Les raisons de la fondation de “Témoignages” par le Dr Raymond Vergès - 9 -

La fraude électorale institutionnalisée

15 mai 2004

Eugène Rousse évoque à partir d’aujourd’hui les graves fraudes électorales qui ont marqué la première moitié du siècle précédent. Une raison de plus qui a très fortement poussé le Dr Raymond Vergès à créer un journal qui luttera notamment - et jusqu’à aujourd’hui - pour le respect du suffrage universel et la démocratie.

L’histoire de la colonie reste fortement marquée par les élections sanglantes et les graves violations du suffrage universel au cours de la première moitié du 20ème siècle.
Il est évident que si les règles élémentaires de la démocratie ont pu être scandaleusement bafouées pendant toute cette période, c’est en raison de l’attitude partisane - et c’est le moins que l’on puisse dire - de la quasi-totalité des gouverneurs ; c’est également en raison de la carence des juridictions tant administratives que pénales.
Pour illustrer mon propos, je me limiterai à l’examen de la carrière politique de deux hommes : Lucien Gasparin et Alexis de Villeneuve. Carrières jalonnées de coups de force électoraux dont la brutalité peut aujourd’hui surprendre.

Lucien Gasparin

Né à Saint-Denis en 1868, Lucien Gasparin est avocat à Tamatave lorsqu’en mai 1905, il se rend à La Réunion pour présenter sa candidature à l’élection législative partielle consécutive à l’entrée au Sénat du député Louis Brunet. Il est battu par le docteur Jules Auber, maire de Saint-Denis, très populaire dans le chef-lieu qu’il administre en compagnie notamment du docteur Henri Azéma, chirurgien de l’hôpital colonial.
L’année suivante, il vient s’opposer une nouvelle fois au docteur Auber lors des élections législatives du 27 mai. Pour éviter une défaite plus que probable, il prend la précaution de s’entourer d’une meute d’hommes, de sacs et de cordes et mène une campagne d’une rare violence.
Au cours d’une réunion qu’il tient à Saint-André, le docteur Jules Auber est grièvement blessé à la tête par des partisans de son adversaire et se trouve dans l’obligation de se retirer de la compétition. N’ayant plus d’adversaire, Lucien Gasparin voit s’ouvrir devant lui les portes du Palais Bourbon. Il y restera pendant trente six ans.
À toutes les élections législatives qui se déroulent de 1906 à 1936, au prix du vol, du sang et des larmes, Gasparin réussit à se faire réélire. Son dernier mandat s’achève dans la honte : il vote les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain en 1940.

(À suivre)

Eugène Rousse


Expo sur “Témoignages” à Art’senik jusqu’au 22 mai

À l’occasion de ses 60 ans, le journal met à la disposition du public, à Art’senik (Ravine des Sables à Saint-Leu) et ce jusqu’au samedi 22 mai, six panneaux retraçant les six décennies d’existence de “Témoignages”. Une exposition choc qui en long sur les 60 ans de vie de “Témoignages”.
Horaires de l’exposition : du mardi au samedi, de 9 heures à 17 heures.
Fermé les dimanche et lundi.
Renseignements : 0262 34 12 56.

Raymond VergèsLéon de Lépervanche

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Témoignages - 80e année


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