Filière canne : Inauguration de la plate-forme du Grand Pourpier

Un « acte de foi » collectif... et raisonné

30 juillet 2004

La fine fleur de la filière canne/sucre s’est retrouvée hier au Grand Pourpier (Saint-Paul) pour l’inauguration de la plate-forme sucrière qui remplace, au niveau de l’échangeur de Cambaie, l’ancienne plate-forme de Savanna. La mise en service de cette installation il y a bientôt un mois, relève, dans le contexte actuel, d’un « acte de foi », a souligné Guy Dupont, PDG des Sucreries de Bois-Rouge.

En ce début de campagne sucrière 2004, les producteurs de canne du bassin Nord-Ouest, de La Possession à Saint-Gilles-les-Hauts, livrent leurs chargements sur la plate-forme du Grand Pourpier. La décision de cette implantation, en commission mixte d’usine fin décembre 2003 sous la présidence de Sylvestre Lamolly, a donné lieu à un branle-bas général dans les services administratifs d’État et des collectivités.
Sa réalisation dans un temps record (six mois) a surmonté tous les écueils des choix d’aménagement à venir dans cette zone - un futur lycée et des dégagements routiers indispensables - et témoigne de la volonté de tous les acteurs de la filière de se doter d’un outil - un investissement de 1,6 million d’euros - dont les performances sont inscrites dans un plan global de maintien et de consolidation de la filière canne/sucre.
Actuellement, la plate-forme traite environ 54.000 tonnes de cannes et se prépare à en recevoir jusqu’à environ 100.000 tonnes, soit un dixième de la quantité totale traitée par Bois-Rouge.

"Dans la période délicate actuelle"

Hier, en recevant ses hôtes, Guy Dupont, le PDG du groupe - Bois-Rouge Gestion, Sucrerie de Bois-Rouge, Eurocanne et Distillerie de Savanna - a souligné le soutien apporté à cette entreprise par les services de l’État consultés, par la commune de Saint-Paul et par les entreprises (SBTPC et sous-traitants) qui ont mené le chantier à bien.
Guy Dupont veut y voir "un acte de foi fondé sur la confiance en la filière, dans la période délicate actuelle". "Nous pouvons avoir confiance en la capacité d’engagement de l’ensemble des partenaires et des institutions" a-t-il dit, ajoutant qu’"elle a déjà donné des résultats devant le gouvernement et à Bruxelles".
Le président du groupe Tereos, Philippe Duval, de passage dans l’île comme à chaque début de campagne, a fait écho à ce constat en disant sa confiance de voir "la spécificité de La Réunion reconnue" (par Bruxelles, NDLR), en raison de la cohérence et de la fermeté du discours tenu par tous les interlocuteurs rencontrés ici. Le président de Tereos s’est rendu notamment sur le chantier du transfert des eaux, pour lequel une décision ministérielle est attendue.
Le président de la CMU (commission mixte d’usine) a annoncé la mise en place au Grand Pourpier d’un laboratoire d’analyse des cannes, d’ici l’année prochaine - en rappelant que, dans la situation présente, les planteurs "attendent des propositions concrètes".

"Une bataille lucide"

Les “chartes de développement agricole” invoquées par Jean-Bernard Hoarau (FDSEA) vont aussi dans le sens d’une confiance réaffirmée.
Cette confiance, les partenaires de la filière l’ont également exprimée, qu’il s’agisse d’Alain Bénard, maire de Saint-Paul et président du TCO, de Jean-Marc Bénard, représentant le Conseil général ou du sous-Préfet, Bernard Guérin, qui a exhorté les acteurs présents à "faire preuve d’imagination", notamment dans les recherches "chimiques et pharmaceutiques".
Le président de la Région, Paul Vergès, en a appelé quant à lui à "un acte de raison" qu’il faudra répéter dans les années prochaines : "quand il faudra replanter dans les zones irriguées, il faudra faire la même analyse, dans une même convergence des volontés", a-t-il dit.
Évoquant "un mariage de raison" entre usiniers et planteurs, le président de Région en a appelé au renforcement de l’unité. "On ne leur demande pas de s’aimer. Si l’un est menacé de ruine, l’autre est menacé de mort", a-t-il poursuivi en appelant à construire aujourd’hui les conditions des batailles à mener pour 2012-2013.
Voyant dans cette réalisation "un acte de confiance raisonnée dans l’avenir", Paul Vergès a salué "un symbole de ce qui doit unir tous les acteurs, dans une bataille lucide". "La victoire n’est pas encore certaine, mais rien n’a été perdu", a-t-il lancé à tous.

Pascale David


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