
Les sites classés à l’Unesco menacés par un risque grave lié à l’eau
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Entretien avec Jean-Julius Métanire, planteur, responsable de la CGPER
16 juillet 2005
“Témoignages” a rencontré M. Jean-Julius Métanire, président de la Fédération Nord-Ouest de la CGPER, pour connaître son point de vue au sujet de l’avenir de la filière canne à La Réunion.
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Vous siégez à la Commission paritaire de la canne et du sucre (CPCS) avec d’autres représentants des planteurs. Depuis le 22 juin, cette assemblée s’est réunie deux fois pour examiner l’avenir de la filière canne/sucre dans le cadre de la réforme de l’OCM. Avez-vous le sentiment que La Réunion ait quelque chose à attendre de l’Europe dans la défense de sa filière ?
- Jean-Julius Métanire : Franchement, déjà depuis la CPCS élargie du 27 juin, en écoutant parler Jean-Claude Fruteau notamment, le doute et le pessimisme se sont installés dans mon esprit. Il n’a pas remis en cause le Mémorandum, mais il a dit qu’il ne fallait pas faire de sentiment. Il pense qu’il faut que nous nous battions sur des points techniques et il estime qu’on a déjà beaucoup gagné. Je ne vois pas en quoi.
La Réunion représente 1% de la production de sucre européen. On ne pèse pas lourd. Et nous n’avons plus de quota ; seul reste un quota général de 480.000 tonnes pour l’ensemble des DOM. Et comme la compensation, dans le cadre du P.O.S.E.I.DOM, est calculée en fonction de ce que l’on a fait l’année d’avant, si cette année par exemple le quota DOM n’est pas atteint, l’année prochaine, la compensation sera amputée d’autant. Lors de la dernière CPCS, M. Chaud n’a pas pu nous dire par exemple ce que seraient la part des industriels et celle des planteurs.
C’est là un des points qui vous inquiètent beaucoup ?
- L’aide à l’écoulement de 23 millions d’euros, ce qu’elle est jusqu’à présent, est amputée de 8,5 millions, ce qui ramène les industriels à environ 15 millions. Ces 15 millions sont-ils dans les 44 millions de la compensation ?
Nous avons entendu dire que dans les 44 millions, il y a une partie pour les industriels : si ce n’est pas les 15 millions de l’aide à l’écoulement, qu’est-ce que c’est ? Je ne pense pas que les industriels soient mal préparés devant cette réforme.
Nous, nous sommes des petites entreprises, mais les industriels sont mieux armés. Ils vont à Bruxelles quand ils veulent. On a le sentiment qu’ils mènent un chemin parallèle. Aux CPCS, on n’a pas l’impression qu’ils sont plus inquiets que cela devant ce qui arrive. Ce qui prouve qu’ils mènent leurs affaires par ailleurs. Ils sont mieux lotis que nous, c’est sûr.
Est-ce que la réforme de l’OCM-Sucre ne peut pas être l’occasion de réaliser plus de justice dans la filière, en réorganisant ce qui doit l’être ?
- Nous pensons en effet, à la CGPER, que s’il y a réforme, il faut aller en profondeur. Cela fait des années que le prix de la tonne de canne n’a pas augmenté. À côté, les coûts de production augmentent tous les ans. Avec la réforme, on ne voit pas comment faire face à tout cela.
Les coopératives font des bénéfices à 150% sur le dos des planteurs. Quand on voit les mêmes produits dans des coopératives de France, on se dit qu’il y a un problème.
Pour l’irrigation, c’est pareil. Si je décide de ne plus passer par la SAPHIR pour essayer de faire jouer la concurrence, je suis refoulé ! Bourbon Plastique répond qu’elle a un contrat d’exclusivité avec la SAPHIR. Il y a très peu de sociétés et elles ont verrouillé le marché.
Si on s’amuse à commander ailleurs, on n’a pas de subvention du Conseil général. Parce qu’il faut faire tourner les entreprises locales. C’est ce qu’on nous répond, à nous. Mais à côté, on laisse d’autres importer les maraîchages que nous produisons et nous n’arrivons pas à écouler notre
production. Il y a deux poids et deux mesures.
Que pensez-vous de la proposition de revoir le partage des sous-produits de la canne ?
- Rien n’est vraiment clair aujourd’hui à ce sujet. Deux grosses centrales fonctionnent avec la bagasse, qui est pratiquement gratuite. On s’est bagarrés, avec la CGPER, pour récupérer quelque chose et on a obtenu au début une ristourne de 5 francs par tonne de canne.
En 2001, on s’est bagarrés pour doubler ce prix. On ne l’a pas obtenu parce que les autres syndicats nous ont cassé. C’est typique de La Réunion ça, dès que quelqu’un bouge un peu. N’empêche, on a obtenu 1 franc de plus, qui nous amène à près d’un euro la tonne.
Est-ce qu’à votre avis un audit pourrait mettre un peu de lumière sur la question ?
- Il faut qu’on arrive à savoir quelle est la part des industriels et quelle est la part des producteurs de cannes. Aujourd’hui, on nous parle d’une richesse moyenne de 13,8 justifiée à l’époque par des experts.
Mais cela aussi est peut-être à revoir. De même qu’il faut voir de plus près ce qu’on peut tirer d’autre de la canne.
Beaucoup, dans le monde agricole, et notamment les autres syndicats de planteurs, ont une attitude fataliste. Ils ont déjà accepté. Je trouve que cela pose un problème d’identité : est-ce qu’ils sont des syndicats agricoles ou des pantins manipulés ?
La situation est grave aujourd’hui. Il y a un combat à mener. Rien n’est gagné mais rien n’est perdu. Il faut se défendre bec et ongle. La filière canne-sucre est une des mieux structurées de La Réunion et c’est un pilier de notre économie. Il est inadmissible de rester les bras croisés en laissant le destin s’abattre sur nous.
Avec ou sans les autres, la CGPER va se battre. Les usiniers mènent leur affaire de leur côté, les autres syndicats sont inexistants ; on se retrouve seuls en face de bureaucrates et c’est à nous de prendre notre avenir en main.
Devant la réforme, quel devrait être selon vous le rôle du gouvernement français ?
- L’ancien ministre de l’Agriculture n’avait pas voulu s’engager plus avant parce que l’Europe n’avait pas fait connaître le montant de la compensation. Mais maintenant qu,il est connu, quelle va être la part de l’État en plus des 44 millions d’euros ? À lui maintenant de prendre la mesure des différents éléments pour aller vers une compensation intégrale.
Des planteurs ont fait des investissements sur dix ou quinze ans, voire plus ; la réforme va s’étaler sur quatre ans et au-delà de 2014-2015, il n’y a plus d’engagement sur la compensation. Les jeunes qui ont fait des investissements sur le foncier les ont fait sur trente ans.
Cela va être très dur, mais il faut se battre quand-même. Je ne voudrais pas qu’on nous dise un jour que la canne est passée par une phase critique et que nous avons baissé les bras. Nous sommes une RUP, une région en développement. Nous avons des atouts. Même si l’Union européenne ne fait
pas de canne à sucre, il n’est pas dans son intérêt de couler une région entière.
C’est à nous de nous battre. Et en dernière instance, ce sont les États-membres qui vont décider. La vraie bataille s’est engagée. S’il y a quelque chose à gagner, c’est maintenant. En novembre, il sera trop tard.
Propos recueillis par P. David
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