Célébration du 60ème anniversaire de la Départementalisation à Sainte-Suzanne

’Nous sommes différents, mais pas inférieurs’

20 mars 2006

Hier matin à la mairie de Sainte-Suzanne, une centaine de militants, sympathisants et représentants des sections du Parti communiste réunions des zones Nord et Est et d’associations célébraient le 60ème anniversaire de la Départementalisation.

"Nous sommes différents, mais pas inférieurs", ces mots Maurice Gironcel, le maire de Sainte-Suzanne, les prononce dans un discours de commémoration de la loi du 19 mars 1946, hier matin, sous un chapiteau situé près de cette collectivité. Il les adresse à une centaine de militants, sympathisants et représentants des sections du Parti communiste réunionnais et d’associations des localités du Nord et de l’Est. En préambule, Yolande Pausé, élue au conseil municipal de Sainte-Suzanne lance à l’assemblée "la lutte est loin d’être terminée". Jean-Max Hoarau, pour le secrétariat du PCR, revient sur deux dates incontournables de l’histoire de La Réunion : l’abolition de l’esclavage le 20 décembre 1848 et, bien entendu, la départementalisation le 19 mars 1946.

20 décembre 1848, 19 mars 1946

En effet, le 20 décembre 1848, des milliers d’esclaves deviennent des hommes libres. Avant cette date, leurs maîtres les considéraient comme des meubles. Sur les noirs, les propriétaires disposaient du droit de vie et de mort. Succède à ce système abominable décrit par les historiens réunionnais Prosper Ève, Sudel Fuma ou Jean-Marie Desport, l’engagisme. Les engagés viennent de l’Inde et de la Chine pour couper la canne des grandes exploitations aux côtés des anciens esclaves. Les conditions de travail pour les uns et les autres ne s’amélioraient guère. Doucement, des mouvements de protestations s’élevaient. Ils réclamaient un autre statut pour l’ensemble des Réunionnais : le Département. À La Réunion, Raymond Vergés et Léon de Lépervanche, soutenus par le peuple, s’activent pour la réalisation de cette revendication. Ils organisent des réunions, bravent les menaces et l’Assemblée nationale constituante vote à l’unanimité ce changement de statut.

La longue bataille pour les acquis sociaux

Avant la Départementalisation et aussi après, une grande majorité de Réunionnais - toujours les mêmes - vivent ou survivent avec le strict minimum. "Ils se nourrissent de maïs, de manioc, de tapioca, de songe", énonce Maurice Gironcel. Malgré cette misère, "il existe la solidarité familiale, entre voisins, entre travailleurs et surtout au sein des exploitations", note-t-il. Face à la maladie, les plus démunis "devaient payer le médecin et les médicaments", précise-t-il, "et le docteur Raymond Vergès les soignaient gratuitement". Avec la départementalisation, tout n’est pas tombé du ciel. Les Réunionnais ont manifesté pour le droit à l’aide médicale gratuite, le droit à l’allocation familiale, le droit au minimum vieillesse, le droit à la retraite, le droit de vote, le droit au RMI, l’égalité du SMIC, l’augmentation des indemnités chômage...
Après avoir décrit cette liste - non exhaustive - de luttes, Maurice Gironcel, successeur de Lucet Langenier à la tête de la Mairie de Sainte-Suzanne, termine son discours en préconisant de garder un bon œil sur le passé et l’avenir. Les Réunionnais doivent être des acteurs du développement de leur île. Ils doivent briller en France, en Europe et sur la scène internationale. "Nou lé pa plus. Nou lé pa moin. Rèspèk a nou", disait Laurent Vergès.

Jean-Fabrice Nativel


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