
Les sites classés à l’Unesco menacés par un risque grave lié à l’eau
2 juillet73% des 1172 sites non marins classés au patrimoine mondial de l’Unesco sont confrontés à un manque ou un à excès d’eau, a alerté une étude (…)
Un article de Jean-François Reverzy pour le 60ème anniversaire de “Témoignages”
24 mai 2004
En mai, les routes se chamarrent de l’or des marguerites, et les poivriers des ravines d’une livrée de corail et de pourpre ; l’azur se fait plus pâle déjà et les ombres de la nuit plus proches... Une année déjà et les fleurs de mai d’hier semblent encore si proches.
“Témoignages”, après “l’Humanité” la centenaire, fête ses soixante ans. Comment ne pas m’associer à cet anniversaire sous la forme d’une confession personnelle, où je témoigne d’une vie qui, elle aussi, comme le journal fondé par Raymond Vergès, a commencé il y a soixante ans ?
Certes, ce n’est pas mon âge réel que je fêterai l’an prochain en mars, mais ma venue au monde, ma naissance biologique, s’est produite sensiblement à l’époque ou émergeait le quotidien réunionnais. J’ai envie de conjuguer les moments cruciaux de l’histoire, à celle de ce journal et à ma propre histoire. Je m’aperçois d’ailleurs que j’aurai bientôt vécu un tiers de mon temps de vie passé dans l’océan Indien...
Le réel, a énoncé un jour le célèbre analyste Jacques Lacan, c’est ce qui revient toujours à la même place. Ce qui revient à la même place ne serait-ce pas l’horreur et l’oppression ? En 1944, elle se cachait encore et se dévoilait à peine : massacres, camps, shoah et goulag, écrasement des innocents, Dresde et Hiroshima. En 1944, se trouvaient face à face les Alliés - troupes américaines, anglaises, soviétiques et réseaux de résistance français - et la barbarie nazie. Le peuple juif d’Europe avait été en grande partie exterminé... En 2004, le peuple juif semble en grande partie s’être identifié à l’agresseur de jadis et reproduit sur la terre de ses origines l’atrocité qu’il a subie. Les libérateurs de jadis, Américains et Anglais, sont passés du côté de l’oppression et de la barbarie, comme les Russes en Tchétchénie. Les États dits “communistes” ont disparu comme force mondiale. Quelle inversion des rôles ! Alors qu’en France, très vite, bien des résistants se retrouvèrent eux aussi du côté des tortionnaires et des massacreurs dans les guerres coloniales...
Ces soixante années furent aussi une montée vers la lumière. Les idéaux des libérations et des révolutions portèrent les espoirs des peuples vers la paix, la liberté, la fraternité, le bonheur. Elles furent des années de combat permanent pour conquérir tout cela, de progrès matériel, philosophique et spirituel. Cette vague "entraînait vers les étoiles", suivant le propos du philosophe latin Boèce (“La terre vaincue”).
Elles furent aussi des années de tribulations et d’errances, de désillusions sans cesse reproduites, de remises en question, d’accablements, de désespérances. La figure du Sisyphe de Camus est son emblème. Elles partirent d’une unité et allèrent vers une division sans fin...
Espérances, révolutions et causes furent le plus souvent trahies. Elles ont resurgi toujours et sous une autre forme : c’est la force et la gloire de l’humanité. Si le monde crut changer et retrouva l’oppression, il n’était pourtant plus tout à fait le même. Le “phénomène humain”, pour reprendre le titre de la somme de Teilhard de Chardin (1955), monte vers la lumière mais heurte dans son ascension circulaire les mêmes figures, les mêmes écueils...
Le témoin de ces soixante ans est aussi le martyr. Et combien de martyrs : des peuples entiers pendant ces soixante années...!
J’étais un enfant de la guerre, et bien des stigmates, des traces retrouvées dans mon inconscient portent cette marque de terreur et de travail pour survivre. Je fus conçu au bord de la Saône, dans un boucan surplombant le fleuve : mon père sortait des geôles de Klaus Barbie et allait rejoindre les maquis FTP du Bourbonnais, ma mère venait de Digne.
Quelques mois plus tard, alors que je commençais ma navigation dans l’océan amniotique, ma mère retourna à Digne, où elle était médecin de santé scolaire (service fondé par Mme De Carbuccia dans l’esprit paternaliste de l’aide à l’enfance coupable et malheureuse de la Révolution nationale pétainiste). Elle avait connu là deux ans plus tôt l’occupation italienne ; débonnaire et, selon elle-même, bon enfant. La Résistance s’était organisée et un ami de ma mère, brillant universitaire parisien, communiste, faisait partie de ces réseaux. À son retour, aux Italiens avaient succédé les nazis. Un massacre des otages et des résistants, les corps exposés, dont celui de son ami : de cette horreur et d’un choc accidentel, ma mère crut perdre l’enfant qui était en elle.
Mon oncle Jacques, lieutenant sorti de Saint Cyr avant la guerre, avait depuis longtemps rejoint les maquis du Morvan. Il suivit ensuite ensuite la 5ème armée jusqu’à Berchtesgaden. Mon père était médecin-chef du maquis FTP de la forêt de Voussac dans le Bourbonnais et libérait Moulins et Vichy, la ville marquée du sceau de l’infamie...
Je naquis quand parvenaient aux miens de tristes nouvelles : le cousin mort à Bergen-Belsen, d’autres à Ravensbrück et Auschwitz : sur mes fonts baptismaux tombaient les cendres des crématoires et la lumière infernale de la bombe atomique...
En ce temps là, Aragon écrivait son “Journal d’une poésie nationale” ; à Saint-Alban, Paul Éluard composait “Le cimetière des fous” ; et le Mauricien Loys Masson, entre Comtat et Touraine, “Les Chroniques de la grande nuit” (Neuchâtel, 1943) :
"Éloge de la liberté, il faudrait l’écrire avec l’eau
Des fontaines sans nom, le ciel, les soleils marins, les orages
Qui est fils de liberté, elle entre en lui comme un couteau
À l’âge d’homme - plus de faim qu’amour, plus de soif que servage
À faire glisser de ses liens. Mais il y a longtemps ô mère
Que tu es absente, longtemps que dans les rivières je nage
À ta recherche, longtemps que j’interroge entre les fougères
Les traces fraternelles et chaudes des animaux sauvages...".
(à suivre)
Jean-François Reverzy
73% des 1172 sites non marins classés au patrimoine mondial de l’Unesco sont confrontés à un manque ou un à excès d’eau, a alerté une étude (…)
Le patron des communistes, Fabien Roussel, ne se rendra pas à une réunion de la Gauche sur l’hypothèse d’une candidature commune de gauche en (…)
La section PCR du Port apprend avec une profonde tristesse le décès de Nadia PAYET, ancienne déléguée syndicale CGTR. Militante engagée et (…)
C’est avec tristesse que nous apprenons le décès de Nadia Payet, veuve de notre camarade Bruny Payet. Témoignages adresse ses condoléances à (…)
Mézami zot i koné lo kozman k’i di konmsa : « la loi sé lékspréssyon la volonté zénéral. ».Poitan défoi ou lé a’dmandé kossa i lé oziss volonté (…)
Face à l’urgence de la situation de la maltraitance animale à La Réunion, l’association CIANA a lancé un appel aux décideurs, afin de "travailler (…)
Le 16 juin 2025, le Tribunal administratif de Paris a suspendu en référé l’arrêté du 26 février 2025 ordonnant le blocage de 17 sites (…)
Les cours du pétrole ont connu une nette hausse à partir de la deuxième quinzaine du mois de juin, portés par l’extrême tension au Moyen-Orient et (…)
L’État poursuit son engagement en faveur de la transition énergétique et de la décarbonation de l’électricité à La Réunion. À l’issue d’un appel à (…)
Dans les départements d’outre-mer, près d’une femme sur deux qui devient mère ne vit pas en couple, configuration familiale bien plus fréquente (…)
Une fois de plus, des femmes sont la cible d’une forme de violence lâche, insidieuse et profondément inquiétante : les attaques à la seringue dans (…)
Mézami, mon bann dalon, mi panss zot i rapèl la mortalité, laba dann Moris, lo gran kiltirèl épi politik Dev Virashwamy ; li lé mor na pwin lontan (…)