Conséquence de l’accord de la filière canne-sucre de Maurice avec Südzucker

Sucre blanc : Planteurs et ouvriers actionnaires de 35% d’une raffinerie toute neuve

16 juin 2008, par Manuel Marchal

A Maurice, dès l’an prochain, les planteurs et les ouvriers seront propriétaires de 35% d’une raffinerie qui fera tourner ses machines pour la première fois, ainsi que d’actions dans les deux usines sucrières appelées à être modernisées qui l’alimenteront en sucre roux. Le coût de cette mesure représente 10% du coût de la construction de la raffinerie.

A partir de 2009, Maurice livrera chaque année 400.000 tonnes de sucre blanc à Südzucker. Cet accord signifie pour Maurice que 80% de sa production sucrière sera achetée par le premier acteur européen du marché, après avoir été raffinée à Maurice. Deux raffineries doivent donc être construites pour honorer ce contrat.
L’une d’entre elle le sera par la Société usinière du Sud (SUDS). Les travaux doivent débuter avant la fin de l’année, et le chief executive officier de SUDS a assuré à la presse que la raffinerie sera prête pour la campagne 2009.
Dans son édition du 10 juin, "L’Express" donne un coup de projecteur sur l’autre projet.
La construction de la raffinerie de Flacq United Estates Ltd (FUEL) et de Deep River Beau Champ (DRBC) « devrait débuter dans deux mois pour se terminer en juin 2009 ». Autrement dit, elle sera elle aussi opérationnelle pour la prochaine campagne. L’information essentielle de l’article de "L’Express" est relative à l’actionnariat de cette nouvelle industrie de valorisation de la canne.

Financement par les usiniers et les banques

« Outre les deux sucreries, des planteurs et des employés seront actionnaires dans la raffinerie conformément à l’accord signé entre le gouvernement et la Mauritius Sugar Producers Association (MSPA) en décembre 2007. Les planteurs et les employés détiendront 35% de l’actionnariat », écrit notre confrère.
Rappelons qu’à La Réunion, des planteurs sont actionnaires de la majorité de l’usine de Bois-Rouge et d’une part importante de celle du Gol, mais ce sont des planteurs français de betterave via la coopérative Téréos.
A Maurice, ce sont donc des planteurs mauriciens, ainsi que des employés de l’industrie sucrière mauricienne, qui détiendront 35% d’une raffinerie flambant neuve et des parts dans deux usines sucrières modernisées afin de tirer un maximum de profit de la canne. Et cela d’ici l’année prochaine.
En effet, dans le cadre de son adaptation à la nouvelle donne du marché sucrier, l’île Maurice poursuit une stratégie de concentration industrielle qui ne laissera subsister que quatre usines au lieu de six aujourd’hui. Ces quatre usines traiteront autant de cannes que six, et produiront donc du sucre comme six usines. Cela suppose donc une modernisation de l’outil industriel afin qu’il puisse garantir des gains importants de productivité. Des gains qui, à Maurice, seront partagés avec les planteurs.
« Nous attendons la décision du gouvernement au sujet des représentants des planteurs et des employés dans la raffinerie. Nous ne savons pas si ce sera le Sugar Investment Trust (SIT) ou un autre organisme. Nous avons déjà présenté le projet au SIT, qui est intéressé à être partenaire », déclare Joseph Vaudin, chief executive officer (CEO) de FUEL à "l’Express".
« Les 35% d’actionnariat des planteurs et employés représentent un investissement de Rs 94 millions », écrit "l’Express", soit 2,2 millions d’euros. Cet investissement sera couvert par les "fonds propres" des deux usiniers, et par les banques. Il représente l’équivalent d’un peu plus de 10% du coût estimé de la raffinerie. A un an de sa livraison, son prix est évalué à 21 millions d’euros, pour une capacité de traitement de 600 tonnes par jour, soit 150.000 tonnes par an.
Une partie des investissements viendra des fonds propres de Fuel et de DRBC et l’autre de prêts bancaires.

23 euros en plus par tonne de sucre

« Le projet de raffinerie nous permettra de bénéficier de la valeur ajoutée que représente la vente du sucre blanc, comparé au sucre roux. Cette valeur ajoutée est dans un accès à un marché beaucoup plus grand. Car environ 99% du sucre consommé en Europe est le sucre blanc, que ce soit pour les besoins industriels ou domestiques », explique Joseph Vaudin à "l’Express". « Le sucre blanc devrait représenter l’année prochaine environ Rs 1000 (23 euros) la tonne en plus pour les producteurs sucriers mauriciens par rapport à que ce que le sucre roux aurait rapporté. C’est une stratégie qu’il fallait adopter et qui l’a été. »
Recherche d’une nouvelle valorisation de la canne et des planteurs et ouvriers propriétaires de plus du tiers des usines construites, voici résumé le choix de la filière canne-sucre de Maurice pour relever le défi de la confrontation au prix du marché.
Rappelons que l’accord avec Südzucker, qui permet cette diversification, est le fruit d’une réflexion entamée voici plus de deux ans, quand l’Union européenne a décidé son règlement sucrier. Cette anticipation porte aujourd’hui ces fruits : la filière canne mauricienne est partie prenante dans un partenariat gagnant-gagnant avec un géant du marché sucrier européen.

Manuel Marchal


Campagne 2009 : au moins 450.000 tonnes de sucre

La production de sucre à Maurice atteindra cette année 450.000 à 460.000 tonnes de sucre pour la saison 2008, selon la première estimation du Crop Monitoring Committee de l’industrie sucrière qui s’est réuni vendredi.
La récolte sucrière a démarré en cette fin de semaine à Maurice, dont la production de sucre était de 437.000 tonnes l’année dernière.

Filière canne-sucre-alcools-énergieA la Une de l’actu

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus