Est, il touche désormais le Sud, comme l’a montré la manifestation de jeudi devant l’usine du Gol.

Alors que les usines se préparent à tourner, un syndicaliste est la cible de la répression. Est-ce un retour aux méthodes du passé ?

Manuel Marchal


Cour d’Assises : deux gendarmes acquittés
Jean-François Sababady : 12 mois avec sursis

Deux gendarmes reconnaissent avoir commis un crime : ils sont acquittés. Un planteur est accusé d’avoir dégradé du matériel : 12 mois avec sursis.
Le verdict concernant Jean-François Sababady, venant le lendemain de celui de la Cour d’Assises, ne manquera pas de susciter des interrogations.

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