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Les combats d’un vétéran : Félix Gauvin - 4 -
22 août 2006
Après Sé pa kroyab ! - pas croyable mais vrai -, deux autres expressions colorent le récit des combats que Félix Gauvin a menés avec le PCR : ’Je me demande comment un boug comme moi est encore vivant’ et aussi ’Qu’est-ce que j’ai pas fait dans ma vie !’ Ou les quatre cents coups d’un vétéran du PCR pour enterrer la colonie.
La fraude électorale ! C’est un point sur lequel Félix Gauvin a divergé avec son petit-fils historien, Gilles, lorsqu’à ses débuts, ce dernier a cherché à minimiser la responsabilité du pouvoir gaulliste dans la fraude électorale. "Non seulement Michel Debré a profité de la fraude, mais il a donné des ordres aux gens d’ici. Il était bien obligé de faire quelque chose devant les critiques de Vergès !" Gauvin contre Gauvin ? Pas vraiment. Le grand-père comprend que la logique et les contraintes de la recherche historique puissent attirer un chercheur sur des voies nouvelles. Mais sur la réalité de ce qu’il a vécu, il n’a aucun doute.
Un des grands moments de la bataille politique des années 60 a été le refus de Paul Vergès de faire de la prison pour un “délit de presse” qui n’existait que dans l’Outre-mer français : pour avoir reproduit des articles de la presse française dénonçant les guerres coloniales et leurs crimes, le directeur de “Témoignages” a été condamné.
Dans la clandestinité
Son refus de la condamnation l’a poussé à la clandestinité, ouvrant une période de luttes intenses pour les militants. Félix Gauvin a été de ceux qui ont vécu de près les événements de cette période.
"Nous étions toujours suivis par des gendarmes. Ils cherchaient Vergès" Félix Gauvin se souvient d’un jour de meeting, à Témoignages ; un gendarme est posté en faction, sur un balcon ou un toit - en hauteur, avec vue plongeante sur la foule qui s’animait, en bas, rue du grand chemin. Paul Vergès y fait une apparition éclair. Félix lui montre le gendarme. La scène est plutôt cocasse : “l’ennemi public n°1” tenant meeting au nez et à la barbe de ceux qui le recherchent ! "Tu aurais cru que je serais venu ? Non ! Lui non plus !" lui répond le “clandestin”.
"Un jour, la police est venue chercher Vergès ici (dans la case de la rue Bois de Nèfles, Ndlr). Ils étaient passés chez Lallemand, Quasimodo, Richefeu. J’avais calculé que c’était mon tour. Ça n’a pas manqué. Je leur ai fait mon cinéma. On leur a dit que Vergès était “là-haut chez moi” au Moufia. On a fait des réunions là-haut ; on a même fait Noël, parce qu’il voulait voir ses enfants". Tout était bon pour envoyer les forces de l’ordre dans les coins les plus improbables, évidemment à contretemps.
"Un soir Vergès était “là-haut”. J’avais la Frégate, avec deux grands paniers de margozes. Vergès s’est caché dessous. En arrivant devant une boutique, le pot d’échappement tombe à terre ! Il ne faisait pas nuit et il ne faisait déjà plus bien clair ! Toto la prann un fèy shoka, la amaré. Bourdageau ce soir-là devait emmener Vergès chez Lallemand. Il a voulu prendre un raidillon que lavé jamé passé. La pass dan la kour de moun té qui shersh Vergès ; ils ne l’ont pas vu passer !"
La partie de jeu du chat et de la souris dure près de deux ans, durant lesquels les militants s’activent. Pour les inscriptions clandestines sur la chaussée, en ville, Félix avait une technique : "Mi tomb en panne, mi pass sou loto avec pintur, pinso...".
Le jour où Paul Vergès s’est rendu...
Et un jour de juillet 1966, Paul Vergès prend une initiative inattendue...
"Un jour, Lallemand est monté avec Vergès chez un homme de loi pour dire que Vergès se rendrait le lendemain. Ils sont allés le voir à son domicile ! Ils ont demandé qu’il n’y ait pas de CRS. Le deal n’a pas été respecté, alors Vergès s’est rendu quelques jours plus tard. Le pouvoir voulait l’envoyer en France par bateau, “dans une petite chambre rouge”" disait-on (1). Vergès a refusé : "Je pars en avion, pas en bateau". Il a fait une grève de la faim d’un jour environ. Le jour du départ, les gendarmes font entrer Vergès sur le terrain d’aviation loin par derrière. La foule casse le grillage pour s’approcher de l’avion. Le fer... jamais on n’aurait cru qu’il pouvait se briser... d’un seul coup !
Quand l’avion est parti, ça a fait un courant d’air. "La mank anporte amoin !"
L’épisode appartient à l’histoire de “La lutte des Réunionnais pour la liberté” (2), mais ce que Félix aime surtout raconter, c’est comment les gens comme lui ont pris part à ces combats, à leur niveau, avec leurs préoccupations, leurs moyens.
Rencontre inattendue
Quelques années après la perquisition, la garde-à-vue. "Une fois, dans une réunion de planteurs à Saint-André, suivie par des agents des Renseignements Généraux (RG), j’avais dit qu’il fallait “passer aux actes”... sans dire lesquels". Planteur lui-même, Félix Gauvin a été président d’un petit syndicat agricole des planteurs de Bois-de-Nèfles. Il a aussi siégé comme assesseur au tribunal (de commerce ?) dans les litiges agricoles.
"Le soir, la femme lété malade, j’étais en train de faire une omelette. Deux policiers se présentent et me demandent de les suivre. L’un d’eux voulait me faire monter dans leur voiture ; je refuse et je prends la mienne. Les policiers derrière... Mais quand ils ont vu que je voulais passer par Témoignages, pour prévenir, ils m’ont coupé la route. J’ai passé la nuit à Vérines sur un petit banc".
"Virapoullé était déjà maire de Saint-André. Singaïny était un planteur auquel Virapoullé prétendait interdire de prendre la parole en public. Alors, pour la réunion, les communistes vont le chercher et le font monter sur l’estrade. Le lendemain, je retrouve Singaïny à Vérines... mais pas le syndicaliste de droite qui criait la veille qu’il ferait “du salé avec Morange” !"
"Qu’est-ce que j’ai pas fait dans ma vie !"
Plus tard, il a été aussi contrôleur de balance. Il a prêté serment, comme délégué des planteurs qui dénonçaient des “vols” d’usiniers. "Certains planteurs ne voulaient pas me laisser contrôler leur chargement, parce que j’étais communiste ! “je m’en fous”... que je leur disais. “Si vous êtes contents de votre poids, pourquoi ne le serais-je pas” ?"
Des histoires comme celles-ci, Félix Gauvin en déroule sans discontinuer, avec gouaille et drôlerie, avec une pointe de fierté aussi d’avoir pris part à une histoire qui a profondément changé son île et les conditions de vie de ses habitants.
Fin
Propos recueillis par P. David
(1) En 1946, le voyage s’était fait à fond de cale.
(2) Eugène Rousse, 3 volumes.
Soixante ans après, malgré les retards et les entraves au progrès qu’il a fallu combattre, nous constatons que cette loi a permis l’extension des droits sociaux et a ouvert la voie à une transformation radicale de notre île. C’est la grande bataille victorieuse pour l’Égalité.
Extrait de “Nou lé pa plus. Nou lé pa moin. Rèspèk a nou : Amplifions l’Appel pour que le 19 mars soit une date commémorative”,
déclaration adoptée à l’unanimité par 1.200 vétérans réunis le 12 février à Sainte-Suzanne.
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