Les raisons de la fondation de “Témoignages” par le Dr Raymond Vergès - 13

1945 : les grossières violations du code électoral

21 mai 2004

La Seconde Guerre mondiale n’est pas totalement achevée lorsque De Villeneuve fonde le journal ’le Planteur’ et adhère au Mouvement républicain populaire (MRP), créé à Paris le 26 novembre 1944 par des chrétiens résistants.

Ce n’est toutefois pas sous la bannière du MRP qu’il va à la bataille des municipales du 27 mai 1945, qu’il entend gagner "coûte que coûte" et se faire élire maire de Saint-Benoît le 2 juin. C’est une liste “Républicaine d’union démocratique et chrétienne” qu’il oppose à celle du CRADS (Comité républicain d’action démocratique et sociale, fondé le 11 mars 1945 par le Dr Raymond Vergès).
Quatre mois plus tard, le 7 octobre 1945, il est candidat à l’élection cantonale de Saint-Benoît. Ce jour-là, il se fait plébisciter en organisant une scandaleuse mascarade dans tous les bureaux de la commune qu’il dirige.
Dans le bureau de vote qu’il préside et en présence d’un huissier de justice dépêché sur les lieux par son adversaire le notaire Roger Vidot, de Villeneuve déclare : "Je m’en fous de votre constat. Je suis libre de faire ce que je veux et les électeurs ne passeront pas par l’isoloir..." Et pour montrer à l’auxiliaire de justice qu’il n’a que faire du code électoral, en présence de ce dernier, il prend une enveloppe, y introduit un bulletin portant son nom et la glisse dans l’urne en disant : "C’est comme cela qu’on vote. Ne perdez pas de temps marmaille". Dans son constat, l’huissier ajoute "à la demande d’inscription des protestations (au procès-verbal)". Monsieur de Villeneuve a répondu : "Vous êtes encore naïf de croire que je vais inscrire au procès-verbal général vos protestations".
Une fois encore, les grossières violations du code électoral à Saint-Benoît le 7 octobre 1945 ne seront sanctionnées ni par le gouverneur Capagorry ni par l’autorité judiciaire. Et pourtant, avant les municipales du 27 mai, le gouverneur Capagorry avait affirmé dans un communiqué : "Quiconque osera attenter directement ou indirectement à la liberté d’expression du suffrage universel sera impitoyablement traduit devant les juridictions répressives".
Et pour bien montrer qu’il est prêt à tous les sacrifices, de Villeneuve écrit dans "le Planteur" du 7 février 1946 : "L’ultime résolution des planteurs, c’est vaincre ou mourir (...). Les planteurs sont décidés de passer à l’action quoi qu’il puisse arriver".

(à suivre)

Eugène Rousse

Raymond VergèsLéon de Lépervanche

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