Célébration de la “loi Vergès-Lépervanche” dans le Sud

Imaginer de nouvelles réponses à nos nouveaux défis

20 mars 2006

À l’appel des sections communistes du Sud, Plus de 300 personnes se sont rassemblées hier à Saint-Louis afin de célébrer l’anniversaire de l’abolition du statut colonial. Pour reconnaître à cette date toute son importance, le PCR milite pour qu’il soit un jour férié, comme le 20 décembre.

Les 300 chaises prévues hier matin dans la salle des "3J" à Saint-Louis étaient toutes utilisées, et certains participants étaient debout : la commémoration du 19 mars a été un succès populaire hier dans le Sud. Cette salle était le rendez-vous des sections communistes du Sud, de Saint-Leu à Saint-Joseph. Cette rencontre était présidée par Fabrice Hoarau, délégué de l’Étang-Salé.
Prenant la parole, Claude Hoarau a rappelé le combat des deux députés et a rendu hommage aux Réunionnais qui leur ont donné le mandat de sortir leur pays de la misère. Cela s’est concrétisé par le vote de la loi du 19 mars 1946, qui ouvrait la voie à la décolonisation de notre île. Mais comme l’a rappelé Claude Hoarau, pour appliquer cette loi, il a fallu toute la détermination des Réunionnais à travers des luttes qui mirent des dizaines d’années à aboutir. "Quoiqu’en disent certains, ce sont nos députés qui ont fait voter la loi, cela, personne ne peut le nier". Et Claude Hoarau d’expliquer que 60 ans après, les progrès sont incontestables pour les Réunionnais, et en regardant autour de nous, nous pouvons voir dans le co-développement un des moyens de relever des défis qui n’étaient pas là en 1946.
Élie Hoarau est revenu sur le contexte du vote de la loi. Le gouvernement, dirigé par le général de Gaulle, comprenait notamment des ministres communistes. Ils ont contribué de manière décisive à toute la législation au bénéfice des travailleurs que nous connaissons aujourd’hui : sécurité sociale, retraites... Des lois se situant dans le prolongement de ce qui avait été acquis par le Front populaire.
Or, rien de tout cela n’était appliqué à La Réunion, régie par le statut colonial comme un très grand nombre de pays à cette époque, et plongée dans la misère.

Faire respecter la loi

Face à cette situation, a rappelé Élie Hoarau, nos aînés ont trouvé une solution : l’application à La Réunion des lois sociales en vigueur en France. Cela voulait donc dire la fin du statut colonial et le département. "Du jour au lendemain, les vieux avaient droit à une retraite, ils n’étaient plus condamnés à mourir à l’hospice, le 19 mars 1946, c’est aussi le droit de se soigner avec l’aide médicale gratuite". Si le 20 décembre 1848 a reconnu à tous les Réunionnais le statut d’être humain, le 19 mars 1946 nous a donné les moyens de l’Égalité.
Mais il s’en fallait de beaucoup pour que la “loi Vergès-Lépervanche” soit appliquée au 1er janvier 1947. C’est notamment pour faire respecter cette loi que fut créé 12 ans plus tard le Parti communiste réunionnais. C’est pour que les Réunionnais aient les moyens d’appliquer la loi du 19 mars que fut lancé le mot d’ordre d’Autonomie dans le cadre de la République. Il s’en est suivi des dizaines d’années de combat pour arracher peu à peu l’Égalité. Pour mettre à l’abri de la misère les plus démunis d’entre nous. "L’Égalité, ce sont 5 milliards de francs acquis par les plus pauvres", souligne le secrétaire général du PCR, "c’est une somme importante pour notre économie".

Nouveaux défis

Aujourd’hui, d’autres défis ont surgi, qui amènent d’autres réponses, explique Élie Hoarau : "Nous ne pouvons plus compter sur Raymond Vergès et Léon de Lépervanche, c’est à nous d’imaginer des solutions pour ces nouveaux défis". Chaque année, des milliers de jeunes sortent de l’école avec une formation : comment faire pour que chacun puisse s’épanouir dans notre île ? Trouver une réponse à cette question est de notre responsabilité, note Élie Hoarau, qui donne l’exemple de pays qui tirent leur principale richesse de la matière grise de sa jeunesse : "Pourquoi ne pas le faire à La Réunion en sachant que cela répond à une demande de nos voisins ? Pourquoi ne pas coopérer davantage avec de grands pays en pleine expansion et créer des dizaines de milliers d’emplois ?". Ce sont autant de pistes qui, selon Élie Hoarau, peuvent être une contribution des communistes à un document qui rassemble les propositions de toutes les forces vives de notre pays. Et c’est sur le résultat de cette large concertation réunionnaise que devront se déterminer l’an prochain les candidats à l’élection présidentielle. Une autre bataille à mener, c’est que chacun prenne conscience de l’importance de la “loi Vergès-Lépervanche”, et dans ce but, faire du 19 mars un jour férié, au même titre que le 20 décembre.


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