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Françoise Vergès et les débats à l’Assemblée constituante - 12 -
29 avril 2006
Voici la suite de la postface du livre paru en 1996 sur les débats parlementaires ayant conduit au vote de la loi du 19 mars 1946. Dans ce texte, Françoise Vergès analyse le combat de ceux qui à l’époque ont lutté pour l’abolition du statut colonial de La Réunion. Elle explique en particulier le contenu anti-colonialiste et anti-capitaliste donné par Raymond Vergès, Léon de Lépervanche et leurs amis au concept d’“assimilation” à la République, qui était au cœur de leur lutte.
À partir d’aujourd’hui, l’historienne va nous montrer comment ce combat assimilationiste s’est appuyé non seulement sur le républicanisme mais aussi sur les différents courants liés au mouvement dit socialiste. Les intertitres sont de “Témoignages”.
En plus des métaphores et concepts de la doctrine républicaine, la doctrine socialiste offrit aux anticolonialistes une autre fondation théorique à leur demande d’assimilation.
Trois traditions - celle du socialisme républicain non-marxiste, celle du marxisme et celle du communisme soviétique - donnèrent des arguments et des justifications à la génération de 1946.
Un socialisme anti-nationaliste
Le socialisme républicain non-marxiste avait toujours défendu l’argument selon lequel les peuples colonisés devaient être inclus dans la nation française. La doctrine républicaine l’exigeait, ainsi que les principes de solidarité de la classe prolétaire. La misère produite par l’exploitation colonialiste était dénoncée dans les mêmes termes que la misère produite par l’exploitation capitaliste.
Ce socialisme républicain opposait au nationalisme les droits de l’individu protégé par les principes de la Révolution française. L’universalité de ces principes devait prendre le pas sur le particularisme de la révolution nationaliste.
La colonisation contre le capitalisme
Les socialistes français défendaient la colonisation parce qu’ils pensaient qu’elle permettrait aux ouvriers du monde entier de se regrouper contre le capitalisme et le nationalisme, tous deux ennemis de l’émancipation ouvrière.
Cette doctrine socialiste rejetait le "nationalisme indigène" car, disaient ses militants, il aurait les "mêmes conséquences que l’impérialisme, c’est-à-dire l’assujettissement des travailleurs" (1).
Pour ces militants, la colonisation était un autre champ de lutte contre le capitalisme et la bourgeoisie. Les peuples de différentes religions, ethnies et coutumes se retrouveraient ensemble et comprendraient qu’ils partageaient un seul et même ennemi : le capitalisme. La colonisation libérerait les peuples soumis au féodalisme et au tribalisme et les ferait les égaux des travailleurs européens (2) .
Pour l’union internationale des travailleurs
Joachim Durel, un militant socialiste, déclarait en 1928 qu’en tant que socialistes, "nous voulons l’unité, non par l’absorption d’une race par une autre race ou par l’extermination, mais par la fusion des différents groupes ethniques et les Européens" (3).
La Seconde Internationale défendait l’assimilation et affirmait que l’émancipation des ouvriers s’obtiendrait par la "fraternité des races" et non par les divisions nationales (4) .
Marx, pour sa part, avait écrit que les prolétaires de tous les pays expérimentaient des conditions similaires d’exploitation et devaient donc s’unir.
Une "colonisation humaine, juste et fraternelle"
Nguyen Ai Quoc, le futur Ho Chi Minh, écrivait en 1922 : "Nous ne cesserons pas d’appeler à l’unité des travailleurs indigènes afin qu’en accord avec leurs frères métropolitains, ils se battent pour un régime où la justice régnera, un régime qui les libérera tous" (5).
Nguyen Ai Quoc rejoignait ici la vision de la gauche française qui parlait d’une "colonisation humaine, juste et fraternelle".
L’Union Intercoloniale, créée en 1920 et qui regroupait des anticolonialistes des colonies, défendait une théorie de l’anticolonialisme qui s’imposa pendant trois décennies : "Frères opprimés de la métropole, trompés par votre bourgeoisie, vous devenez les instruments de notre conquête... Devant le capitalisme et l’impérialisme, nos intérêts sont communs" (6) .
"Deux" France
Les anticolonialistes adoptèrent l’idée qu’il y avait "deux" France : "Nous pouvons dire sans conteste que la France coloniale est en profonde opposition avec la France" (7).
Il y avait la France pervertie par les fonctionnaires coloniaux "décadents et corrompus" et la France de la République.
Les socialistes imaginaient qu’une colonisation qui ne servirait pas les intérêts capitalistes pouvait se développer. Si la colonisation était guidée par d’autres principes que ceux de l’égoïsme, l’expansion coloniale n’apporterait pas l’asservissement mais les idées républicaines et socialistes.
(à suivre)
Françoise Vergès
(1) - René Gallissot. “Les thèses du Socialisme colonial en Tunisie : colonisation socialiste et formation d’une nouvelle patrie par le mélange des races. Le discours de J. Durel au Conseil National du Parti Socialiste S.F.I.O. de juillet 1928”, Pluriel 1977 : 12. Pp. 52-59, P. 54
(2) - Ibid. p. 58
(3) - Ibid. p. 58
(4)- Ibid. P. 56
(5)- “Des droits politiques pour les indigènes”. “Le Paria” Mai 1. 1922:2. p.1. Voir aussi : “L’Action Coloniale” (1918-1928) qui publia de nombreux articles où était défendue une colonisation fraternelle et juste, ennemie du colonialisme. Les fonctionnaires coloniaux étaient accusés d’être des "monstres perdus dans le vice, l’alcool, dégénérés par la syphillis".
(6) - “Appel de l’Union Intercoloniale aux populations des Colonies”, “Le Paria” - Août 1922. 5. p.1. Pour l’Histoire d’autres mouvements anti-colonialistes adoptant une position similaire, voir Roger Toumson et Simonne Henry-Valmore, “Aimé Césaire, le Nègre inconsolé” Paris, Syros, 1994.
(7) - “Une visite à René Maran” - “Le Paria”, Novembre 1923 : 20. p. 2.
Plus que jamais, nous nous rappelons les propos de Laurent à l’Assemblée nationale : "Nou lé pa plus. Nou lé pa moin. Rèspèk a nou".
Extrait de “Nou lé pa plus. Nou lé pa moin. Rèspèk a nou :
Amplifions l’Appel pour que le 19 mars soit une date commémorative”, déclaration adoptée à l’unanimité par 1.200 vétérans réunis le 12 février à Sainte-Suzanne.
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