La parole aux témoins de la loi “Vergès-Lépervanche”

Joseph Cerveau, Antoine Erima dit Koundan, Bernard Nerbard et Antoine Jean Técher : La ville du Port change de visage

15 février 2006

Ils ont participé dimanche au rassemblement de Sainte-Suzanne. Ces joyeux “anciens” viennent du Port. Jadis, cette ville parsemée "de bwa d’lé, dépinar" était desservie par peu ou pas de routes. À partir de la départementalisation et sous l’impulsion de Raymond Vergès et Léon Lépervanche, cette localité change d’aspect. "Doucement mais sûrement, la cité maritime se structure avec la construction de routes et la réhabilitation des logements insalubres", se souviennent-ils.


Ce qu’était la colonie :
un outil de décivilisation

Le 19 mars 1946, le statut colonial est aboli à La Réunion. Avant cette date, notre île était une colonie, avec des colonisés et des colonisateurs. Pour se rendre compte des rapports qui pouvaient exister dans notre société 60 ans en arrière, nous reproduisons un extrait d’un texte d’Aimé Césaire, poète et homme politique martiniquais, rapporteur de la loi qui a permis d’abolir le statut colonial en Guadeloupe, en Guyane, en Martinique et à La Réunion. Ce texte s’intitule “Discours sur le colonialisme”

" Il faudrait d’abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l’abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral, et montrer que, chaque fois qu’il y a au VietNam une tête coupée et un œil crevé et qu’en France on accepte, une fillette violée et qu’en France on accepte, un Malgache supplicié et qu’en France on accepte, il y a un acquis de la civilisation qui pèse de son poids mort, une régression universelle qui s’opère, une gangrène qui s’installe, un foyer d’infection qui s’étend et qu’au bout de tous ces traités violés, de tous ces mensonges propagés, de toutes ces expéditions punitives tolérées. de tous ces prisonniers ficelés et interrogés, de tous ces patriotes torturés, au bout de cet orgueil racial encouragé, de cette jactance étalée, il y a le poison instillé dans les veines de l’Europe, et le progrès lent, mais sûr, de l’ensauvagement du continent" (...).


“Nous, soussignés, réunis ce dimanche 12 février 2006, au Bocage, à Sainte-Suzanne, saluons la décision prise par les signataires de l’Appel lancé le 19 novembre 2005 de célébrer le vote de la loi du 19 mars 1946”.

Extrait de “"Nou lé pa plus. Nou lé pa moin. Rèspèk a nou" : Amplifions l’Appel pour que le 19 mars soit une date commémorative”, déclaration adoptée à l’unanimité par 1.200 vétérans réunis le 12 février 2006 à Sainte-Suzanne.


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