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Rassemblement du 12 février au Bocage Lucet Langenier, la parole aux témoins de la “loi Vergès-Lépervanche”
8 février 2006
Dimanche prochain au Bocage Lucet Langenier de Sainte-Suzanne, le Parti communiste réunionnais organise un rassemblement de vétérans de la lutte pour la départementalisation dont nous fêterons les 60 ans le 19 mars prochain. Depuis notre édition de lundi, nous donnons la parole à des témoins de cette époque décisive pour notre île. Aujourd’hui, Julien Ramin témoigne.
Avant d’évoquer ce que la départementalisation nous a apporté, peut-être qu’il faudrait se rappeler ce qu’était La Réunion dans les années 36-46.
Pendant la 2ème Guerre mondiale, 39-45, La Réunion, encore colonie, a vécu presque en autarcie. Il n’y avait pas le riz, le seul aliment cultivé par tous était le maïs. Dans certaines régions, on pouvait obtenir jusqu’à 2 récoltes par an, mais cela demeurait insuffisant pour nourrir la population. Les aliments de base à l’époque étaient le manioc, le tapioca, les patates douces, les songes, les grains (pois, haricots, lentilles), le saindoux ; tous produits localement.
Pour s’habiller, certains utilisaient des rabanes ou des gonis. Il fallait faire la queue depuis la veille pour avoir quelques mètres de tissu écru ou kaki à la boutique.
Une Réunion solidaire
II est important de rappeler la solidarité qui régnait à l’époque. Solidarité familiale, mais aussi solidarité entre les voisins et les travailleurs. Sur les grandes propriétés d’usines et autres, les “casseurs” laissaient volontairement des épis de maïs dans la paille pour que d’autres viennent les ramasser. De même pour le manioc, laissé dans le sol. La solidarité réunionnaise permettait aux plus pauvres de pouvoir se nourrir. À cela s’ajoutaient les tickets de rationnement.
Le confort était rudimentaire. Il n’y avait pas d’électricité dans les cases, on s’éclairait au pétrole puis au carburant grâce à l’alcool à brûler produit par les sucreries. Il n’y avait pas l’eau courante non plus. Les points d’eau se trouvaient à plusieurs centaines de mètres, voire des kilomètres. On lavait le linge dans les bassins des ravines.
Au point de vue de la santé, les malades devaient payer les médecins et les médicaments. On faisait venir un médecin seulement quand on était gravement malade.
Beaucoup de Réunionnais avaient recours à la médecine traditionnelle par les plantes. Un travailleur malade qui ne pouvait pas travailler n’était pas payé. Les accidents du travail n’étaient pas pris en charge.
Face à ces véritables situations de misères, le Dr Vergès, appelé “médecin des pauvres” parce qu’il était connu pour soigner les malades, fut élu à la première constituante après la guerre. Avec Léon de Lépervanche, ardent défenseur des travailleurs, ils ont demandé aux Réunionnais de voter pour eux ; pour faire changer le statut de La Réunion. Ils ont d’abord eu une grande écoute. Je me souviens des centaines de Réunionnais à Grand-Bois avec Lépervanche et Vergès qui criaient : "Votez pour transformer La Réunion en Département ! Votez pour avoir la médecine gratuite ! Il y aura la Sécurité sociale, les allocations familiales, des pensions pour les vieux travailleurs !"
Je me souviens de l’opposition des usiniers et des gros blancs. Ils disaient de Vergès et de Lépervanche qu’ils étaient des menteurs. Dans les usines, les “colomb” relayaient leur propagande en disant aux ouvriers : "Il n’y aura pas d’allocations familiales, pas de retraite et pas de médecine gratuite..."
L’arrivée des prestations sociales
Parmi mes plus importants souvenirs, avec l’avènement de la départementalisation, il y a I’AMG, l’Assurance maladie gratuite. Désormais, tous les pauvres pouvaient se faire soigner gratuitement, quelle conquête ! La départementalisation s’était aussi le CGSS. Le travailleur déclaré, s’il avait des enfants, percevait les allocations familiales. Un travailleur accidenté dans son travail était pris en charge. Les travailleurs déclarés étalent assurés à 60 ans d’avoir une retraite : I’AVTS. Puis il y a eu le droit de vote pour les femmes. Des bulletins de vote de couleurs différentes permettaient à la majeure partie de la population, illettrée à l’époque, de pouvoir voter.
La départementalisation a été conquise contre le pouvoir des gros blancs, des usiniers, gros commerçants, gros planteurs et leurs amis, grâce au combat du Dr Raymond Vergès et Léon de Lépervanche. Mais... mais nous n’étions pas des Français à part entière. La Réunion était un Département entièrement à part. Les Réunionnais n’avaient pas les mêmes droits qu’un Français de France.
Par exemple, les allocations familiales étaient inférieures pour les travailleurs déclarés, particulièrement dans les sucreries, CPR, équipement, services publics. Les enfants des planteurs, commerçants, artisans, pêcheurs n’avaient pas droit aux allocations familiales. Et le SMIC aussi était inférieur à celui de la métropole.
L’arrivée de la relève
Il a fallu continuer le combat mené par Raymond Vergès et Léon de Lépervanche, sous d’autres formes et avec d’autres revendications. Pour arriver là où les Réunionnais en sont aujourd’hui, il a fallu qu’un autre Réunionnais prenne la tête de la lutte ; et ce Réunionnais c’est Paul Vergès.
Depuis 1954, Paul Vergès et le P.C., et avec Élie Hoarau, depuis les années 70, continuent le combat et mènent la lutte.
- Lutte pour la conquête sociale
- Lutte pour que les Réunionnais aient les mêmes droits qu’un Français de France
- Lutte pour l’égalité sociale
- Lutte pour le progrès social de tous les Réunionnais et particulièrement des plus défavorisés
- Lutte pour le développement
Pour terminer, si “Papa Debré” (nom donné à l’ancien Premier ministre du Général de Gaulle peut-être dans le Nord et l’Est, mais jamais au grand jamais, je n’ai entendu un sudiste appeler Debré “papa”) a, c’est vrai, avec son action au gouvernement, contribué grandement au développement de certains secteurs à La Réunion, c’est parce qu’il avait “dans sa culotte, un scorpion” appelé “Témoignages”. C’est aussi parce qu’il avait face à lui et les siens un Parti communiste déterminé, proche de la population, à l’écoute et écouté des Réunionnais. D’ailleurs, n’a ton pas dit et écrit dans les années 70-80 que le seul homme connu à La Réunion du battant des lames au sommet des montagnes c’est Paul Vergès.
Julien Ramin
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