À l’approche du scrutin du 2 juin 1946, De Villeneuve invite "la population à aller au combat électoral avec revolver d’une main et poignard de l’autre".
Tout en tentant de créer "une atmosphère de panique" pendant la campagne électorale, De Villeneuve est déterminé à ne respecter aucune des dispositions prises par le gouverneur Capagorry en vue du déroulement normal de la campagne électorale précédant le scrutin du 2 juin.
Une de ces dispositions prévoit que "les réunions (électorales) ne peuvent avoir lieu sur la voie publique".
Malgré l’obligation qui lui est faite de tenir ses réunions dans des lieux privés et ce, en application du décret du 11 avril 1946 et de la circulaire du gouverneur en date du 11 mai 1946, De Villeneuve s’obstine à vouloir organiser le samedi 25 mai une "grande réunion" sur la place de la cathédrale, face au domicile du Docteur Vergès à Saint-Denis.
Dans des circonstances que j’ai évoquées dans un livre paru il y a quatre ans, le maire de Saint-Benoît est mortellement blessé à 17 heures 10, le 25 mai 1946.
La disparition de l’adversaire du Docteur Vergès conduit le gouverneur à reporter au 16 juin l’élection prévue pour le 2 juin. Cette fois, la campagne électorale, qui se déroule dans une atmosphère de tension extrême, donne lieu à une véritable croisade anticommuniste de la part de l’Église. Du haut de leur chaire, beaucoup de prêtres adjurent leurs paroissiens de ne pas voter pour le communiste Vergès. Et ils font diffuser un tract ainsi rédigé : "L’Église est en danger ; le communisme veut détruire l’Église catholique... Le dimanche 16 juin 1946, tous aux urnes contre le communisme ! Dieu le veut !...".
Voilà rapidement brossé un tableau d’ailleurs bien incomplet de La Réunion coloniale. L’examen attentif de ce tableau permet à chacun de se rendre compte des changements intervenus depuis l’érection de La Réunion en département français. Il faut savoir que ces changements qui ont profondément modifié la vie à La Réunion n’ont été obtenus - j’allais dire arrachés - au prix de luttes longues et difficiles auxquelles “Témoignages” a constamment apporté son total soutien.
Mais il faut que chacun se persuade que rien n’est définitivement acquis. L’entreprise de casse sociale à laquelle se livre actuellement le gouvernement Raffarin nous en apporte la preuve. L’heure est donc à la mobilisation de toutes les forces de progrès. Ce, d’autant que si nous jouissons de la plupart des droits que nous confère notre qualité de citoyen français, d’autres droits restent à conquérir.

(fin)

Eugène Rousse

Message de nos lecteurs

Pour la Liberté et l’identité de notre peuple

J’apprécie beaucoup la nouvelle présentation du journal.
Pour nos jeunes qui n’ont pas vécu l’Histoire de l’époque coloniale, qui amena le Docteur Raymond Vergès à créer “Témoignages”, le journal des “sans-défense”, l’historique présenté par Eugène Rousse constitue un appel à mener avec les anciens la lutte pour la Liberté et l’identité de notre peuple.

André Grondin
Les Lianes, Saint-Joseph

Soutien

“Témoignages” remercie André Grondin ainsi que ses sœurs pour le chèque de soutien d’un montant de 400 euros.

À nos lecteurs

Suite aux modifications apportées au journal depuis le 5 mai dernier, nous sollicitons nos lecteurs afin d’améliorer la nouvelle formule de “Témoignages”.
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