Une aide de 240 euros par tonne d’engrais achetée sous forme de bons d’achat

Victoire de la CGPER : l’État revient sur sa décision et co-financera les « bons de fertilisation »

16 novembre 2018, par Manuel Marchal

Au lendemain de l’annonce du refus de l’État de verser une aide revendiquée par tous les syndicats, la CGPER a mené la bataille pour que le gouvernement revienne sur cette décision et respecte son engagement. Cette lutte a connu une issue victorieuse : les planteurs de canne à sucre bénéficieront rapidement de « bons de fertilisation » de 240 euros par tonne d’engrais achetée. Ceci permettra de préparer plus sereinement la campagne sucrière 2019, une nécessite pour compenser les pertes importantes causées par les événements climatiques cette année.

Au lendemain de l’annonce d’un courrier du ministère de l’Écologie interdisant l’utilisation du reliquat de l’aide de l’État versée à la filière pour financer des bons d’engrais, la CGPER a mené une action hier matin à l’antenne de la Direction de l’agriculture et de la forêt à Saint-Pierre. Les planteurs ont rappelé combien cette aide était importante, car elle conditionne le versement de celle du Département. C’était donc un soutien de 240 euros par tonne d’engrais acheté qui risquait d’échapper aux planteurs. Rappelons qu’en raison d’une campagne sucrière 2018 désastreuse, ces agriculteurs n’ont plus de trésorerie alors qu’ils doivent rapidement fertiliser leurs champs pour préparer la campagne 2019.

A Saint-Pierre, le responsable de la DAF a fait la proposition de verser directement l’aide de l’État, soit 120 euros par tonne d’engrais achetée, directement sur les comptes en banque des exploitations. Pour la CGPER, ceci ne réglait pas le problème pour deux raisons. Tout d’abord, la trésorerie de la majorité des planteurs est tellement dans le rouge que cette somme sera absorbée dans le découvert et ne pourra donc pas servir à l’achat d’engrais. Ensuite, parce que l’aide du Département, soit un total de 2,5 millions d’euros, est conditionnée à l’utilisation de celle de l’État pour l’achat d’engrais. Si l’argent de l’État n’était pas utilisée à cette fin, alors la somme prévue par le Conseil départemental ne sera pas débloquée. C’est pourquoi la CGPER a de nouveau réclamé que les aides publiques soient versées sous forme de bons d’achat.

Réunion décisive au CTICS

La mobilisation de la CGPER a permis de déboucher sur la tenue d’une réunion hier soir au Centre technique interprofessionnel de la canne et du sucre (CTICS) à Saint-Denis. Autour de la table, les représentants des planteurs, de l’État et du Département ont réussi à trouver une issue à la crise.

L’État a décidé de revenir sur sa décision et a donc choisi de tenir son engagement initial, à savoir le versement de 2,5 millions d’euros pour participer à l’établissement de bon d’achat, ce qui rend alors possible le déblocage d’une somme équivalente par le Département. L’accord s’est fait sur un changement de dénomination, l’aide sera versée sous forme de « bons de fertilisation ».

Les planteurs vont donc rapidement bénéficier de ces « bons de fertilisation » d’une valeur de 240 euros par tonne à déduire de l’engrais à acheter, précise Bernard Maratcha, vice-président de la CGPER. Les bons seront à retirer dans les « Pôles canne », et correspondent à une réduction de 50 % sur l’achat d’engrais. Des contrôles aléatoires sont prévus par l’État pour s’assurer de l’utilisation de cette aide uniquement pour l’achat d’engrais.

La lutte paie

« C’est une victoire de la CGPER qui s’est mobilisée au cours des deux derniers jours pour faire revenir l’État sur sa décision », souligne Bernard Maratcha. Rappelons que le principe de cette aide était une revendication portée par tous les syndicats, et il avait été validé par l’interprofession le 28 octobre dernier. Mais un courrier du ministère de l’Écologie a tout remis en cause. La CGPER en a pris connaissance avant-hier, et son action a contribué à renverser la situation au profit des planteurs, amenant l’État à revenir sur sa décision pour respecter son engagement initial.
Désormais, les planteurs disposent des moyens pour être dans les délais afin de préparer la prochaine campagne sucrière. Gageons que la campagne 2019 permettra de compenser les pertes de cette année.

M.M.

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