L’industrie sucrière à l’arrêt

Une nouvelle expérience pour la filière canne

26 juillet 2010, par Manuel Marchal

Un an après l’expérimentation d’une campagne sucrière avec une seule usine durant un mois, l’intransigeance des usiniers dans les négociations avec les planteurs et la fermeture des usines interrogent.

L’an dernier, pour la première fois des cachalots roulaient sur la route des Tamarins pour livrer l’usine du Gol. Deux mois après le début de la campagne 2009, une panne immobilise les machines de l’usine de Bois-Rouge. Pendant un mois, la campagne sucrière allait se dérouler avec une seule usine. Les cannes livrées dans le Nord et l’Est empruntaient ensuite la route des Tamarins pour arriver au Gol. Au final, le résultat de la campagne a correspondu à la moyenne des années précédentes, et la route des Tamarins a démontré toute son utilité pour l’industrie sucrière. Car par la force des choses, la filière canne a expérimenté un fonctionnement avec une seule usine pendant un mois sans que la fermeture temporaire de Bois-Rouge ne se traduise par une catastrophe pour les planteurs et les usiniers.
Un an plus tard, sommes-nous en train d’assister à une nouvelle "expérimentation" ?
Déclenché mercredi dernier par les planteurs du Nord et de l’Est, un mouvement touche toute l’île depuis jeudi. La revendication des planteurs concerne la fin des pressions exercées par la présence d’un représentant des usiniers sur les plates-formes de livraison, au moment du prélèvement de l’échantillon de cannes qui servira à calculer la richesse en sucre du chargement.
Malgré plusieurs réunions de discussion, aucun accord n’a pu encore être trouvé. L’argument de l’usinier, c’est qu’en tant qu’acheteur de la canne, il veut vérifier la qualité de la marchandise. L’an dernier, l’usinier achetait aussi la canne, et aucun conflit de cette importance n’a eu lieu. Comment alors expliquer qu’une revendication qui semble si simple à satisfaire entraine une telle intransigeance ?
Dans les faits, l’usinier ne reste pas inactif. Selon un communiqué des industriels, il est question de « mesures d’arrêt d’activité », soit une fermeture temporaire des usines. Ce sont les travailleurs qui seront les premiers concernés, car ils devront subir le chômage technique.
Un responsable usinier a confirmé la teneur de ce communiqué, annonçant hier sur Télé Réunion le passage en dispositif "intercampagne". C’est donc le lock-out.
La campagne sucrière sera donc raccourcie, car même si la décision de reprendre les livraisons est prise, si les usines sont arrêtées, il faut compter sur le temps de la remise en route. De plus, les salariés des usines vont connaître une baisse de leurs revenus ce mois-ci du fait de l’arrêt des machines.
Après la campagne sucrière avec une seule usine expérimentée l’an dernier, est-ce au tour de la campagne sucrière raccourcie d’être testée ?

M.M.

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