Les allocutions au rassemblement des vétérans du P.C.R. pour les 60 ans de la loi Vergès - Lépervanche

Paul Vergès : ’Un jour, on fêtera le 19 mars comme le 20 décembre’

13 février 2006

Tout au long de son intervention hier matin, le président du Conseil régional a souligné la continuité du combat mené nos ancêtres pour l’abolition de l’esclavage puis celui pour le statut de département et aujourd’hui celui pour un développement durable et solidaire de La Réunion. Dans toutes ces luttes pour l’égalité, les avancées passent par le rassemblement le plus large des Réunionnais, a insisté Paul Vergès.
"À l’occasion de la célébration du 60ème anniversaire du vote de la loi du 19 mars 1946 et des luttes qui ont conduit à ce vote, il est nécessaire de rappeler que la lutte des Réunionnais pour l’égalité ne date pas d’hier ni d’avant-hier. Le drapeau a été transmis de génération en génération et la mémoire de cette histoire joue un rôle considérable dans la construction de notre avenir", a déclaré Paul Vergès.

Une "misère générale"

C’est pourquoi il a d’abord longuement rappelé dans quel état de "misère générale" était La Réunion avant la loi de 46 ainsi que le climat politique colonial, fait d’arbitraire et d’oppression, qui était celui durant la guerre. Dans ce contexte, les travailleurs, les femmes, les jeunes, les démocrates ont constitué des organisations pour résister et faire respecter leurs droits. Et tous les Réunionnais qui voulaient en finir avec la misère coloniale ont uni leurs efforts à ceux de Raymond Vergès et de Léon de Lépervanche pour faire aboutir leur revendication du statut de département.
Ensuite Paul Vergès a rappelé avec de nombreux exemples toutes les luttes qu’il a fallu mener par la suite pour la démocratie, pour les droits sociaux, pour la coopération régionale et pour le respect de l’identité culturelle réunionnaise. Aujourd’hui on peut mesurer toutes les avancées arrachées dans chacun de ces domaines grâce à ces combats.
Pour Paul Vergès, "tous ces progrès ont été possibles grâce à celles et ceux qui ont pris des coups dans les bureaux de vote, qui ont été envoyés en prison, qui ont été victimes de diverses formes de répression et qui n’ont jamais perdu confiance".

Rassembler la population

Et le président de l’Alliance d’insister sur l’importance de l’union des Réunionnais pour relever les défis qui les attendent : "L’idée de Raymond Vergès en créant le CRADS était de rassembler au maximum la population pour répondre aux besoins de La Réunion. C’est également le but de l’Alliance, qui ne repousse personne".
Dans cet esprit, Paul Vergès revenait sur la continuité entre l’abolition de l’esclavage en 1848 et celle du statut de colonie en 1946 : "Le 20 décembre fut une victoire extraordinaire sur le plan civil, pour le respect de la dignité humaine et pour le respect des droits humains. Mais sur le plan matériel, social, c’était toujours le régime colonial. Et en 1946, ce n’est pas un “Papa Sarda” qui est venu de France pour décoloniser La Réunion ; c’est la force rassemblée des Réunionnais qui a permis une transformation radicale de la société réunionnaise. Sinon cela aurait continué comme à Mayotte, en Nouvelle-Calédonie ou à Wallis et Futuna. En dehors de l’accès des esclaves au statut de personnes libres, les conséquences de la loi du 19 mars 1946 furent beaucoup plus grandes que celles de l’abolition de l’esclavage le 20 décembre 1848".

"La plus grande faute..."

À la fin de son intervention, Paul Vergès revenait sur l’importance de la mémoire historique des Réunionnais à transmettre aux jeunes générations. Tout a été fait dans le passé pour faire ignorer et oublier leur histoire aux Réunionnais.
Mais, ajoutait Paul Vergès, "la plus grande faute d’un dirigeant ou d’un élu communiste c’est d’oublier tout ce qu’ils doivent aux générations passées. Nous ne sommes pas des orphelins nés de parents inconnus. Et lorsque récemment, en notre présence, le chef de l’État a rendu hommage aux chefs marrons Simandèf et Dimitile comme libérateurs de La Réunion, la légitimité de notre combat en était renforcée".

"Le monde change de base"

Et Paul Vergès de conclure sur les combats à venir : "85% de l’humanité vivront dans les pays du Sud à la fin du siècle. Dans un tel contexte, notre mot d’ordre d’égalité, égalité entre nous, entre nous et les autres citoyens français, entre tous les citoyens du monde remet en cause l’organisation de la planète.
Le monde est véritablement en train de changer de base. Partout des humains se lèvent pour l’égalité et pour le respect de leur culture. Et avec tous les peuples de la Terre nous disons : nous c’est nous, rèspèkt anou”. C’est pourquoi, un jour, on fêtera le 19 mars 1946 comme le 20 décembre 1848, comme la fête réunionnaise de l’égalité, de la solidarité, de la dignité, du respect".

L. B.

Parti communiste réunionnais PCR20 décembre

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