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par le Dr Raymond Vergès

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Une organisation régionale des industries sucrières sans La Réunion ?

Après la signature de l’APE intermédiaire, nos voisins s’organisent

mardi 29 septembre 2009


Dans son édition du 31 août dernier, le quotidien mauricien ’L’Express’ a publié une interview de Jean Noel Humbert, CEO du Syndicat des sucres de Maurice. Dans son édition du 25 septembre dernier, ’Témoignages’ avait reproduit la première partie de cet entretien, qui précisait la fin du quota et du prix garantis pour le sucre mauricien sur le marché européen. Dans la deuxième partie de l’interview, Jean Noel Humbert précise la nouvelle stratégie mise en œuvre en fonction de ces changements.


Ne craignez-vous pas que la concurrence du Zimbabwe empêche Maurice d’atteindre son niveau d’exportation habituel ?

- Ce n’est pas le cas pour le moment. L’objectif fixé par le Zimbabwe pour ses exportations vers le marché européen pour la campagne 2009- 2010 est de 80.000 tonnes. Et l’année après, il espère atteindre 150.000 tonnes. Cela nous donne l’espace et le temps nécessaires pour aller, non seulement, au-delà de notre production habituelle pour satisfaire le niveau du quota régional, mais aussi nos exportations vers l’UE continueront tant que l’objectif de 3,5 millions et 1,6 million de tonnes n’est pas atteint. De toute manière, la question d’une augmentation substantielle de notre production ne se pose pas, compte tenu de nos limites naturelles. Néanmoins, nous devons travailler en bonne intelligence avec le Zimbabwe pour ne pas nuire à nos industries respectives. C’est pour cela que les représentants des industries sucrières de la région se sont réunis au sein de l’Eastern and Southern Africa Sugar Producers Association. Ce regroupement permet de suivre l’évolution de la production dans les pays de la région. Cela, pour assurer un bon niveau de production et d’exportation régionale tout en préservant les intérêts commerciaux de chacun.

Quels sont les atouts de l’industrie du sucre à Maurice pour se faire une bonne place sur le marché européen plein d’opportunités, mais qui pourrait se révéler à terme très concurrentiel ?

- Nous avons une longue expérience du marché européen. De plus, nous sommes passés d’une production de sucre brut à une production de sucre raffiné à valeur ajoutée. Nous avons signé un contrat avec le groupe allemand, Südzucker, pour la livraison du sucre raffiné directement à des utilisateurs industriels à travers l’Europe et pour capter ainsi la plus-value offerte par ce marché. Avec nos nouvelles raffineries d’une capacité de production de 600 tonnes par jour chacune, nous avons les moyens et la capacité de tirer profit de ce déficit de production créé sur le marché européen par la restructuration de leur secteur sucrier. Nos usines sont aux normes européennes avec un système de traçabilité qui mettent nos clients européens en confiance. Nous sommes le plus gros fournisseur des sucres spéciaux sur ce marché, et nous avons 19 différents types de sucres spéciaux dont le DEMERARA, une variété très recherchée, possédant des caractéristiques organoleptiques et nutritionnelles, très appréciées des consommateurs.
Grâce aux APE intérimaires que l’île Maurice vient de signer, nous bénéficierons de l’accès préférentiel de notre sucre au marché de l’UE jusqu’en 2017.

Avec la baisse du prix du sucre sur le marché européen, dites-nous si le prix du sucre qui sera reçu de nos nouveaux accords est toujours intéressant pour les producteurs ?

- Le prix sera forcément inférieur au prix obtenu au cours des dernières années et les producteurs devront s’adapter. Cette adaptation passe par une réduction des coûts de production et c’est pour cette raison, et je le répète, que compléter toutes les mesures préconisées par la MAAS est absolument vital. Le Syndicat des sucres s’est assuré de son côté que les exportations attirent le maximum de valeur ajoutée afin de réduire l’impact de la baisse des prix alors que les producteurs, à leur niveau, devront mieux contrôler leurs coûts de production.
Mais malgré la récente hausse du prix du sucre sur le marché mondial, l’exportation du sucre vers le marché européen sous les conditions commerciales actuelles demeure économiquement plus intéressante pour nous. Nous n’avons pas encore atteint le seuil où la vente de notre sucre sur le marché mondial devient plus intéressante que le marché européen. Le cas échéant, il nous faudra nous demander comment nous l’avons fait dans le passé si nous souhaitons sacrifier nos engagements, à long terme, pour des opportunités ponctuelles et aléatoires. C’est une grave décision.
Par contre, si le niveau de prix persiste sur le marché mondial, nous risquons d’être affectés dans nos importations pour le marché local.
Nous suivons la situation étroitement et avançons avec beaucoup de prudence au niveau de nos importations.

Lors de la dernière campagne sucrière, les pays de notre région ont produit 5,2 millions de tonnes de sucre. Les estimations font état d’un million de tonnes de sucre exportées vers l’Europe, le marché d’exportation du sucre réunionnais.

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