Une bouffée d’oxygène sur le prix de l’engrais

10 septembre 2007

Sur les derniers événements qui ont failli fragiliser le monde agricole, à cause d’une forte augmentation du prix de l’engrais, il nous est apparu important d’y revenir, afin de mieux comprendre les risques qui finalement ont pu être écartés.

La hausse du coût de l’engrais a été vécue comme un coup de massue par les planteurs de cannes et les différentes manifestation et blocage ont montré qu’avec une augmentation de l’ordre de 23% sur certaines formulations, une barrière psychologique a été franchie et l’ensemble de la filière craignait une diminution des apports d’engrais pour cette année.

Le marché de l’engrais représente 27.000 tonnes à la Réunion dont 24.000 tonnes pour la canne à sucre produit à partir de cette année par un seul fournisseur la SIER (Société Industrielle des Engrais de La Réunion) depuis l’arrêt de CANAVI.

La tendance pour les planteurs était d’apporter moins d’engrais avec les conséquences que l’on sait : moins d’engrais, moins de rendements en canne, une diminution du revenu pour l’année prochaine et c’est un cycle infernal qui s’annonçait pour les planteurs. Certains planteurs étaient sur le point d’abandonner la canne à sucre suite à cette brusque augmentation de l’engrais conjugué aux effets de Gamède qui conduit à une baisse des revenus de l’ordre de 34%

Face à cette situation et compte tenu d’une conjoncture difficile après le passage de Gamède, l’interprofession canne sur proposition de la Chambre d’agriculture à décidé de prendre des mesures concrètes pour les planteurs de cannes et les éleveurs cette année :

- Une aide de 60 euros / Tonne (T) d’engrais plafonné à une tonne par hectare soit une enveloppe de 1 600.000 euros consenti par la profession pour tout achat avant le 31 décembre 2007.

- Une aide des usiniers de 20 euros/T d’engrais pour les 26 500 hectares en canne à sucre . L’avance replantation des usiniers augmenterait de 50% (zone normale:1000 euros à 1500 euros ; zone difficile : 2000 euros à 3000 euros) avec une subvention de 300 euros/ha à 600 euros/ha selon les zones. Ces mesures permettront de ramener le prix des engrais de fond au prix de l’année dernière.

Ces mesures ont un effet rétroactif à compter du 15 juillet 2007 et représente pour chaque planteur une aide de 80 euros /T d’engrais soit sensiblement le montant de la hausse constatée sur les engrais canne à sucre les plus utilisés ( 13.8.24 : +82 euros/T ; 17.12.28 : + 79 euros/T).

Comme l’a dit la Chambre d’agriculture, c’est vrai que ce sont les planteurs de cannes qui consomment le plus d’engrais à la Réunion (24.000 T), mais il était important de réfléchir à une solution globale pour les maraîchers ou les éleveurs (3000 T d’engrais). Le président de la SIER Jean-François Rivière s’est engagé au nom des coopératives à diminuer de 80 euros par tonne d’engrais pour les formulations d’engrais prairies et maraîchères ce qui permet à tous les agriculteurs de la Réunion d’avoir une aide de 80 euros/ t d’engrais soit une participation de 240.000 euros. Le Président de la SIER s’est également engagé à geler le prix de l’engrais pour toute la campagne afin de ne pas créer un effet d’aubaine des coopératives qui aurait à nouveau augmenté leur prix vu l’aide obtenue.

Cette mobilisation de la filière permet d’arriver à un coût d’engrais sensiblement égale à l’année dernière et la chambre d’agriculture s’est engagée a apporter son appui technique aux planteurs pour un apport raisonné et pragmatique des engrais afin de préparer au mieux la prochaine campagne sucrière.

Les planteurs se sont engagés dans une réflexion sur d’autres sources de fertilisation locales comme la vinasse, les effluents d’élevage, les cendres qui peuvent se substituer partiellement aux engrais minéraux et permettraient aux planteurs d’être moins dépendants des fournisseurs et du marché extérieur. Ainsi, les distilleries sont prêtes à accompagner les agriculteurs dans cette démarche pour compenser les surcoûts liés à l’épandage ainsi que les contraintes réglementaires. Cependant la Chambre d’agriculture ne comprend pas que les agriculteurs des pays de la zone qui sont également soumis aux mêmes contraintes que La Réunion bénéficient d’un tarif de l’engrais moindre.

Force est de constater que la mobilisation des planteurs et des irrigants a permis d’atténuer le prix de l’engrais cette année et que les coopératives ont accepté d’apporter 264.000 euros, les usiniers 700.000 euros (480.000 euros sur l’engrais + 320.000 euros sur les replantations) et la profession 1 400.000 euros pour maintenir le prix des engrais. La Chambre d’agriculture se félicite que tout les acteurs de l’agriculture ont fait des efforts pour permettre aux planteur et éleveurs de la Réunion de continuer à produire.


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