L’avion a fortement contribué à rapprocher La Réunion de la France hexagonale. Mais il n’est apparu dans le ciel de l’île qu’à la fin de l’époque coloniale. La première liaison aérospatiale a été réalisée le samedi 9 juillet 1938 par le "Ville de Tananarive", un trimoteur de la régie Air-Afrique piloté par le commandant Marcel Dagnaux, professeur à l’école d’aéronautique en France. Avant son atterrissage sur l’aérodrome de La Plaine des Galets où une foule énorme l’attendait, l’avion venu de Paris avait fait escale notamment à Alger, Brazzaville, Tananarive. La dernière étape Tananarive-Le Port s’est effectuée en 5 heures 48 minutes.
Cinq ans plus tard, le 20 décembre 1943, l’aérodrome du Port reçoit pour la 1ère fois dans l’histoire de l’île le commissaire aux colonies René Pleven qui a rang de ministre. Cette fois le voyage Tana-Le Port ne dure que 2 heures 52 minutes. C’est encore de l’aérodrome du Port que s’envoleront pour le Bourget (seul aéroport de Paris) tous nos représentants élus aux diverses assemblées nationales françaises au cours des années 1945 et 1946. Durée du vol : 5 jours, en Junkers 52.
Il s’agit d’un appareil de très faible capacité réalisé par l’ingénieur allemand Hugo Junkers, volant à basse altitude et permettant en conséquence aux passagers de découvrir notamment la faune et la flore des régions survolées. Cet appareil offre à nos parlementaires un énorme avantage lorsque l’on pense que sous la 3ème République, ces derniers ne pouvaient que rarement revenir dans la colonie ; l’aller-retour Marseille-Le Port par bateau étant d’une durée de presque deux mois.

(À suivre)

Eugène Rousse

Expo sur “Témoignages” à Art’senik jusqu’au 22 mai

À l’occasion de ses 60 ans, le journal met à la disposition du public, à Art’senik (Ravine des Sables à Saint-Leu) et ce jusqu’au samedi 22 mai, six panneaux retraçant les six décennies d’existence de “Témoignages”. Une exposition choc qui en long sur les 60 ans de vie de “Témoignages”.
Horaires de l’exposition : du mardi au samedi, de 9 heures à 17 heures.
Fermé les dimanche et lundi.
Renseignement : 0262 34 12 56.

Messages de lecteurs pour les 60 ans

Longue vie encore à “Témoignages”

“Témoignages” a aujourd’hui 60 ans d’existence. Une existence difficile, certes, mais ô combien exaltante au cours de laquelle il a joué un rôle majeur dans la lutte du peuple réunionnais. J’étais adolescent à Salazie au début des années 60. Des années restées tristement célèbres dans l’histoire politique de La Réunion.
C’est à cette époque, en dépit de mon jeune âge, que j’ai commencé à prendre lecture de “Témoignages” que l’un des mes frères se procurait chez un ami - l’un des rares, si ce n’était le seul abonné du village -. Et ce malgré les réprimandes de ma mère, très inquiète pour l’avenir, répétait-elle : "si jamais le voisinage, le garde-champêtre, le maire ou les gendarmes avaient connaissance de “Témoignages” dans la case..." Réflexions qui pourraient prêter à sourire aujourd’hui, mais tellement compréhensibles, voire justifiées à cette époque.
Ceci étant, c’est donc à travers “Témoignages” que je prenais connaissance des événements qui se produisaient dans l’île, et notamment les grèves qui se déroulaient, les répressions, les fraudes électorales, les méthodes du Préfet, Perreau Pradier, celles de l’ORTF et Jean Vincent Dolor. La condamnation de Paul Vergès, sa clandestinité... et j’en passe. Les événements avaient profondément marqué l’adolescent que j’étais et en avaient fait plus tard - modeste certes - un militant communiste et fidèle abonné au journal depuis.
Cette période agitée, le rôle essentiel joué par “Témoignages”, la résistance de la population et, avec elle, le PCR, ne s’effaceront pas de sitôt de ma mémoire. “Témoignages” a survécu, le PCR aussi. Le temps a passé et bien des événements se sont produits depuis !
En cette année anniversaire, ce billet est donc pour moi l’occasion de souhaiter bon courage à toute l’équipe du journal et longue vie encore à “Témoignages”.

Paul Dennemont,
Saint-André

“Témoignages” et les enfants réunionnais déportés en France

Bien que n’étant pas un membre du Parti communiste réunionnais mais plutôt un sympathisant socialiste, je suis un lecteur de votre journal depuis de nombreuses années, car c’est la seule voix dans la presse quotidienne réunionnaise qui défend les intérêts généraux de notre île et notamment des plus faibles. Je tiens à vous féliciter pour votre 60ème anniversaire et je souhaite que vous puissiez continuer votre travail encore longtemps au service de La Réunion et des Réunionnais.
À ce propos, je voudrais vous dire que j’ai bien apprécié dans le numéro de mercredi le compte-rendu de l’accueil réservé à Roland Payet à Gillot la veille, après 38 ans d’exil forcé et de séparation de sa famille. Je partage la joie et l’émotion de tous les Réunionnais devant ces retrouvailles mais également “le gou margoz” devant ce crime d’État qui n’est toujours pas réparé.
Je crois aussi qu’il faut quand même rappeler, car c’est la vérité historique et j’ai vécu cette période, que “Témoignages” fut le seul journal à l’époque, je dis bien le seul, à dénoncer la déportation d’enfants réunionnais dans la Creuse et ailleurs en France pour des motifs bassement politiciens et colonialistes. C’est l’honneur de “Témoignages” d’avoir protesté contre cette injustice, aux conséquences dramatiques pour quelque 1.600 jeunes Réunionnais, leur famille et leurs proches.

A. G.,
Saint-Denis