Lomuss Hurhangee, agriculteur

Un planteur amer et en colère sur l’avenir du sucre

3 septembre 2005

Nous reproduisons ci-après de larges extraits d’un article du journal mauricien “L’Express” sur les inquiétudes d’un agriculteur mauricien, Lomuss Hurhangee concernant l’avenir du sucre.

(...) À 72 ans, il aurait pu prendre sa retraite, mais sa passion de cultivateur est plus forte. Le crâne clairsemé de cheveux blancs, Lomuss Hurhangee parle de l’industrie sucrière avec passion. Mais il explose de colère en évoquant le fonctionnement des organisations qui vivent sur les deniers des planteurs.
(...) Sa vie, ce sont ses terres dont il a repris la gestion en 1988. "La baisse de 39% du prix garanti aura certainement un impact désastreux sur les plantations", lâche-t-il, le ton cassant. Le pays ne peut se passer de l’industrie sucrière, tant sa portée est grande dans la vie locale, et la culture vivrière n’est pas le palliatif idéal. Pour être efficiente, dans un futur environnement à un prix moindre, l’épierrage et l’irrigation sont 2 facteurs essentiels. Le premier pour améliorer la qualité du sol, le second pour contribuer au rendement de la récolte.

Situation critique

Cependant, même le gros planteur éprouve des difficultés à joindre les 2 bouts. Lomuss Hurhangee affirme avoir, au cours des 6 dernières années, injecté 20 millions de Roupies (545 euros) dans les 2 étapes citées ci-dessus de la culture. Des investissements qui lui rapportent, pour la présente récolte, plus de 2.000 Roupies (54,50 euros) la tonne de cannes. Mais le remboursement est lourd et d’ici 7 ans, quand le prix aura déjà chuté drastiquement, sa situation sera encore plus critique.
(...) L’usine s’octroie 23%, le Sugar Insurance Fund Board perçoit un pourcentage sous forme de prime et la Mauritius Sugar Authority (MSA) prélève, à son tour, une somme subséquemment distribuée à d’autres organismes œuvrant dans l’industrie. "L’excès de charges financières est en train de tuer les planteurs. Le textile rapporte bien plus que l’industrie sucrière. Y trouve-t-on autant d’organismes à financer ? Est-ce qu’une Textile Authority a été mise sur pied ? Non !", souligne Lomuss Hurhangee. Sa solution, déjà présentée au ministre de l’Agro-industrie, Arvin Boolell, qui avait visité ses champs, serait de fermer les moins efficientes.
(...)

Note discordante

Dans cette même logique, ajoute-t-il, il est du droit constitutionnel d’assurer sa production chez un organisme spécialisé de son choix. Autre note discordante : les pensions des anciens dockers, à la charge de la Mauritius Sugar Terminal Corporation.
Ces charges, fulmine Lomuss Hurhangee, seraient de 2,5 milliards de Roupies par an (près de 69 millions euros). Avec la fermeture des organisations n’ayant pu subvenir aux besoins des planteurs et le regroupement d’autres entités, l’État devrait prendre à son compte le financement y résultant.
(...) Dans sa série de griefs, Lomuss Hurhangee cite son histoire. Il a, assure-t-il, dépensé 80.000 Roupies pour pomper des nappes phréatiques sur ses terres, mais la Central Water Authority lui a signifié son intention d’installer un compteur pour qu’il paie l’eau. "Comment voulez-vous qu’on survive ?".

Kamlesh Bhuckory


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