Canne à sucre
Sucre : crise de surproduction en Europe
Le principal concurrent de Tereos ferme deux usines en France pour baisser sa capacité de production
« Saint Louis Sucre ne vendra pas ses sites de production. Nous n’arrêtons pas la production de sucre pour la proposer à d’autres acteurs, mais bien pour retirer des capacités du marché », a asséné le président du directoire de Südzucker, Wolfgang Heer, dans un communiqué publié ce 23 mai, suite à l’annonce du concurrent de Tereos de la fermeture de deux usines. C’est une information inquiétante car à la suite de la fin des quotas décidés notamment par la France, l’Europe connaît une surproduction de sucre. C’est dans ce contexte que va se discuter le futur budget européen qui décidera du maintien ou pas des subventions dans l’agriculture, notamment pour la filière canne-sucre.
« Saint Louis Sucre ne vendra pas ses sites de production. Nous n’arrêtons pas la production de sucre pour la proposer à d’autres acteurs, mais bien pour retirer des capacités du marché », a asséné le président du directoire de Südzucker, Wolfgang Heer, dans un communiqué publié ce 23 mai, suite à l’annonce du concurrent de Tereos de la fermeture de deux usines. C’est une information inquiétante car à la suite de la fin des quotas décidés notamment par la France, l’Europe connaît une surproduction de sucre. C’est dans ce contexte que va se discuter le futur budget européen qui décidera du maintien ou pas des subventions dans l’agriculture, notamment pour la filière canne-sucre.
Les prix du sucre européen ont chuté d’environ 30 % sur l’année, dans le sillage de la baisse des cours mondiaux du sucre qui a suivi la levée des quotas sucriers en Europe fin 2017. Südzucker, propriétaire de Saint Louis Sucre qui a publié ses résultats annuels le 16 mai, enregistre pour sa branche sucre une perte de 239 millions d’euros sur l’exercice 2018/19. « Le projet de reprise des sites de Cagny et d’Eppeville débattu dans la presse par la CGB (association des planteurs de betteraves) ne résoudra pas le problème de surproduction », ajoute Südzucker dans son communiqué.
Marché européen excédentaire
Or, la CGB a proposé 30 millions d’euros pour reprendre les deux usines que Südzucker veut fermer. Les betteraviers français espéraient ainsi maintenir 130 emplois dans les deux sucreries ainsi que la culture de la betterave dans les bassins de production autour de ces sites, où travaillent 2 300 planteurs. Mais le président de VSZ, Hans-Jörg Gebhard, avait déclaré à l’issue de cette rencontre qu’ « il serait irresponsable, pour Saint Louis Sucre, de céder des sites », fermant la porte à des négociations.
Südzucker n’a pas hésité à expliquer que le but de l’opération était de « retirer des capacités de production du marché européen », faisant valoir que « la France représente un marché excédentaire [qui] produit deux fois plus de sucre qu’elle n’en consomme ».
Les salariés accusent le groupe de faire une restructuration en arrêtant totalement la production de sucre, mais en gardant juste du stockage dans les usines, afin de contourner la loi Florange, qui impose à tout employeur d’une entreprise d’au moins 1 000 salariés qui envisage de fermer un établissement et de procéder à des licenciements économiques de rechercher un repreneur.
C’est en tout cas une information inquiétante pour la filière canne-sucre à La Réunion. Elle montre une nouvelle fois que sa survie ne dépend pas des Réunionnais, mais de la stratégie que décidera de suivre Tereos, le propriétaire des deux dernières usines sucrières de La Réunion. C’est ce qu’avait souligné Dacian Ciolos, alors commissaire européen à l’Agriculture, en visite dans notre île quelques semaines après la décision de l’Europe, soutenue par la France, de supprimer les quotas sucriers.
Européens pris au piège
A l’époque, les Européens avait investi pour anticiper cette décision en augmentant considérablement la productivité de leurs usines sucrières. Ainsi ils pensaient être prêts à concurrencer les autres grands exportateurs mondiaux qui ont l’Europe en ligne de mire. Force est de constater que l’ouverture des quotas n’a donc pas bénéficié comme prévu aux intérêts des sucriers européens. Si Südzucker rencontre des difficultés l’amenant à prendre la décision de baisser sa capacité de production, alors les planteurs réunionnais peuvent être inquiets.
En effet, la discussion du prochain budget européen a lieu dans un contexte de crise de surproduction de sucre en Europe. L’Union européenne continuera-t-elle d’autoriser des subventions pour une production aujourd’hui trop abondante ? De cette question dépend l’avenir de la filière canne-sucre à La Réunion.