Pouvoir d’achat des planteurs

Une seule solution : la remise en cause des accords de 1969

1er avril 2009

Ces deux dernières années ont été marquées par une hausse des prix des intrants. Et comme tous les Réunionnais, les planteurs ont été touchés par l’inflation, notamment sur les produits de première nécessité. Face à ce problème de pouvoir d’achat, la revalorisation du prix de rachat de l’électricité produite à partir de la bagasse est évoquée. Mais dans l’état actuel de la structure de la filière, rien n’oblige le producteur d’électricité à partager avec les planteurs la hausse de ses bénéfices, la faute aux accords de 1969.

Voici plus de 40 ans, la répartition des revenus tirés de la canne à sucre n’avait rien à voir avec celle d’aujourd’hui. De la plantation de la bouture à la vente de sucre et d’alcools en passant par la coupe, le planteur était le propriétaire de la canne à sucre du début de sa plantation à la vente de tous ses produits. Le planteur concédait à l’usinier un tiers des revenus tirés des produits issus de la transformation de la canne à sucre. Ce tiers était donc la rémunération de l’industriel, et servait donc également à payer les salaires des ouvriers des usines.
Avant la signature des accords de 1969, les colons avaient réussi à obtenir une répartition trois-quarts un-quart en leur faveur, et les livreurs étaient donc en pleine bataille pour que la part de l’industriel soit réduite au quart des bénéfices tirés de la canne à sucre.
Avec un tel mode de partage, le débat actuel se poserait en d’autres termes. En effet, toute hausse des bénéfices tirés de la transformation de la canne à sucre serait automatiquement un crédit supplémentaire pour la trésorerie des planteurs. Car le planteur étant l’unique propriétaire de la canne à sucre et de tous ses produits, il est celui à qui appartient la bagasse, et donc il est lui-même producteur d’électricité. Mais depuis 40 ans, ce lien est rompu. Le planteur est un fournisseur de matière première. Une fois qu’il a vendu sa production à un usinier, il n’a plus son mot à dire sur les choix faits pour valoriser la canne à sucre, ou sur les bénéfices qui en sont tirés.

La fin d’un cycle de 40 ans

Comme toute la population réunionnaise, le planteur est confronté à des inquiétudes croissantes liées au pouvoir d’achat. Il est touché de plein fouet par la crise des matières premières qui a vu le prix des intrants s’envoler. Et malgré la diminution des cours mondiaux des matières premières liée à la crise économique, les prix des intrants sont loin de diminuer dans les mêmes proportions. Les dépenses du planteur varient, elles ont tendance à augmenter avec l’inflation sur les produits de première nécessité. Mais ses recettes ne bougent pas. Depuis la mise en œuvre des accords de 1969, les recettes du planteur sont tirées de la vente de cannes à l’usinier, selon un prix convenu à l’avance. Il est fonction de la richesse en sucre et du tonnage livré. À cela s’ajoute une prime bagasse d’au maximum 2 euros par tonne de cannes. Le montant de cette prime n’est pas lié à la quantité d’électricité produite, mais au tonnage total livré à La Réunion.
La revalorisation du prix de l’électricité tirée de la bagasse est logique, mais pour qu’elle puisse bénéficier au planteur, ce dernier doit redevenir le propriétaire de tous les produits de la canne à sucre. Cela implique une remise en cause des accords de 1969.

M.M.


An plis ke sa

Concentration de l’industrie sucrière en Europe…
La Commission européenne a autorisé, en application du règlement sur les concentrations de l’UE, le projet d’acquisition de l’entreprise espagnole Azucarera Ebro S.L. par l’entreprise britannique Associated British Food Plc (ABF), propriétaire de British Sugar.
ABF est essentiellement active dans les quatre secteurs suivants : produits d’épicerie, ingrédients (levure et éléments entrant dans la fabrication d’articles de boulangerie), commerce de détail et sucre. Elle exerce ses activités liées au sucre par l’intermédiaire de sa filiale British Sugar. Cette dernière produit du sucre à partir de betteraves sucrières cultivées au Royaume-Uni et en Pologne.
Azucarera, qui appartient à l’entreprise espagnole Ebre Puleva S.A., fabrique du sucre et ses dérivés (dont la mélasse) à partir de betteraves sucrières cultivées en Espagne, et fournit ces produits aux marchés espagnol et portugais.

… et au Brésil
« Le groupe Cosan, le plus grand producteur brésilien de sucre et éthanol, a annoncé vendredi s’être associé avec Nova América pour traiter 60 millions de tonnes annuelles de cannes à sucre, soit 10% de la production brésilienne », indique une dépêche de l’AFP.
Le nouveau Groupe détiendra désormais le plus grand nombre d’usines de production de sucre et d’éthanol du Brésil : 23 (19 de Cosan et 4 de Nova América). La fusion sera définitivement conclue d’ici à 45 ou 60 jours.

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