Les succès électoraux du CRADS :

Une victoire des partisans de la France Libre

21 octobre 2005

Peut-on considérer les victoires des candidats du CRADS lors des élections de 1945 -municipales, cantonales et législatives- comme un succès des partisans de la France libre sur des soutiens du maréchal Pétain ?
En tout cas, La Réunion n’a pas échappée à la querelle qui mit face-à-face en France les deux camps. Notre île connut à son niveau les contretemps de la division en deux de la République. Force est de constater que les partisans du régime de Vichy se sont retrouver en grande masse dans le camp opposé au CRADS.

Le CRADS avec de Gaulle

Une chose en tout cas est sûre : le leader du Comité Républicain d’Action Démocratique et Sociale, Raymond Vergès et plusieurs de ses amis ont défendu et soutenu à La Réunion le Général de Gaulle et son action.
Les preuves ne manquent pas.
Ainsi, les premières lignes du numéro 1 de “Témoignages”, notre journal fondé le 10 mai 1944 par Raymond Vergès sont extrêmement éclairantes : "Nous tenons à déclarer d’abord que nous sommes avec le général de Gaulle et le Comité Français de Libération Nationale et que, selon le mot d’ordre de Charles Laurent, nous l’appuierons en toutes circonstances, sacrifiant nos intérêts particuliers à l’intérêt national, dussent certains apparences heurter notre manière de voir ou ne point répondre à plus chères aspirations".
Cette prise de position n’était pas de circonstance. Elle était entourée d’autres allant dans le même sens.
Car, dès le 6 janvier 1944, plusieurs personnalités qui fonderont un peu plus tard le CRADS, s’étaient retrouvés parmi les membres du bureau de l’Association Bourbonnaise de la France Combattante (ABFC) dont l’objectif est de "soutenir le général de Gaulle dans son programme, ses directives et ses discours". Raymond Vergès était un vice-président de cette association, Paul Picot et Jean Hinglo participaient eux aussi au bureau.

Nous, cégétistes réunionnais...

Un an plus tôt, au nom de l’Union départementale des syndicats, Raymond Vergès avait adressé le 6 mai 1943 le radio-télégramme suivant au Général : "occasion premier mai, nous cégétistes réunionnais, exprimons Général de Gaulle, chef France Combattante et parti résistance, profonde admiration, attachement total et fervente espérance le voir réaliser union nécessaire de tous vrais Français. Prisonniers de nôtre île, la rage au cœur ne pouvoir lutter à ses côtés, eûmes joie frénétique pouvoir accueillir Forces nationales françaises libres libératrices ; Aussitôt nos jeunes camarades se sont engagés pour théâtres extérieurs, tandis que vieux donnaient leurs fils pour servir la France, celle qu’il eût la gloire de maintenir qu’il rassemblera tout entière, qu’il conduisit et conduira à victoire dont notre patrie sortira plus grande et plus prestigieuse que jamais" (1) . Dans la dernière partie de son télégramme Raymond Vergès faisait sans doute allusion à sa situation personnelle et à ses deux fils, Jean et Paul, qui, à la fin de l’année 42, à l’âge de 19 ans, quittèrent La Réunion pour s’engager auprès de Londres.

“Vive de Gaulle !”

L’historienne Chantal Lauvernier cite le jugement suivant de Raymond Vergès à l’égard de De Gaulle : "le général de Gaulle n’est pas pour nous un officier de belle prestance avec un magnifique uniforme et ce panache qui plaît aux femmes et aux jeunes gens, mais un homme qui a démontré par tous ses actes qu’il réalisait le type du grand français et du grand républicain, choses pour nous inséparables".
Faut-il enfin rappeler que les succès des municipales de mai 1945 furent marqués par de nombreuses manifestations populaires où les slogans politiques étaient : "Le Peuple au Pouvoir, vive de Gaulle, vive la France, vive la départementalisation, vive la IVème République" (2)

(1) Cité par Chantal Lauvernier dans “Raymond Vergès 1882-1957”
(2) In “Histoire de La Réunion : de la colonie à la région” d’Yves Combeau, Prosper Eve, Sudel Fuma et Edmond Maestri.


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