Hier à Mahavel, c’est une première grande victoire dans une bataille de 20 ans qui a été saluée hier par une trentaine de planteurs autour de Jean-Yves Minatchy. Depuis le 24 décembre, 13 exploitations d’une superficie totale de 44 hectares sont raccordées au réseau du Bras de la Plaine.
Le président de la Chambre d’agriculture rappelle la nécessité de l’irrigation pour l’agriculture. « Avec la sécheresse continue, les planteurs ne récoltent que 40 tonnes de cannes par hectare, avec l’irrigation, le rendement pourra monter à 110 tonnes par hectares », précise-t-il.
Et de déplorer que mis à part le basculement des eaux d’Est en Ouest, « les projets d’irrigation traînent trop ».
L’exemple des 670 hectares de Mahavel, Dassy et Ravine des Cabris en est l’illustration. Il a fallu bataillé pendant 20 ans pour que les premières parcelles soient irriguées. « C’est vraiment révoltant », constate Jean-Yves Minatchy, car « une canalisation d’un mètre de diamètre passe sous le nez des planteurs en train de mourir de faim ». Et pendant 20 ans, l’eau de cette canalisation est restée interdite aux agriculteurs. Certains planteurs n’ont pas eu la chance de vivre jusqu’à l’arrivée de l’eau sur leur exploitation, déplore le président de la Chambre d’agriculture.
« En 2000, nous avions manifesté devant le Conseil général pour que les planteurs survivent, et l’inteconnexion du Bras de la Plaine et du Bras de Cilaos n’est toujours pas effectué ».
« L’irrigation est incontournable pour l’agriculture réunionnaise », ajoute le président de la Chambre d’agriculture, appelant de ses vœux une réunion avec tous les services concernés pour que tous les projets sortent des tiroirs.
Jean-Yves Minatchy rappelle que des jeunes ont la volonté de reprendre l’exploitation familiale. « Les gens ont la volonté de travailler, dans un pays où le taux de chômage est de 30% et avec la crise actuelle, l’avenir passe par les secteurs productifs comme l’agriculture », souligne le président de la Chambre d’agriculture, « il faut comprendre ce discours ».

Manuel Marchal

20 ans de lutte

Jean-Yves Minatchy rappelle que c’est en 1989 qu’a eu lieu sur place une première réunion de planteurs revendiquant cette extension du périmètre irriguée. La mobilisation était conduite par le regretté Georget Ablancourt.
Deux ans plus tard, une première étude était effectuée par le SUAD de la Chambre d’agriculture, suivie l’année suivante par des rapports du SUAD et du CIRAD.
La mobilisation des planteurs a été notamment marquée par les visites à Mahavel d’Eric Boyer, alors président du Conseil général, d’un expert de la filière canne du gouvernement, et du préfet de l’époque.
En 2001, 10 ans après la première étude, le Conseil général s’est engagé sur une extension de 670 hectares du périmètres irrigué par le Bras de la Plaine. Cela concerne notamment 170 hectares à Mahavel, 320 ha chemin Condé, et 150 ha chemin Stéphane. Cette extension doit se faire en deux parties. Ce sont les 170 ha de Mahavel qui sont déclaré prioritaire, avec le lancement des travaux prévu en 2002, la superficie complémentaire restant à programmer.
Le 14 décembre 2005, une réunion d’information à la mairie de Trois Mares rassemblant notamment le Conseil général et la SAPHIR confirme le périmètre et apporte des précisions techniques. L’eau qui doit desservir Mahavel viendra du réservoir de Dassy, et la zone de Pierrefonds sera alimentée par des forages. Cela permet de régler le désaccord entre le Conseil général et la Mairie de Saint-Pierre.
Aujourd’hui, les travaux de raccordement de Mahavel sont terminés, mais la mise en eau n’est pas effective. La Chambre d’agriculture a demandé à la SAPHIR de lancer les études pour les projets individuels. Finalement, depuis le 24 décembre, et avec un mois de retard, 13 exploitations de planteurs de cannes sont irriguées pour une superficie de 44 hectares. Plus de 600 hectares restent à valoriser, plus de 100 planteurs sont concernés.

L’irrigation : un autre grand chantier

Lors de la conférence de presse d’hier, le président de la Chambre d’agriculture a déploré le retard pris dans l’interconnexion des Bras de Cilaos et du Bras de la Plaine. Ce retard n’a pas seulement des conséquences que pour les agriculteurs. Il est à l’origine de pénurie d’eau dans le Sud. Un problème que peut résoudre une liaison entre ces deux réseaux d’adduction d’eau.
Au moment où la crise entraine un ralentissement de l’activité, l’accélération de tous les chantiers d’irrigation est un moyen de maintenir et de créer des emplois pour le BTP, tout en améliorant le revenu des agriculteurs et en garantissant l’approvisionnement en eau des habitants du Sud.